28 avril 2009

Colloque "Les universités au temps de la mondialisation" (Paris 8, 11-14 mai)

Un colloque international se tiendra du 11 au 14 mai à Paris 8, dans le cadre des manifestations marquant le 40ème anniversaire de la création de l'université, alors "Centre Universitaire Expérimental".

Le thème - en coïncidence avec les enjeux actuels des mobilisations universitaires - est : "Les universités au temps de la mondialisation/globalisation et de la compétition pour l'excellence". L'argumentaire du colloque, et le programme détaillé, sont consultables sur le site : http://www.univ-paris8.fr/colloque-mai/

Sur le même site sont téléchargeables trois "textes de travail" :
. Alain Bertho : Nous autres, nous mêmes
. Philip Lewis : Remarques sur le modèle américain
. Mary Nolan : " Introduction : Une université leadership au 21° siècle ? " Texte publié dans le volume University Against Itself. The NYU Strike and the Future of the Academic Workplace.
Edited by Monika Krause, Mary Nolan, Michael Palm & Andrew Ross, Temple University Press, Philadelphia.

23 avril 2009

Enseignement supérieur : Semaine d'action mondiale

note sur le planning mondial de la "Global Week of Action" du contre-sommet de Louvain (20-29 avril), paru sur le site de Vague européenne (http://vagueeuropeenne.fr/spip.php?article134)

Luxembourg :

L’UNEL (Union Nationale des Etudiant-e-s du Luxembourg) organisent une conférence sur l’éducation au lycée avec des personnalités politiques et des experts pour analyser la situation actuelle et ses perspectives.

Allemagne :

Berlin : Assemblées générales à la « Freie Universität » (23/04) et à la « Technische Universität » (29/04)
Marburg : « global flashmob » avec les lycéens et les étudiants (22/04) ; « open forum » le soir après la flashmob (22/04) ; table d’info sur le campus (21 + 22/04) et dans le centre ville (17 + 18/04) ; lectures publiques avec des profs + bouffe (21 + 23/04)
Frankfurt/M : « global flashmob » ; « teach-in » (débats publiques et ouverts) ; « big read » ; projection vidéo de manifestations dans le monde (all on 24/04)
Heidelberg : manifestation (20/04), assemblée générale, « global flashmob » et d’autres actions !
Hamburg : Manifestation (24/04)
Leipzig : Actions à la suite du jugement par la Cour Administrative Fédérale sur l’introduction de frais d’inscription (29/04). Le procès s’appuie sur le « Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels » (Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme). Outre ces actions, aura lieu un événement sur « l’exploitation des personnels dans les universités » organisé par l’Union Libre des Travailleurs (Freie Arbeiter-Union - FAU).
Halle : événement sur « l’exploitation des personnels dans les universités » organisé par l’Union Libre des Travailleurs (Freie Arbeiter-Union - FAU) (28/04).
Münster : « Teach-in », informer le public en de nombreux lieux sur la Global Week of Action (20/04) ; camping public et projection de films (21/04) ; « global flashmob », nombreuses actions pendant l’assemblée du sénat académique, et camping public avec divers événements (22/04) ; dernier jour du camping public (23/04) ; théâtre de rue dans le centre-ville (24/04)

Belgique :

Contre-sommet de Louvain (25 au 29 avril) à l’occasion de la rencontre inter-ministérielle sur le processus de Bologne. Détails ici : louvain2009.com L’appel officiel : [català] [Deutsch] [ελληνικά] [English] [Español] [français] [italiano] [Nederlands] [Português]

Guatemala :

Lectures publiques à Jocotenango (Los Patojos Programa) sur l’importance d’une éducation libre, gratuite et émancipatrice.

Danemark :

« Reclaim your Education Danemark » préparent des bus du Danemark, du nord de l’Allemagne et des Pays-Bas pour aller au contre-sommet de Louvain. * A Copenhagen : « global flashmob » (22/04) ; occupation du bâtiment administratif de l’université.

Etats-Unis :

Les étudiants du City College of New York quitteront les cours mercredi 22 à 14h pour protester contre les coupes budgétaires et l’augmentation des frais et en commémoration de la grève étudiante de 1969. La grève de 69 a amené à l’ouverture des politiques d’admission, qui a démocratisé l’accès à l’université de New-York jusqu’alors réservé à une élite (blanche).
Le Comité pour Révolutionner l’Université (ComRAD) organise une conférence : « Reworking the University : Visions, Strategies, Demands » à l’université du Minnesota (24 - 26/04). Le programme est ici [en]. A l’occasion de la semaine d’action, ils appellent à l’écriture d’un manifeste collectif où chacun peut contribuer.
Interventions publiques à l’Université de California, Berkeley (27/04)
Interventions publiques à Houston (Texas), entre autre musique et poésie (25/04)
Sit-in à l’Université de Vermont (UVM) (si l’administration continue de refuser l’ouverture de négociations avant le 20 avril) en protestation aux coupes bugétaires, aux licenciements et à la mauvaise gestion administrative, à partir du 22 avril jusqu’à ce que l’université revienne sur ses coupes budgétaires et réintègre les licenciés de l’université et du personnel.

Canada :

Semaine de l’éducation gratuite à l’université de Toronto.
Réunion publique contre l’augmentation des frais d’inscription à l’université d’Ottawa (24/04).

Japon :

Des activistes de Tôkyô tiendront une réunion publique durant la Global Week of Action. à l’université de Waseda (25 avril, 17:00)

Pologne :

« global flashmob » à Gdansk
A groupe de l’université de Wroclaw University organisera une « info-tente » sur le campus, ainsi que des réunions et des pétitions.

Indonésie :

Actions des étudiants dans les rues de Surabay. La campagne pour les prochaines élections bât son plein, ils demandent au prochain gouvernement de stopper la privatisation de leur système éducatif, rejettent la nouvelle loi de l’éducation, militent pour l’annulation de la dette et pour une éducation libre et gratuite.

Croatie :

Plusieurs groupes à Zaghreb occuperont les bâtiments d’une université, ils attendent 5 000 étudiants. Ils offriront un programme alternatif, informeront sur la Global Week of Action et supporteront une perspective de lutte globale contre la marchandisation de l’éducation. (20 - 26/04 or longer)

(Ce serait bien si les personnes mobilisées à travers le monde pouvait leur envoyer des appels ou des lettres de soutien durant leur occupation !)

France :

« Global flashmob » à Lyon : voir ici.

Finlande :

Plusieurs groupes ont appelé à des manifestations et à des réunions publiques durant la semaine, sur le campus de l’université de Jyväskylä. Il y aura des performances, des discours, et les étudiants et le personnel seront informés des protestations et et politiques de l’éducation dans le monde.

Liberia :

Des étudiants et des jeunes, avec des ONG, préparent un forum publique avec des ateliers et des discussions sur les problèmes politiques à Monrovia.

Nigeria :

Kids & Teens Resource Centre (K&TRC) organise deux réunions publiques dans deux états différents, qui termineront toutes devant les bureaux du gouvernement.

Voir en ligne : Emancipating education for all [en]
Contact :
united.for.education@gmail.com
contact@vagueeuropeenne.fr

21 avril 2009

Henri Meschonnic et POLART


Henri Meschonnic était membre de Polart. Mais il était aussi pour nous bien davantage. Il est certain que l’idée même de Polart (poétique et politique de l’art), n’aurait pas vu le jour sans l’ensemble de son travail. On trouvera ci-dessous quelques unes des idées que nous lui devons.

L’autre Benveniste

Henri Meschonnic est, avec Émile Benveniste, l’un des deux noms cités dans l’Éditorial du site Polart, texte donnant la « couleur » d’un travail collectif qui, évidemment, se nourrit de bien d’autres références théoriques.
En fait, le Benveniste qui nous est indispensable pour penser le rapport de l’art et du politique, celui qui a posé que le langage est l’interprétant de toute l’activité humaine, c’est à Henri Meschonnic que nous le devons. Il nous a montré comment lire autrement un auteur qui, après être passé pour l’un des promoteurs du structuralisme, était devenu le fondateur de la linguistique de l’énonciation, préfigurant le retour du sujet et le tournant éthique des années 1990.
En suggérant qu’un Benveniste peut en cacher un autre, Henri Meschonnic a tracé les voies vers un Benveniste à venir qui ouvre sur une pensée du langage non réduite à « L’appareil formel de l’énonciation », article de 1970 qui avait servi de boîte à outils aux commentateurs littéraires.
La découverte récente des manuscrits d’Émile Benveniste sur le langage poétique a confirmé la pertinence de l’intuition d’Henri Meschonnic sur le sens du travail à l’œuvre dans les Problèmes de linguistique générale. Ainsi, dans « Sémiologie de la langue » (1969) se profile l’idée qu’on peut lire autrement que selon la logique du signe (signifiance sémiotique), laquelle reste, pour nombre de commentateurs de textes littéraires et philosophiques, l’unique façon de concevoir et de percevoir le langage. L’autre signifiance (signifiance sémantique), qui est à construire au sein même de la linguistique, requiert des catégories spécifiques relevant d’une autre conception, poétique, du langage.
En outre, cette signifiance, identifiée comme étant celle de l’art, rencontre nécessairement le problème de la valeur en tant que capacité d’une œuvre de transformer les modes de dire, les modes de penser et les modes de vivre.

L’altérité radicale

Ce que montre Henri Meschonnic dans la continuation du travail d’Émile Benveniste, c’est que la subjectivité (comme identité) est un processus d’altérité. D’altérité radicale. Au sens où un sujet se constitue nécessairement dans une relation à un autre sujet. Dans le cas de l’art, de la littérature, c’est clairement en tant qu’autre qu’un sujet spectateur, auditeur, lecteur advient.
L’altérité comme mode de subjectivation est un processus historique qui relève de la nature même du langage, où fonctionnellement il n’y a que des différences, et où éthiquement il n’y a que du différent. Qu’il n’y ait aussi, pour d’autres points de vue, du différant ou du différend n’en est qu’une conséquence.
Cela implique que la conception du discours comme reproduction du même (rythme comme régularité, mot comme concept, phrase comme énoncé) est une résistance au fait que dans le langage l’autre est déjà là. Dans le poème, qui radicalise cette réalité, l’autre de la relation se signale en tant que difficile, incohérent, délirant.
Henri Meschonnic parlait d’un analphabétisme de la critique appliquée à lire le signe dans les phrases, persuadée qu’un mot est une vérité, au lieu d’y montrer l’activité d’une signifiance.
C’est l’idée, dans cette phrase de Madame Bovary : « Alors on vit s’avancer sur l’estrade une petite vieille femme », qu’il est question d’une femme, qu’elle est petite et vieille, et qu’elle s’avance sur une estrade. C’est la même démarche qui conduit à penser, lorsque Mallarmé écrit : « Victorieusement fui le suicide beau », qu’il s’agit d’un suicide, qu’il est beau, et qu’il a fui victorieusement. À moins qu’il ne s’agisse d’un inconnu qui a fui victorieusement un beau suicide. Ou de ce même inconnu devenant beau d’avoir fui ce suicide victorieusement. À moins que la femme ne soit ni petite ni vieille, et qu’elle ne s’avance sur aucune estrade.
C’est le même point de vue qui fait croire aussi qu’un concept peut s’exporter et s’importer sans dommage pour son efficience. Que, même, la panoplie idéale de l’analyste, composée de concepts pris ça et là, érige l’éclectisme en antidote du dogmatisme.

L’historicité

C’est pour beaucoup un concept étrange. En fait, ce n’est pas un concept du tout au départ, mais une notion désignant généralement le caractère de ce qui est historique.
Chez Henri Meschonnic, ce concept se constitue en regard de l’historicisme, conception qui définit le statut historique d’un événement ou d’un objet par le moment de leur production, ce moment étant fondateur de la vérité – ou du sens – de cet objet ou de cet événement. Il est certain qu’un objet entretient un rapport avec le moment de sa production : un drame élisabéthain, un roman naturaliste. Mais il s’agit d’un objet (de langage).
Ici, on parle d’autre chose : on parle d’une œuvre. D’une œuvre d’art. Et donc d’un problème de valeur.
On peut admettre qu’un objet ait une valeur intrinsèque liée à l’époque de sa production. Encore faudrait-il, pour en juger, se donner la fiction d’être son contemporain. Une œuvre d’art, elle, passe nécessairement par-dessus son époque.
C’est le sens de l’historicité selon Henri Meschonnic : la capacité d’une œuvre d’exister au-delà de son temps. De là, l’importance de la phrase d’Artaud placée en épigraphe de l’Éditorial du site de Polart : « L’art, c’est l’aujourd’hui encore aujourd’hui demain ». Simple comme une phrase de Benveniste ou de Meschonnic, mais terriblement efficace, c’est une définition de l’art qui n’est pas esthétique, qui s’en défend même, si l’on tient compte de l’archive implicite que contient le mot art. Une telle définition, critique de l’art par l’historicité et non plus par l’histoire (de l’art), sépare définitivement l’objet – esthétique – et l’œuvre.

Le poème contre la poésie

Présentée de cette façon, l’idée est contradictoire. Mais la contradiction n’est qu’apparente. Son statut de paradoxe est critique d’une situation historique et théorique : le poème comme pratique du langage confondu avec son essentialisation, la poésie. Une confusion très ordinaire. Des commentateurs évoquent couramment des spectacles ou des œuvres « pleins de poésie ». Notamment quand l’atmosphère est onirique ou l’écriture métaphorique. On ne sait pas combien de kilos de poésie il faut pour faire un bon poème, mais on entend dire parfois que certains textes en ont beaucoup, en comparaison d’autres qui, étant plus « prosaïques », en auraient moins.
Le concept de poème, chez Henri Meschonnic, prend en dehors d’une essentialisation et au-delà d’une typologie des genres. Désignant la transformation réciproque d’une forme de vie par une forme de langage, il renvoie à l’histoire de la poétique, et notamment à la poétique d’Aristote, avec les implications sur la nature même du langage (Aristote ne séparait pas l’étude de la tragédie d’une réflexion sur la lexis), et sur la constitution de la subjectivation (pour Aristote, savoir faire les métaphores, « cela seul ne peut être repris d’un autre »).

Le malentendu du rythme

Henri Meschonnic a théorisé la notion de rythme dans les années 1980. Cette notion, en vogue à la fin du XIXe siècle, avait disparu des discours critiques parce que liée à une pensée du temps, marquée de l’idéalisme philosophique, celui de Bergson, alors que l’époque s’était dédiée, « matérialistement » à l’espace. En ce temps-là la structure avait les pleins pouvoirs.
Depuis quelques années, le rythme est l’objet d’un engouement inédit de la part de la critique littéraire et philosophique, qui jusque-là ne s’en souciait pas. Des colloques, des séminaires de recherche se centrent sur une notion qui est en train de se reconfigurer en universel. Rythme en peinture, rythme en physique, rythme en cinéma, rythme en politique, rythme en ceci, rythme en cela : des travaux légitimes dans leur ordre, mais qui ont peu de choses à voir avec les travaux fondateurs d’Henri Meschonnic sur le rythme et le langage. C’est ce qui explique que sa pensée soit régulièrement absente des colloques ou journées d’étude consacrés au rythme. Ce qui, finalement, est assez cohérent : le travail d’Henri Meschonnic n’est pas un essai de définition du rythme, fût-il le rythme spécifique du langage.

Critique du rythme (1982)

Ce texte est un texte fondamental, parce qu’il est fondateur.
Beaucoup, zélateurs parfois et contradicteurs souvent, ont réduit cette réflexion à la critique des conceptions traditionnelles du rythme (ce qu’elle est aussi, inévitablement, là n’est pas la question) pour imposer une autre conception du rythme.
Bien loin d’une tentative de construction d’un objet positif, le travail d’Henri Meschonnic est un essai d’épistémologie. Faire du rythme le nom d’un ensemble conceptuel qui, partant du langage, embrasse l’ensemble du champ anthropologique.
Le rythme chez Henri Meschonnic, même quand il s’actualise par une analyse de la rythmique du langage, est d’abord une mise en crise du signe. Non pas d’une définition du signe, ni même d’une théorie du signe, mais d’une épistémologie du signe. Travail d’autant plus important que le signe en tant que point de vue – qu’on le prenne comme un index positif (le signe signifie la chose), ou comme un index négatif (le signe signifie l’absence de la chose) – ou en tant que mode de pensée, est présent comme une nature du sens en Occident comme en Orient.

Les œuvres inventent les langues

Cette idée, qui est l’une des bases de la théorie liée du langage et de la littérature d’Henri Meschonnic, les spécialistes de la traduction ont trouvé qu’elle était bonne. C’est vrai, en la lisant, on trouve que c’est intelligent. Au point qu’elle est devenue courante dans les travaux sur la traduction. C’est l’idée, simple, que les langues ne préexistent pas aux discours qui les actualisent. À part dans le monde idéaliste, il n’existe pas de schéma abstrait, de forme d’une langue tapie dans le ciel des idées linguistiques. Saussure l’avait dit clairement : pas de langue sans parole. Ce sont les discours qui font les langues, qui les déplacent, qui modifient telle construction syntaxique, telle valeur verbale ou substantive.
À partir de là, on peut poser que les langues ne sont autres que des manières de langage. La littérature, dans ce contexte, se révèle pourvoyeuse de manières, auxquelles la langue, en tant que communauté parlante, s’identifie, devenant en quelque sorte une manière des manières.

Poétique du traduire (1999)

La traduction est une pratique ordinaire du langage, et non un palliatif condamné à réparer infiniment la catastrophe de Babel, la perte de la langue adamique et son remplacement par une multitude de langues. L’idée que la traduction est une activité interne du langage repose sur le fait que, d’un point de vue anthropologique, la notion de langue renvoie nécessairement à une pluralité : aucune langue n’existe seule, et chaque langue est elle-même une pluralité linguistique. La traduction comme pratique, en organisant le passage des discours d’une langue vers une autre, est d’abord l’affirmation linguistique et éthique de cette pluralité.
En tant qu’activité de langage, la traduction, selon Henri Meschonnic, est une création. Si « traduire un poème c’est écrire un poème », alors la fidélité n’est plus une valeur de l’opération traduisante, qui se constitue nécessairement dans l’altérité. C’est toute la question de l’étranger qui s’en trouve repensée, dans ses implications éthiques, linguistiques, politiques.

Henri Meschonnic créateur de poncifs

On aura perçu la référence au propos de Baudelaire : « Créer un poncif, c’est le génie ».
Il ne s’agit pas, évidemment, de faire d’Henri Meschonnic un « génie » ! (ça l’aurait bien amusé !) Ce que voulait dire Baudelaire en accouplant deux termes traditionnellement antithétiques (l’idée de poncif, de redite ; et l’idée de création, d’invention), c’est que le véritable créateur possède cette force de transformer la singularité de sa vision du monde en valeur collective. C’est-à-dire, d’un point de vue anthropologique, tout simplement en valeur.
Henri Meschonnic est de ceux-là, créateur de poncifs. Avec le risque, propre aux poncifs, de l’affaiblissement des idées, de la déconceptualisation des concepts, de la perte de leur efficience première.

Au-delà de sa théorie du rythme, de sa réintégration de l’éthique dans la réflexion sur le langage, et même de cette anthropologie historique du langage qui plaçait d’emblée l’ensemble des sciences humaines dans la perspective du langage, de la conception qu’on en a, et, corrélativement, du poétique (de la littérature), Henri Meschonnic nous a appris que « toute critique se critique ». Au double sens de l’expression. Au sens passif du verbe : aucune critique ne pouvant se poser comme le dévoilement d’une vérité absolue, son activité la place immédiatement dans la situation de susciter la critique de ses positions, de ses enjeux. Au sens réfléchi du verbe aussi : toute critique, en montrant son mécanisme, produit sa propre critique – si on sait lire. Toute critique produit les conditions de sa propre critique. Toute critique est facteur de lucidité et de liberté.

13 avril 2009

Autour du décès d'Henri Meschonnic

PMA nous transmet cet ensemble de textes parus en hommage à Henri Meschonnic, décédé le 8 avril 2009 :

http://www.liberation.fr/livres/0101561493-henri-meschonnic-une-pause-lourde-de-sens
http://www.lemonde.fr/carnet/article/2009/04/11/henri-meschonnic-linguiste-poete-et-traducteur-de-la-bible_1179661_3382.html
http://www.lemonde.fr/carnet/article/2009/04/11/ce-sont-mes-mots-qui-me-disent-et-qui-me-reconcilient_1179663_3382.html
http://www.magazine-litteraire.com/content/Homepage/article.html?id=13171
http://journalchretien.net/breve16664.html
http://www.continentalnews.fr/actualite/editorial,145/henri-meschonnic-est-mort,6856.html

Plus anciens :
dépêche afp : 10/04/2009 18:00
PARIS, 10 avr 2009 (AFP) - Décès du linguiste Henri Meschonnic, traducteur de la Bible.
L'essayiste et traducteur de la Bible Henri Meschonnic est décédé mercredi à Villejuif (Val-de-Marne) à l'âge de 76 ans, a-t-on appris vendredi auprès sa maison d'édition, Desclée de Brouwer. Né le 18 septembre 1932 à Paris, Henri Meschonnic, agrégé de lettres classiques, est l'auteur de nombreux recueils de poésies, d'ouvrages de linguistique, ainsi que de nombreuses traductions. Il a longtemps enseigné la linguistique et la littérature à l'Université Paris VIII-Vincennes et obtenu le prix Max Jacob 1972 pour "Dédicaces proverbes" et le prix Mallarmé 1986 pour "Voyageurs de la voix".
Henri Meschonnic a notamment publié ces dernières années "Gloires, traduction des psaumes" (2001), "Au commencement, traduction de la Genèse" (2002) et "Et il a appelé, traduction du lévitique" (2003) chez Desclée de Brouwer. Son dernier livre, "Dans le désert, traduction du livre des Nombres" est paru en 2008 chez le même éditeur.
Théoricien du langage et de la traduction, Henri Meschonnic est également l'auteur d'une quarantaine d'essais, dont "Critique du rythme, anthropologie historique du langage" (1982), "Poétique du traduire" (1999) et "Un coup de Bible dans la philosophie" (2004). Il avait reçu en 2006 le prix de littérature francophone Nathan Katz.

Article d'Assouline sur son blog du Monde :
http://passouline.blog.lemonde.fr/2009/04/09/pour-saluer-henri-meschonnic/

Article dans le nvel obs :
http://bibliobs.nouvelobs.com/20090409/11843/henri-meschonnic-est-mort

Pascal Maillard sur le site des Rencontres Européennes de Littérature :
http://www.prixeuropeendelitterature.eu/html/actualites.asp#actu13

07 avril 2009

RECTIFICATIF POUR ORLEANS


Occupation de la Présidence de l'Université d'Orléans
mardi 7 avril 2009

Clarification sur l'occupation de la présidence
Les occupants tiennent à rappeller que personne n'a séquestré le président et que c'est vraiment les médias qui ont mis sur mot.Le président est volontairement resté dans son bureau car il est responsable des locaux et veut être présent durant l'occupation.C'est donc de sa pleine volontée et sans aucune restriction de circulation que le président est resté dans son bureau.Des discussions avec le président, les doyens d'UFR et vice-président ont eu lieu.A l'heure qu'il est, le président est toujours dans les locaux mais il n'est à aucun moment séquestré !

Claudé Condé, président de l'Université de Franche-Comté recourt aux forces policières

A l'heure où le président de l'université d'Orléans se fait séquestrer, celui de l'université de Franche-Comté use de la démonstration de force. Ce matin, à Besançon, devaient se tenir le Conseil d'Administration et le Conseil scientifique. Le Président Claude Condé, qui, rappelons-le, dans l'espoir bien risible de quelque faire-valoir, avait manifesté auprès de ses collègues et étudiants contestataires dans les rues de Paris le 02/04, n'a eu comme seule réponse que l'intimidation par la force. En bon élève de Valérie Pécresse, Claude Condé offre ainsi une nouvelle illustration de la gestion purement autoritaire, répressive et policière de la crise qui traverse les établissements du supérieur. Voici le communiqué des personnels et étudiants tel qu'il est parvenu à la presse et aux médias audio-visuels :


"Des membres de la communauté universitaire se sont rassemblés ce mardi 7 avril 2009 devant la Présidence de l’Université de Franche-Comté, afin de protester contre la mise en place des comités de sélection à l’ordre du jour des deux Conseils administratif et scientifique.
La mise en place de ces comités, qui renforcent les pouvoirs discrétionnaires du Président, est une des mesures phares de la Loi Responsabilité des Universités. Cette procédure rend encore plus opaque et plus arbitraire le recrutement des universitaires.
Prévenue de ce rassemblement, la Présidence a tenté de faire entrer les élus sous escorte policière. Devant le refus de certains d’entre eux de siéger dans ces conditions, le Président a décidé d’annuler la réunion prévue."

04 avril 2009

Appel de Strasbourg (II) : La démocratie est en danger

Nous, enseignants, enseignants-chercheurs et chercheurs, personnels administratifs et techniques de l’Université de Strasbourg, étudiants et jeunes chercheurs, nous nous adressons à l’opinion publique, à notre représentation nationale, aux partis politiques, aux organisations syndicales, aux instances européennes et à l’ensemble des médias pour qu’ils entendent, soutiennent et relayent notre appel.


Trois mois après la publication de l’Appel de Strasbourg (http://appeldestrasbourg.unistra.fr), après huit semaines de grève et de multiples manifestations, nous observons que la mobilisation la plus importante, la plus unanime et la plus longue de ces quarante dernières années continue d’être ignorée par le gouvernement et demeure encore mal connue par l’opinion publique. Aussi nous tenons à afficher notre soutien aux médias et aux journalistes qui ont le courage de dénoncer les nombreuses violences policières dont notre mouvement est la victime ainsi que les mensonges du gouvernement qui conduisent aujourd’hui à une grave désinformation. Celle-ci tend à travestir la force de notre mobilisation, la clarté de nos revendications et la teneur réelle des réformes imposées. Malgré les affirmations péremptoires de Valérie Pécresse et Xavier Darcos, toute la population de notre pays doit savoir qu’à ce jour aucun dossier n’est réglé, malgré quelques concessions à la marge :

- la logique du décret réécrit sur le statut des enseignants-chercheurs reste celle du texte initial ( ce qui a été admis par Claude Guéant lui-même)
- M. Darcos essaye d’échanger un moratoire sur le contenu des concours contre une application immédiate de la réforme de la formation des enseignants
- aucune avancée n’a été obtenue dans le dossier du démantèlement des organismes publics de recherche, ni dans les autres dossiers portés par notre mouvement (contrat doctoral unique, individualisation de carrières des personnels administratifs et techniques, externalisation des tâches…)
- les gels de suppressions de postes pour 2010 et 2011 ne sont que des promesses qui n’impliquent ni retour sur les suppressions de 2009, ni réponse à notre demande d’un plan de création d’emplois statutaires scientifiques.

Le combat que les médias ont à mener et que certains d’entre eux ont entrepris est le même que le nôtre : la défense de liberté d’expression et de la libre circulation des idées contre un gouvernement qui pratique l’artifice, la manipulation et l’intimidation. Nous l’affirmons avec gravité : la démocratie est en danger. Usant de tous les moyens de pression et de répression à sa disposition, notre gouvernement se sert du dossier universitaire comme d’un laboratoire préparant l’extension d’une politique régressive dans tout le service public d’éducation, et au-delà, dans l’ensemble de la fonction publique et dans les associations qui assurent des missions d’intérêt public.

Aussi nous prenons à témoin toute la population de notre pays de ce que notre gouvernement ne sait répondre que par un grave déni de démocratie, par une irresponsable obstination à faire passer de mauvaises réformes quel qu’en soit le prix, et par un refus incompréhensible d’entendre notre colère légitime et notre force de proposition.



Avec tous ceux qui nous soutiennent depuis des mois dans notre combat, avec les parents d’élèves, les élèves et les étudiants, avec toute la communauté d’enseignement et de recherche, de la maternelle à l’Université, qui s’est mobilisée massivement le 19 mars et encore le 2 avril, nous demandons solennellement à notre représentation nationale et à tous nos élus de relayer enfin, dans toutes les instances et assemblées, notre double demande d’un retrait sans délais de toutes les réformes contestées et de l’ouverture du grand débat national que le monde de l’Enseignement et de la Recherche est en droit d’attendre. Nous formulons également une demande pressante aux organisations syndicales, et en particulier à leurs directions respectives, afin qu’elles s’abstiennent de brader nos revendications dans une mascarade de négociations qui aggravent l’illisibilité et l’inapplicabilité de réformes mal conçues dans la plus grande précipitation. Nous les appelons à soutenir explicitement les motions de la Coordination Nationale des Universités qui exigent depuis deux mois le retrait pur et simple des réformes incriminées.

Nous interpellons enfin la Commission Européenne ainsi que les parlementaires européens afin qu’ils se mettent à l’écoute des aspirations et des demandes de tous ces enseignants, chercheurs et étudiants européens qui n’acceptent plus aujourd’hui, ni le sacrifice des Humanités et des Sciences Humaines et Sociales sur l’autel de l’ « Economie de la connaissance », ni la dépendance accrue de la recherche scientifique aux seules lois de la rentabilité, du marché et de l’industrie. Nous nous adressons à tous les partis politiques et tous les candidats aux élections européennes pour qu’ils se saisissent des questions de l’enseignement et de la recherche et prennent clairement position sur les réformes en cours, sur la nocivité de la loi LRU et de ses conséquences en chaîne, et sur l’entreprise de destruction massive du service public engagée par le gouvernement français.

Le collectif des Appels de Strasbourg

Cet appel est proposé aux signatures collectives (coordinations, associations, collectifs, sociétés savantes, etc…). Un troisième Appel de Strasbourg est en cours de rédaction et paraîtra la semaine du 6 avril.
Contact pour envoi des signatures collectives : appel@alinda.u-strasbg.fr

Paroles de président : la propagande et le dogme

Ci-joint entretien de "Challenges" avec Marc Gontard, président de l'Université de Rennes II, véritable ventriloque de la doctrine ministérielle. On goûtera particulièrement le portrait liminaire du président qui précède l'échange.


« Les facs ont besoin d'autonomie financière » - Challenges, 2 avril 2009

MARC GONTARD. Ce Breton de 62 ans dirige l'université de Rennes II (sciences humaines), bastion des mouvements étudiants. Après l'organisation d'un référendum approuvant la reprise des cours, il a dû affronter les blocages des récalcitrants. Ancré à gauche, il dit apprécier l'action de la ministre Valérie Pécresse, malgré quelques critiques.

Challenges. Comment expliquez-vous la poursuite du blocage des facs ?
Marc Gontard. La plupart des demandes adressées au gouvernement ont été satisfaites, il n'y a plus de raison de continuer le conflit. A Rennes, le pourrissement de la situation est le fait de groupes autonomes venus bloquer les campus, d'anarchistes qui entraînent les étudiants d'extrême gauche. Du côté des enseignants-chercheurs, une frange du syndicat Snesup - dont la direction - s'est aussi radicalisée. Certains ne parlent même plus de la loi Pécresse, mais remettent en cause la société actuelle et veulent abattre le capitalisme.
L'année universitaire est-elle en péril ?
On a perdu cinq semaines de travail, mais le cursus peut encore être bouclé le 3 juillet, si les cours reprennent normalement. A Rennes II, nous avons préparé un calendrier de rattrapage, avec des compléments informatiques et des cours supplémentaires le soir et le week-end.
La fronde était-elle justifiée, selon vous ?
Les réformes du gouvernement vont dans le bon sens, mais ont été préparées dans la précipitation et sans réelle concertation. En particulier, le décret sur le concours des enseignants du primaire et du secondaire créait un master exigeant à la fois des stages pratiques et un mémoire de recherche, avec l'obligation de prévoir des débouchés pour ceux qui échoueraient. C'était demander l'impossible ! De même, imposer des heures d'enseignement aux universitaires qui ne font pas assez de recherche constitue un changement culturel trop brutal et tend à dévaloriser l'activité d'enseignement. Le reste de l'opposition relève, pour une bonne part, de fantasmes sur la prétendue toute-puissance des présidents de fac.
Le gouvernement, en fin de compte, n'a-t-il pas trop reculé ?
La réforme introduit l'évaluation des enseignants-chercheurs tous les quatre ans, c'est un acquis important. Mais le ministère a trop reculé sur les compétences des conseils d'administration et des présidents en redonnant un rôle majeur à une instance nationale [le Conseil national des universités] en matière d'évaluation et de promotion des enseignants-chercheurs. Si l'on veut progresser vers l'autonomie, les présidents et leur conseil doivent détenir plus de prérogatives.
Les plus radicaux réclament l'abrogation de la loi sur l'autonomie, votée en 2007. Pourquoi avez-vous soutenu cette loi ?
Elle suscite des inquiétudes que je partage : la possibilité de recruter des enseignants sous contrat privé risque de créer un système à deux vitesses et de remettre en cause le statut de la fonction publique dans les universités ; la recherche de rentabilité pourrait pénaliser certaines « petites » filières. Mais, d'un autre côté, la réforme tente de redonner réactivité et souplesse à l'université française, qui en a besoin. L'autonomie budgétaire va permettre aux facs, selon leurs objectifs, d'allouer des moyens supplémentaires à la recherche ou à l'insertion professionnelle des étudiants.
David Bensoussan
Source : slu. http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?breve150

03 avril 2009

non à la privatisation de l'université

Sur ce site de l'Université de Saint -Jacques de Compostelle, toute l'actualité européenne de la lutte contre la marchandisation du savoir : http://firgoa.usc.es/drupal/node/37754.
slb

01 avril 2009

Luttes scientifiques et violences

Je relaie ces informations, reçues par diffusion sur liste mail universitaire, qui forment un tableau d'ensemble significatif :

- L'article de Sylvestre Huet de ce jour fait état de certains
exemples de violences policières (eh oui, il faut employer le mot)
commises envers le milieu universitaire et étudiant.
PÉCRESSE RECULE, LES MANIFESTATIONS CONTINUENT
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/04/pcresse-recule.html

- Par ailleurs, sur le site de Fabula, dans la rubrique Débats, sont
recensés certains de ces exemples:
http://www.fabula.org/actudebats.php

- Le site Universités en lutte a lancé un appel à témoin sur les
violences commises au CNRS le jeudi 26 mars
http://universitesenlutte.wordpress.com/

- Et enfin, sur le site deSLR, tout un dossier bien fourni (et
inquiétant) sur le sujet, que je vous copie-colle ci-dessous.

Il faudrait créer un site ou une page pour recenser tous les exemples
et les diffuser à la presse.
Et une fois encore, apporter notre soutien à Guillaume Cingal, grâce
à qui nous avons eu de nombreuses informations sur cette liste.
AFGE

http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2673
http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2696

Développement de l’état policier ?
Par VINCENT Frédéric, le 22 mars 2009

Cet article, qui s’enrichira d’autres contributions dans l’avenir,
vise à regrouper tous les témoignages relatifs aux violences
policières et aux méthodes d’intimidation utilisées par le pouvoir
face au mouvement de lutte pour la sauvegarde de la recherche et de
l’enseignement supérieur.
19 mars :

Toulouse : autoréduction cher payée

A Toulouse, la manifestation nationale s’est terminée pour un groupe
de 300 étudiants par une opération d’« autoréduction » dans un
Monoprix : il s’agissait de bloquer les caisses pour permettre aux
gens de sortir du magasin sans payer leurs achats. L’opération avait
été négociée avec le gérant du magasin et se déroulait dans le calme
lorsque la BAC a chargé sans sommation, blessant grièvement plusieurs
manifestants. L’affrontement a duré une heure jusqu’à ce que la
police parvienne à faire place nette. Deux personnes ont été
interpellées et un rassemblement de soutien a été organisé le lendemain.

12 mars :

Toulouse : sit-in gazé

Les trois facs de Toulouse organisent un sit-in au rez-de-chaussée de
l’Ecole de Commerce. Les étudiants participant au mouvement n’ont
d’autre but que de protester contre la loi LRU et ne montrent aucun
signe de violence. Pourtant, après 10 minutes de sit-in dans le
calme, un membre de la sécurité de l’établissement prévient les
manifestants que la BAC arrive. Les premières grenades lacrymogènes
tombent immédiatement, créant un mouvement de panique dans la salle,
tout le monde se ruant vers une unique fenêtre pour éviter les gaz.
Bien entendu, aucun sommation n’a eu lieu avant la charge...

11 mars :

Article du Canard Enchaîné : des manifestations au pas

La police parisienne aura désormais ordre de sévir contre les
manifestation « sauvages » non déclarées. Le meneur devra être
systématiquement identifié et sommé de disperser la foule. S’il
refuse, il risquera de se retrouver devant le tribunal correctionnel.

Strasbourg : prolongement de manifestation réprimé

A Strasbourg entre 1800 et 3000 personnes ont défilé sans heurt
jusqu’à la place Kléber lors de cette journée de convergence « de la
maternelle à l’université ». Arrivés à cet endroit, fin officielle de
la manifestation, un millier d’étudiants décident de poursuivre
jusqu’à la gare. Sans préavis, les forces de l’ordre ont chargé à
coups de matraque et de gaz lacrymogène, selon un journaliste des «
Dernières nouvelles d’Alsace » présent sur les lieux. Les
manifestants (qui n’avaient donné aucun signe de violence) ainsi que
les passants qui avaient la malencontreuse idée d’être présents ont
dû lutter pour se dégager de la rue étroite et asphyxiée où la charge
a eu lieu.

Besançon : sit-in gazé

La manifestation « de la maternelle à l’université » se termine en
sit-in devant le rectorat, une barricade de chaise étant établie dans
la rue. Comme le montre les photos, les manifestants ont l’air
agressifs et dangereux. C’est probablement dangerosité avérée qui a
poussé la police à déloger les manifestants en employant les gaz (au
cri de « Allez ! Gazez-moi tout ça » - voir la photo).

9 mars :

Lyon : manifestation durement réprimée

Profitant de la venue de V. Pécresse au forum Biovision à
l’université de Lyon 2, environ 200 étudiants manifestent contre les
réformes en cours. La Brigade Anti-Criminalité et les CRS sont sur
place. Une ligne de CRS s’interpose devant les manifestants qui
s’agrippent les uns aux autres et avancent vers les forces de
l’ordre. Le choc est rude, les CRS gazent. Les manifestants, sous
surveillance des CRS et de BAC parviennent finalement à se rapprocher
du lieu du forum. Mais les forces de l’ordre ne leur laisse pas
beaucoup de temps pour en profiter : elles encerclent les
manifestants et les plaquent contre la grille du parc adjacent :
coups et flash-balls commencent à pleuvoir. Bilan : 4 ou 5
arrestations de « leaders » , des blessés dont un nécessitant
l’intervention du SAMU (voir la photo). Selon un membre de SUD
Etudiant, « jusque là, les flics étaient soft. Ils ont dû recevoir
des motifs de fermeté, preuve que le gouvernement veut réprimer ce
mouvement social qui lui fait peur”.

5 mars :

Paris : charge de CRS à la gare Montparnasse contre des collégiens

Hall de la gare Montparnasse, 19h. Des CRS chargent des étudiants qui
occupaient les voies après la manifestation pour la sauvegarde de
l’enseignement supérieur et de la recherche. Un groupe de collégiens
de Cenon attendant leur train de retour après une journée de visite à
l’Assemblée Nationale a le mauvais goût de se trouver sur place :
malgré leurs cris ils sont frappés, matraqués, plaqués au sol, ainsi
que les deux enseignantes qui les accompagnent. On imagine le choc
subi par ces jeunes élèves. En réponse, M. Alliot-Marie trouve bon de
préciser le lundi suivant : « quand on a la charge d’un certain
nombre de jeunes, on évite de les mettre dans des lieux où il peut y
avoir des manifestations et des mouvements de foule ». A ce propos,
voir l’article d’Alain Trautmann.

Développement de l’état policier ? (2)



27 mars :


Orléans : évacuation musclée du rectorat

70 étudiants et 5 profs ont occupé le rectorat de 11h30 à 15h45. Ils
ont été délogés par les CRS qui n’ont pas lésiné sur l’usage de la
force (voir photo), comme ils l’avaient d’ailleurs annoncé au
préalable « si vous ne sortez pas on va vous faire saigner ».

Malgré une résistance purement passive opposée par les manifestants,
certains étudiants ont été blessés. L’un d’eux a même été frappé
jusqu’au sang pour avoir résisté aux CRS qui voulaient l’évacuer.
Pour éviter qu’il sorte dans cet état face aux caméras, il a été
embarqué au poste et convoqué au tribunal pour septembre au motif de
rébellion.

26 mars :

Paris : une collègue violentée devant le siège du CNRS – APPEL A TEMOINS

Le CNRS est en état de siège ce jeudi après qu’une centaine de
personnes ont décidé d’occuper les lieux suite à la tenue à la
sauvette du CA.

Une collègue qui essayait d’entrer par une voie détournée au 43 rue
d’Auteuil est arrêtée à la grille par deux hommes sans uniforme ni
brassard qui l’empêchent de passer. Après avoir tenté de discuter, et
appuyée par des collègues de l’autre côté de la grille, elle tente de
passer. Les deux hommes la bloque violemment et la frappe plusieurs
fois à la poitrine, avant de sortir leurs brassards de police. Aux
hurlements de leur victime, ils répondent "fiche le camp, si on te
retrouve on te viole".

Si des témoins de la scène ont des souvenirs clairs du déroulement
des événements, qu’ils me contactent et je relaierai afin d’étayer le
dossier.

24 mars :

Paris : des conséquence du port d’un badge

Quelle est la sanction à laquelle un manifestant doit s’attendre s’il
ose porter un badge du genre « L’université n’est pas une entreprise
» après la fin d’une manif ? Réponse : à se faire vider au visage une
« gazeuse » ! C’est en tout cas le sort qu’a connu un collègue de
Paris VII.

23 mars :

Amiens : manifestation sauvagement réprimée

Une manifestation était organisée pour recevoir Darcos, en visite
pour une inauguration. Les enseignants-chercheurs et étudiants se
sont rassemblés dans le calme et la bonne humeur pour accueillir le
ministre. Les CRS sont en place et l’un d’eux, selon un témoin, met
immédiatement les choses au clair : « on se fout pas mal que vous
ayez convoqué la presse, nous serons violents ».

Ce sera en effet le cas. Après avoir demandé aux manifestants de se
replier sur un trottoir pour laisser passer les gens se rendant à
leur travail, les CRS chargent brutalement et sans sommation,
matraquant avec gourmandise. Plusieurs blessés. Mais la place était
nette pour recevoir M. le Ministre.

22 mars :

Toulouse : tir de flash-ball à la tête

Une opération « Robin des Bois » était organisée à Toulouse par des
étudiants dans un Monoprix du centre : il s’agissait de
réquisitionner des produits alimentaires dans le magasin pour les
distribuer gratuitement aux passants. Les forces de l’ordre ne
tardent pas à arriver et à charger, évidemment sans sommation, les
participants à l’action.

L’un d’eux a reçu un projectile de flash-ball près de l’oeil : rétine
décollée et multiples fractures. Il est possible qu’il perde son
oeil, ou dans le meilleur des cas qu’il récupère deux dizièmes.

19 mars :

Marseille : interpellations après la manif

Après la fin de la manifestation, à 14h30, quelques personnes restent
sur la place Castellane (arrivée officielle du cortège) pour danser,
boire, ou casser la croute dans une atmosphère bon enfant. Pendant ce
temps, des policiers en civil infiltrent les groupes et vers 14h45
commencent avec l’appui des CRS à évacuer les derniers manifestants
présents.

C’est à ce moment qu’ont eu lieu les deux interpellations de Steve,
enseignant ATER à l’université de Provence et de Benjamin, RMIste. Il
semble que Steve, violemment pris à partie par les forces de l’ordre
alors qu’il ne manifestait aucune disposition violente, se soit
défendu et que Benjamin soit intervenu pour lui porter assistance.
Fait aggravant, ce dernier était muni d’une arme potentiellement
létale : une bouteille de bière.

Les deux jeunes gens ont comparu dès le lendemain au tribunal de
grande instance de Marseille, qui, grâce à la persuasion de leur
avocat, les a laissé repartir en liberté jusqu’au procès, le 22 mai.

Moralité : avant de se défendre si l’on est agressé, même par un
civil, bien vérifier qu’il n’ait pas de brassard de police ou de
matraque cachée sous sa veste...

LE POISSON D'AVRIL DU SITE "FABULA"

Sur "Fabula", on peut lire cette plaisanterie du 1er avril :




"Fabula accepte l'OPA amicale du Ministère. Le site Fabula, confronté à des difficultés financières récurrentes et qui menacent sa survie à court terme, a finalement accepté l'offre de rachat du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, après un vote serré des membres de l'équipe. La seule contrepartie demandée par le ministère est la suppression de la section la moins utile du site, "Points de vue et débats", qui cessera progressivement d'être mise à jour, avant de céder sa place à des liens commerciaux."





L'humour s'appuie sur des faits avérés, il y a quelques semaines déjà, des tentatives d'approche de la part du Ministère auprès de l'équipe "Fabula", un financement que les membres ont alors refusé. On voit quelle technique - digne des républiques bananières - le pouvoir emploie pour acheter le silence des littéraires et d'une discipline critique qui n'a évidemment rien à gagner de l'ordre social en train de s'imposer, fondé sur une conception exclusivement marchande de l'humain.