Un premier essai sur le blog nouvelle formule pour vous signaler une émission sur France culture.
François Noudelmann a consacré l'un de ses Vendredis de le philosophie au rythme sous le titre
"Penser le rythme". Vous pouvez l'écouter encore pendant quelques jours à l'adresse suivante :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/vendredis/
Dorra, Meschonnic et Sauvanet étaient les invités.
PMA
24 mars 2007
Penser le rythme
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Libellés : Le rythme sur France Culture
04 mars 2007
Colloque : Les "inventions d'inconnu" des Russes
(source : Karen Haddad-Wotling, diffusé sur la liste des comparatistes, Métis)
Colloque Les « inventions d’inconnu » des Russes. Centre de recherches Littérature et poétiques comparées de l’Université de Paris X-Nanterre, équipe « Poétique du récit » dirigée par Karen Haddad-Wotling
Les « inventions d’inconnu » des Russes. Autour d’Alexandre Blok.
La question de l’inconnu traverse tout le symbolisme européen, mais elle semble essentielle chez les poètes, romanciers et dramaturges qu’on a coutume de désigner comme le « second » symbolisme russe : si comme l’écrit Rimbaud, « les inventions d’inconnu réclament des formes nouvelles », les symbolistes russes expérimentent des formes hybrides, qui explorent et brouillent les frontières entre les genres : théâtre, poésie, roman, opéra. L’œuvre de Blok sera au centre de cette journée : entre trace des formes anciennes et invention d’une poétique, elle concentre en un sens les tensions, voire les contradictions de ces symbolistes ; dialoguant avec elle, l’œuvre de Biely, celle de Brioussov, d’autres encore, seront évoquées, de la mémoire du « grand roman russe » à l’écriture du goulag.
Cette journée appartient à un cycle de journées d’étude et de conférences sur la littérature russe qui seront organisées à l’Université de Paris X par Karen Haddad-Wotling, dans une optique comparatiste et pluridisciplinaire. Elle est ouverte à tous.
Programme
Vendredi 30 mars 2007, salle des conférences du bâtiment B
10 h Ouverture. Karen Haddad-Wotling (Paris X). « Comme un coup de couteau : la cicatrice du passé dans les Douze »
10h 45 Jean-Louis Backès (Paris IV). « Le devoir de schizophrénie »
11h 15 Pause
11h30 Olivier Kachler (Fukuoka). « Du roman symboliste aux Douze : le spectacle de la voix sous les mots »
12h15 Déjeuner
14h 30 Anne Ducrey (Paris IV). « Blok et le théâtre : écriture dramatique et postures critiques »
15h Luba Jurgenson (Paris IV). « Le "silence" symboliste réinterprété dans la littérature des camps (sur l'exemple de Youri Dombrovski) »
15h 30 Pause
15h 45 Louis Nicolaou (Paris X). « Ambivalence mystique et synesthésie : l'expérience du féminin dans La Colombe d'Argent et la Symphonie dramatique de Biély, et dans l'Ange de Feu de Brioussov »
16h30 Discussion générale. Avec la participation d’André Markowicz, traducteur.
Pour se rendre à Nanterre : RER, ligne A, « Nanterre-université », SNCF, Gare Saint-Lazare, « Nanterre-université »
Contact : karen.haddad-wotling@wanadoo.fr
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Libellés : Blok, comparatisme, inconnu, littérature russe, symbolisme
01 mars 2007
Rhétorique, "composition", discours
Petit dialogue CJ/AB, susceptible d'intéresser Polart plus largement :
CJ écrivait (Letter from America, 25 février 2007) :
"Composition", "explanation", poème
Presque ça me fait rire de penser à une certaine étendue d'ignorance dans laquelle j'ai pu lire l'essai (la conférence) Composition and Explanation de Stein - essai publié par la Horgath Press des Woolf, et où j'investis, recueille, beaucoup de ma compréhension de la poétique moderniste. Le bonheur du travail de récupération historique, une histoire des discours, dans ces dépliages et complexifications ; critical articulacy.C'est dans Connors, son histoire de Composition-Rhetoric, toujours. Comment dans les années 1870-1890-1910 (Stein se forme à Harvard dans les années 90s - dans l'environnement de William James, et à sa psychologie), l'enseignement supérieur de la Composition, Freshman Composition, avec ses pratiques codées et ses textbooks institués et institutants, s'articule en une taxonomie rhétorique, progressivement plus instrumentale et formelle, où en particulier peut s'obverser un passage de l'étude descriptive et théorique des "modes" rhétoriques (la distinction principale entre Argument et Exposition, qui détermine ensuite la séparation et les histoires disciplinaires et culturelles divergentes de la rhetoric et de la composition, l'une prenant racine dans le champ de English, l'autre devant migrer vers Speech), à l'étude pratique de la seule Exposition, avec ses "methods".
- les Modes : Description, Narration (qui migre vers fiction writing teaching - Connors ne dit pas si c'est la même histoire qui débouche sur les MFA et BFA [à BC par ex.] de creative writing), Exposition, Persuation/Argument. Mis en place par Alexander Bain, 1866, comme modernisation par rapport à l'approche belletristic de Blair (où ingrédient majeur le style, lié à la critique littéraire).
- les Méthodes : diversement désignées - [et comme approche, inspirées du courant Deweyite, pour l'enseignement supérieur de "English for Life Skills" - dans le programme de la convention du CCCC, on retrouve très présent ce discours de la Composition comme pragmatique considérant avec une attention qui lui est propre et caractéristique "the lives of our students"] : Repetition, Contrast, Explanation, Definition, Illustration, Detail, Proof - aussi : Unity, Coherence, Emphasis.
Alors les "Composition" et "Explanation" de l'essai de Stein prennent une complexion autrement épaisse ; et devient visible un travail culturel à la fois plus concrètement évident et manifestement plus incisivement critique. Avec les ambiguïtés de tout corps à corps avec des actualités discursives - comme celles de Joyce dans les rhétoriques nationales et nationalistes irlandaises dans Ulysses. La valeur d'une réénonciation : d'une invention, d'une heuristique, discursives. Avec ses racines et ses traînes et ses sillages, dans tous sens, culturels.
Par où commencer à entendre ces effets ? C'est toujours sur le "as" que se fait la bascule critique. Mais aussi alors : la valeur culturelle de "Composition", et celle d'appeler sa pratique poétique "Composition" (alors qu'on est passé dans la discipline d'un rapport à la littérature comme belles-lettres à une théorie du discours, qui marginalise littérature et style et critique littéraire, et marginalise aussi la tradition rhétorique pour privilégier l' "Exposition = Explanation" - comme se pose la question de l'art alors ?) ; celle de prendre aussi le concept de "Explanation" (qu'est-ce qu'elle fait, à faire ça ?) ; et celle enfin poétiquement de les faire s'équivaloir. Pour l'instant je ne peux que ouvrir ces questions - perplexité, tiens. Mais c'est par là qu'il faut aller.
A entendre aussi très distinctement : le frayage du terme discourse" dans cette histoire. Comment il viendra s'articuler, alors, se jeter dans, le cours de discourse analysis", sans doute. A entendre aussi en comparatisme : AB diffusait récemment un appel à communications pour le colloque de l'Université de Franche-Comté sur le rapport entre Linguistique et Littérature, où était pointé le couple texte/discours, et le fil de l'analyse du discours, comme une ligne du travail où les deux disciplines ont une histoire de rencontres, difficiles. 40 ans depuis Cluny, si je me rappelle bien.
AB en réponse :
Très instructives et intéressantes, Claire, tes analyses et remarques sur le domaine anglo-américain, qui m'échappent évidemment en grande partie.
Dans le domaine français où je me situe, et où il a tout son poids, le binôme texte / discours est devenu un véritable stéréotype des études linguistiques, ainsi que l'incontournable syntagme "Analyse du discours" qui, aux yeux de certains spécialistes, passent pour une authentique discipline, même s'il est parfois l'objet de multiples et âpres discussions au sein du champ universitaire et scolastique.
Au-delà des études auxquelles l'AD peut contribuer, avec plus ou moins de bonheur et de réussite, cette étiquette sert d'étendard fédérateur sur un plan institutionnel, et d'appel à l'impossible, sinon à la très difficile jonction entre lingusitique et littérature, et au-delà, disons-le, entre linguistes et littéraires.
C'est le sens de l'appel à communication que j'ai diffusé, "Linguistique et littérature, Cluny, 40 ans après", colloque organisé par M. Kastberg & D. Ablali dans le cadre de l'Université de Franche-Comté du 5 au 7 septembre 2007 à Besançon.
Ce geste n'est pas neutre comme tout événement scientifique. Il emboîte le pas d'un autre colloque international qui eut lieu à Cerisy-la-salle en 2002 sous la direction de D. Maingueneau et R. Amossy, et qui fut publié en 2003 sous le titre éloquent : "L'Analyse du discours dans les études littéraires". Pour vous donner une idée, j'en ai fait un compte rendu critique à la demande de la Revue d'Histoire littéraire de la France (ce qui en soit est déjà un symptôme extrêmement intéressant) qui est paru dans le n° 4 d'octobre 2005, PUF, p. 1068-1076.
De manière singulière, tandis que le colloque sur "L'Analyse du discours" se référait aux célèbres "Chemins actuels de la critique" qui s'étaient tenus en 1966, "Linguistique et littérature", dont l'intitulé semble bien plus large, renvoie à celui de Cluny en 1968.
Je voudrais dire quelques mots de son argumentaire : d'une part, de son projet - en soi tout à fait louable - de donner un "nouveau souffle" aux collaborations entre linguistes et littéraires, contre les figements et les "cloisonnements" voire les "résistances à la conjonction de la linguistique et de la littérature". La première question qui se pose néanmoins est la suivante : est-ce sous la forme d'un bilan, et d'une stricte élucidation du passé, est-ce sous la forme, à première vue, d'une célébration (le jeu symbolique du calendrier, très français, marque culturelle, "40 ans après"), qu'on peut y parvenir ? Comme pour le Cerisy, les intentions semblent motivées mais les normes auxquelles on se réfère ne restent-elles pas fondamentalement passéistes ? La question vaut en tous cas d'être posée.
Lorsqu'on lit l'argumentaire : "Pourtant il reste encore aujourd'hui des résistances à la conjonction de la linguistique et de la littérature", le problème est l'usage de l'adverbe "encore" : car les résistances n'ont eu de cesse de se multiplier et de s'aggraver. Et de ce point de vue, la phrase de Jakobson confrontant le spécialiste du langage et le spécialiste de la littérature à la fin de sa célèbre conférence "Linguistique et poétique" résonne de manière pathétique aujourd'hui.
La problématique est très clairement formulée avant d'être détaillée : il s'agit de "présenter et discuter l'intérêt de l'intersection, les enjeux des concepts transitionnels, en les envisageant dans leur dynamique interdisciplinaire".
Je m'arrête sur l'emploi de ces termes, parce qu'ils sont déjà emblématiques d'une lourde dé-problématisation de l'objet :
- l'intersection est une catégorie molle, celle du croisement et de la rencontre, à la différence d'interaction, utilisée plus loin. Mais le rapport entre les deux termes relève de la synonymie et de l'équivalence dans le texte en question, il n'est pas malheureusement théorisé, même de façon brève et fragmentaire.
- les concepts transitionnels : c'est sans doute là une terminologie très à la mode, on la rencontre souvent dans le champ des études cherchant à croiser esthétique et littérature, par exemple. C'est le lieu même de l'amalgame épistémologique : un concept transitionnel par définition n'est pas un concept, sa transversalité même en fait une notion, ce qui est tout à fait différent. Il n'a aucune vertu heuristique, encore moins une fonction critique, il est là pour rallier. Il est donc stratégique et pragmatique, pleinement déspécifiant.
- la dynamique interdisciplinaire : au-delà des exigences et des pressions ministérielles, notamment dans l'entreprise et la constitution de colloques aujourd'hui, qui détermine (oblige même à) ce type de phraséologie, l'adjectif évidemment renvoie au mythe unitaire des disciplines tel qu'on pouvait le trouver déjà dans les années soixante. Quel est son devenir aujourd'hui ? A-t-il même un avenir ?
Je n'examinerai pas les différents axes proposés, extrêmement intéressants en eux-mêmes, j'observe au passage une simple question : "comment les deux disciplines (i.e. linguistique et littérature) intègrent-elles le social dans le discours ?" Là encore, intégrer : cela suppose une extériorité, et par conséquent le vieux dualisme entre intérieur et extérieur, impliquant le schéma antinomique de l'individuel et du social.
Je reviens à ce binôme Texte / discours mais aussi "Analyse du discours", tel qu'il apparaît dans le volume de Mainguneau et Amossy, c'est trop souvent un oecuménisme des méthodes et des épistémologies, un bel état des "juxtapositions" justement, qui regarde peu par exemple vers l'anthropologie linguistique de Benveniste dont la pensée est alors réduite de façon caricaturale à une typologie fonctionnelle et technique (celle des temps verbaux et des pronoms, notamment) : l'AD est en quête d'une pensée de la "contextualité du sens", de la socialité et de l'historicité du discours : beaucoup de liens tentés avec la sociologie de Bourdieu (massivement la notion de "champ", mais dans un usage très restreint des concepts de l'auteur en question (exit fréquemment distinction, habitus, etc.) ; des raccrocs du côté de Foucault, de la sociocritique, de la stylistique, de la poétique, etc. Le maître mot de ce genre de démarche est l'articulation, comme d'autres cherchent l'intersection ou s'efforcent d' intégrer. Et de fait la majorité des disciplines linguistico-littéraires sont indexées sinon carrément annexées à l'AD.
Je signale en complément l'ouvrage de Maingueneau et Charaudeau, Dictionnaire d'analyse du discours (2002).
Texte / discours : dernière chose, un simple rappel qui revenait au centre du n° de "Langue française", dirigé en 1999 par E. S. Karabétian sur "Phrase, texte, discours" : a) que linguistiquement le texte est une unité (ou du moins une unité à laquelle les linguistes depuis les années soixante / soixante-dix ont cherché à donner une positivité et une formalité comparables à celle de la phrase et du morphème par exemple) ; que linguistiquement le discours n'est pas une unité.
A ce sujet, quelques compléments bibliographiques : le n° 163, sept. 2006, de "Langages", dir. D. Legallois, "Unité(s) du texte".
Sinon, à propos de la phrase, et du faux procès qu'on intente notamment à Benveniste à ce sujet, particulièrement le fait qu'il se serait arrêté devant le texte, ce qui est une véritable absurdité, perpétuée par certains courants de la linguistique textuelle, J.-M. Adam en premier chef (je pense aux propos tenus dans "Linguistique textuelle : des genres de discours aux textes", Nathan, 1999 ; rééd. 2004), par exemple, je renvoie bien entendu à G. Dessons, "La phrase comme phrasé", La Licorne, n° 42, 1997, p. 41-53, et Arnaud Bernadet, "Théorie de l'infini : linguistique et poétique de la phrase chez Emile Benveniste", dans le cadre d'un Séminaire de l'Université de Paris III -Sorbonne nouvelle, Les Frontières linguistiques, à par.
Publié par CJ à 01:52 0 commentaires
Libellés : discours, interdisciplinarité, linguistique, rhétorique