28 août 2007

Proposition Polart / Débat et démocratie

Après vérification, j'ai sous les yeux le volume de P.-A. Taguieff dont parlait l'article du Monde du 25 - volume paru en mars 2007, intitulé donc Les Contre-réactionnaires. Le progressisme entre illusion et imposture (Denoël).
Le livre est organisé en 3 parties, la table des matières déjà bien parlante : 1. Fabrication d'une légende : les "nouveaux réactionnaires", 2. Au nom du progrès : du progressisme à l'antifascisme, et 3. Du terrorisme intellectuel au conformisme généralisé.
Dans le contexte de politique française, et de politique française du savoir, notre chantier Débat et démocratie est plus que jamais pertinent. Ouvert en octobre 2002, il est catapulté dans une urgence/pertinence renouvelée, et le support textuel du livre de Taguieff pourrait être une base de travail bien polarisée, et toute prête à polart-isation.

Je vous propose donc un chantier de lecture, avec une table ronde pour discussion dans le cadre du séminaire Actualité critique - sans doute pas possible pour la séance possible de la fin septembre, mais plus tard dans l'hiver. Décembre ?
Qu'en dites-vous ?

27 août 2007

Les Nouveaux réacs de nouveau à l'actu

Cet article, tout récemment, dans Le Monde - reçu, j'en profite pour signaler son existence, par la liste de diffusion de l'Association Multitudes, qui fait un travail sur Internet (Multitudes Web) et publie la revue papier Multitudes (le numéro de cet été, n° 29, publie un dossier "Narrations postcoloniales", et un dossier "Traduire Deleuze", par exemple - qui convaincra peut-être, encore une fois, des ressources critiques de l'étranger pour dénouer le piège intestin du parigo-français).


Rétrocontroverse : 2002, les intellectuels réactionnaires sont de retour
LE MONDE 25.08.07 13h21.
Mis à jour le 27.08.07 14h01

A l'automne 2002, quelques mois après le séisme du 21 avril et l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de l'élection présidentielle, la gauche"plurielle" est en ruine. Au même moment, une petite bombe éditoriale va faire imploser une partie de la gauche "intellectuelle".

A l'origine de la déflagration, un mince volume intitulé Le Rappel à l'ordre: enquête sur les nouveaux réactionnaires (Seuil). L'historien Daniel Lindenberg y dénonce le triomphe d'une "libido réactionnaire" chez certains intellectuels longtemps étiquetés "de gauche". Sous prétexte de provoquer une "levée générale des tabous", ceux-là en seraient venus à exprimer une répugnance de plus en plus ouverte à l'égard des droits de l'homme, de l'antiracisme, de Mai 68 ou encore de la culture de masse, au point de vomir la démocratie en tant que telle.

Egrenant les noms des écrivains Michel Houellebecq et Maurice Dantec, comme ceux des philosophes Alain Finkielkraut, Pierre Manent, Marcel Gauchet ou Pierre-André Taguieff, Lindenberg ne prétend pas décrire un parti organisé. Il parle plutôt d'une "nébuleuse" disparate, rassemblant des hommes venus d'horizons divers, mais qui seraient passés "de Trotski à Carl Schmitt, des "années rock" au culte académique de la langue française et du latin d'école, du gauchisme chevelu à la croisade contre les fadeurs vénéneuses dela modernité"... Bien sûr, ce Rappel à l'ordre est à la fois hasardeux dans sa méthode et hâtif dans ses conclusions.

Et ceux qu'il met en colère ont beau jeu d'en moquer les faiblesses : "De la bouillie pour les chats, du mauvais travail intellectuel, où la nomination dénonciatrice compte davantage que l'analyse des idées", tranche l'historien Pierre Nora, fondateur de la revue Le Débat, dans un entretien accordé au Monde. "Il se porte tellement mal, l'espace public intellectuel, que ce livre nul en est le témoignage frappant", ajoute alors l'écrivain Philippe Muray (1945-2006) dans Le Figaro.

Reste que l'offensive Lindenberg fait mouche : durant de longues semaines, l'affaire des "nouveaux réactionnaires" occupe le devant de la scène, faisant l'objet d'émissions à la radio comme à la télévision, envahissant surtout les rubriques débats des journaux, à commencer par celles du Figaro et de Marianne. Le Monde, de son côté, va jusqu'à lui consacrer sa"manchette" - fait rarissime pour l'actualité des idées.

En effet, c'est l'occasion d'explorer les mutations du paysage intellectuel français, et en premier lieu l'implosion de cette galaxie qu'on nommait la"famille antitotalitaire". Partageant une même réflexion sur le phénomène totalitaire, cette famille s'est formée dans le soutien aux dissidents des régimes staliniens et dans la redécouverte de la pensée politique libérale du XIXe siècle (en particulier Alexis de Tocqueville et Benjamin Constant). On la trouve rassemblée autour de quelques revues, notamment Le Débat, Commentaire ou Esprit, et de quelques espaces académiques, dont le Centre Raymond-Aron, un laboratoire de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

La querelle apparaît donc comme une affaire de famille : lorsque paraît le livre de Daniel Lindenberg, ce dernier est conseiller à la direction de la revue Esprit, où bon nombre des auteurs ciblés par lui ont leurs habitudes. De même, l'historien Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France et président de La République des idées, association qui édite Le Rappel à l'ordre, se trouve être également le directeur du Centre Raymond-Aron. Il y côtoie, entre autres, Pierre Manent et Marcel Gauchet, que l'ouvrage de Lindenberg dépeint comme de dangereux contempteurs de la société démocratique : "Ce qui fait l'originalité de la controverse en cours, c'est qu'elle oppose pour partie, des deux côtés de la barricade, des hommes qui se réclament des mêmes valeurs. (...) La vérité est que le libéralisme qui les a unis tend aujourd'hui à les diviser et que la question des droits de l'homme est en train de devenir signe de contradiction dans la société française", constate l'historien Jacques Julliard dans Le Monde.

Le danger totalitaire est derrière nous, la ligne de front passe désormais au sein même du champ démocratique : un peu plus de dix ans après la chute du mur de Berlin, telle est donc la posture d'une gauche qui se veut réformiste et moderne, et qui n'envisage pas sa refondation sans une nette redéfinition de ses frontières. "Ce livre rend visible un phénomène qui n'avait pas encore été décrit : l'apparition d'une nouvelle forme d'illibéralisme. La dénonciation de la société ouverte s'opère en effet maintenant au travers d'une sensibilité que l'on peut appeler "critique réactionnaire"", persiste Pierre Rosanvallon, toujours dans nos colonnes.

Saine entreprise de clarification pour les uns, cette polémique a surtout mis en lumière, pour d'autres, l'état de confusion et de panique où se trouve la gauche progressiste depuis 2002. Comment expliquer, sinon, que tant d'observateurs aient pu diagnostiquer un "ralliement" massif des intellectuels à Nicolas Sarkozy, quand les allégeances effectives se comptent sur les doigts d'une main ?

Tout se passe comme si la gauche avait besoin de se faire peur, comme si elle compensait son impuissance doctrinaire et sa crise identitaire par une chasse hystérique aux "renégats" et aux "traîtres" : "Une gauche sans projet a besoin d'ennemis haïssables, si fantasmatiques soient-ils. L'acte de les dénoncer lui permet de se donner une contenance, à défaut d'une consistance. Telle est la principale fonction de l'étiquette illégitimante ("néoréacs"), dans un contexte où les identités politiques sont floues : fixer une ligne imaginaire entre la gauche et la droite. De quoi intimider les intellectuels en leur lançant le message : "Attention, ne pas franchir la ligne jaune !"", commente Pierre-André Taguieff dans un récent essai intitulé Les Contre-réactionnaires : le progressisme entre illusion et imposture (Denoël,620 p., 28 euros).
Jean Birnbaum

21 août 2007

Nouvelle candidature Polart

Nous avons reçu, au mois de mai, une nouvelle candidature au réseau. Je reproduis ci-dessous le texte du message, retrouvé dans les dossiers de notre adresse sur Free (et auquel je viens de faire une réponse rappelant les modes pratiques) :

Comment vous faire parvenir une copie des textes ( artciles extraits d'ouvrages) demandés pour poser une candidature s'il vous plait? Avez-vous une adresse postale? Merci d'avance pour votre réponse

Hélène Lenz MCF HDR directrice département d'études roumaines Strasbourg II

Artaud et Char : l'historicité

Je transmets ici un message envoyé à Polart depuis le site à l'adresse Free :

Selon Roger BURTON <roger.burton@chello.be>:

Bonjour, bravo pour votre site. Juste une question .... quand je lis: «L'art, c'est l'aujourd'hui encore aujourd'hui demain" est-ce une référence voulue à Char (le désir réalisé du désir demeuré désir - citation de mémoire) ? Merci Bon travail RB

Compte mail Polart sur Free

Chers tous,
je viens d'aller faire un tour sur notre compte mail sur Free : il y a un sacré ménage à faire... (spams) Je regarde l'ensemble, nettoie, et vous propose de reprendre la question de ce moyen de communication lorsque nous aurons l'occasion de plancher à nouveau sur les modes de travail de Polart.

20 août 2007

Séminaire Actualité critique - publication

Les textes issus de la première séance du séminaire Actualité critique (janvier 2007) sont maintenant en ligne. Ils sont téléchargeables à partir de la page Chantiers sur le site Polart.

Je prévois de vous proposer une seconde séance à la rentrée, peut-être en articulation avec la réunion générale Polart qui devrait sans doute avoir lieu à ce moment-là également ? - je vous recontacte dans les jours qui viennent pour voir avec vous les possibilités.

08 août 2007

Propriété intellectuelle, plagiat, université

Toujours pour le dossier "Propriété intellectuelle" : un lecteur du blog, resté anonyme, nous indique ce matin :

Bonjour, Il existe également une solution française pour contrer cet épineux problème : Compilatio.net.

06 août 2007

Publication : volume Chomsky aux Cahiers de l'Herne

Jean Bricmont (celui du canular Sokal et Bricmont de 1997) et Julie Franck dirigent le volume intitulé Chomsky paru récemment aux Cahiers de l'Herne (2007, 356 p.). Le Monde diplomatique d'août prend cette occasion pour publier un entretien avec Chomsky, autour de la question du "lavage de cerveaux en liberté" - idée pivot de l'activisme de Chomsky, depuis au moins Manufacturing Consent (écrit avec Edward Herman, NY, Pantheon, 2002).

La situation est intéressante pour la question de l'intellectuel, qui agite les débats - sur les rapports entre pensée critique et politique, théorie et praxis - au même rythme que celle de l'érosion du marxisme, depuis 1989 disons. Eléments en présence : la figure du scientifique universitaire d'importance majeure, la question de la linguistique spécifiquement, la figure de l'intellectuel militant - et, à mon oreille, très nettement, la formule de Sartre : l'intellectuel comme celui qui se mêle de ce qui ne le regarde pas. Le savant, le langage, la société - et la critique, comme processus social.
Il faut ajouter à cela la présence éditoriale de Bricmont, qui oriente aussi cette configuration, en la chargeant d'une valence anti-théorie et (disons pour aller vite) scientiste par mémoire du canular sur les Impostures intellectuelles. Ici on peut mettre en regard un commentaire du Diplo sur la voix des directeurs du volume : "Dès l'introduction, les deux maîtres d'oeuvre du 'Cahier', Jean Bricmont et Julie Franck, établissent un ton - sérieux, ordonné, cartésien - parfaitement en accord avec cette logique à la fois implacable et jubilatoire qui caractérise la réflexion et les écrits de l'auteur étudié".

M'intéresse donc : le mode critique particulier qui est proposé ici, et l'analyse des raisons de ma réticence immédiate, gut reaction, moue. J'essaie :

. IR (soit, je devine, Ignacio Ramonet, éditorialiste du Diplo) commente et situe : "Ignoré le plus souvent par les médias dominants français, NC a été élu, en 2005, par les lecteurs du magazine britannique Prospect comme 'le plus grand intellectuel vivant' ". Comparé à Sartre et à Voltaire. Il faut entendre tout de même le fait qu'il est considéré aux Etats-Unis, par la gauche critique, comme une voix marginale, avec une écoute plus large à l'étranger que at home. Cette question reste donc largement ouverte. Ce qui me paraît certainement intéressant est ce rapport difficile et à la France - comme point d'origine de la notion d'intellectuel même, et indissociable d'un stéréotype américain quant à l'arrogance intellectuelle/"exception culturelle" - et aux mouvements critiques nationaux. Le Diplo, avec sa transnationalité particulière, est un espace de sa défense depuis plusieurs années. Il y a certainement une dimension géopolitique au problème de l'intellectuel. Une problématique très particulière de l'étranger - on pourra remonter directement à l'Affaire Dreyfus avec cette question. La critique et la nation.

. un coeur de la question Chomsky, si on veut analyser ce cas, c'est aussi : se mêle-t-il "de ce qui ne le regarde pas"? Soit : quel est le statut du rapport entre la puissance de son oeuvre de linguiste (IR rappelle en ces termes : "une véritable révolution dans les études du langage et de la grammaire, au point que cela a bouleversé les neurosciences cognitives" - nous voilà propres), et sa légitimité à prendre la parole sous le titre d' "intellectuel" (qui le déclare tel?) , sur "les mécanismes idéologiques qui, comme une camisole de force invisible, maintiennent la population volontairement soumise à la domination d'une minorité de puissants", inaugurant "ainsi une nouvelle lignée d'études des médias qui va faire école, et qui va aussi lui valoir des attaques d'une exceptionnelle férocité." Je ne sais pas lire les sous-entendus pointés ici - my ignorance. Mais je reprends : comment la théorie du langage de Chomsky, et en particulier la ligne de fuite vers la grammaire universelle (la question de l'étranger dresse l'oreille de nouveau, comme problème du langage, ici), détermine ce programme et cette activité critiques ? Je n'ai jamais encore rencontré cette question soulevée, dans les débats autour lui que j'ai pu suivre. C'est là pourtant qu'est le noeud, surely ? Sinon le point de vue est indifférent. Ce n'est pas comme ça qu'il est écouté, en tout cas.

Réponse automatique : il faut simplement aller voir, d'accord. Mais pour l'instant voilà les questions avec lesquelles je pourrais ouvrir cette lecture. Grammaire universelle, idéologie de la communication, mondialisation, donc : coordonnées d'un problème Chomsky. Théorie du langage et action critique.

. une autre direction ou la même - question des façons de penser le rapport social, où intervient ce qu'on fait du discours : IR cite en encadré un fragment de la discussion entre Chomsky et Foucault, publiée dans le volume de L'Herne, et initialement tenue en 1971 : "Justice contre pouvoir". Où deux visions du politique se frottent, en éclairant par leur contraste l'une (au moins) des pierres de touche de la critique, où se fait le départ entre l'absolu et l'historicité.

Titres de Chomsky intellectuel, rappelés par le Diplo, dans leur traduction en français : 1998 Responsabilité des intellectuels (Agone - commentaire : "Chomsky fustige la sélectivité des 'engagements' des intellectuels occidentaux"), 2003 La Fabrique de l'opinion publique : la politique économique des médias américains (Le Serpent à plume, 2003), 2006 Comprendre le pouvoir (Bruxelles - "la plupart des préjugés médiatiques ont pour cause la présélection d'un personnel bien-pensant qui intériorise des idées préconçues et s'adapte aux contraintes exercées par les propriétaires, le marché et le pouvoir politique", 2007 L'An 501, la conquête continue (L'Herne - "Les stratégies de domination mises en oeuvre depuis la conquête du Nouveau Monde").

04 août 2007

Réouverture du blog

Les derniers essais exploratoires viennent le confirmer : le blog fonctionne sans problème.

Contrairement au diagnostic de panne publié à la fin du mois de mai, la question des mots de passe est facilement réglée, et réouvre toutes les fonctionnalités : lorsque le programme vous demande de vous identifier pour connexion, il suffit d'indiquer pour votre "Nom d'utilisateur" non pas... votre nom d'utilisateur, mais l'adresse mail que vous utilisez comme support de votre compte sur Blogger.
On vous demande également votre mot de passe, et vous propose la possibilité de vous le renvoyer par mail si vous l'avez oublié.
Si vous rencontrez d'autres problèmes, veuillez me contacter.

Problème en ce qui concerne le site

J'ai essayé d'entrer des liens sur le site pour voir si cela fonctionnait. La manip. semble être la bonne: on me signale que le lien est enregistré. Mais je ne vois rien à l'écran. Et vous, voyez-vous quelque chose ( en dehors de la première rubrique)?
I.B.