27 décembre 2007

Chantier Débat & démocratie

Un rapide compte rendu de la séance "Débat et démocratie" du 16 décembre dernier, qui réouvrait ce chantier Polart par la lecture et discussion des Contre-réactionnaires. Le progressisme entre illusion et imposture, de Pierre-André Taguieff (Denoël, 2007).

. présentation de notes de lecture par Gérard Dessons, Katalin Kovacs et Claire Joubert - notes qui seront mises en ligne sur le site Polart prochainement, comme le seront également trois documents préparés par Jean-François Savang : bibliographie autour des "nouveaux réactionnaires" ; dossier des textes parus dans la presse lors de la controverse autour du livre de Lindenberg (Le Rappel à l'ordre. Enquête sur les nouveaux réactionnaires, Seuil, 2002) ; et présentation de P.-A. Taguieff, dessinant un contexte pour la lecture.

. discussion sur le projet du livre : la remise des textes est fixée pour le 15 janvier 2009, les prochaines séances de travail restant prévues les 9 février et 7 juin 2008. Aux contributions déjà prévues (voir la présentation générale sur le site) viennent s'ajouter trois nouvelles propositions : Mireille Bousquet (sur le phénomène de l'adieu à la littérature dans les lettres françaises contemporaines : W. Marx, T. Todorov, ...), Olivier Kachler (sur Alain Finkielkraut), et Katalin Kovacs (sur la situation politico-culturelle hongroise contemporaine, ou sur un point de l'histoire française du pamphlet).

18 décembre 2007

Un nouveau coup d'histoire de la littérature française

Jamais l'histoire littéraire ou l'histoire de la littérature (est-ce la même chose ?) n'aura été aussi visible au plan éditorial. A signaler donc la récente parution de deux épais volumes sous la direction de Jean-Yves Tadié, appuyé par une équipe de chercheurs presque exclusivement rattachés à la même institution, l'Université de Paris IV-Sorbonne :

La Littérature française - dynamique et histoire, Paris, Gallimard, "Folio-Essais", 2007, 1694 p.

t. I : Moyen Age, par J. Cerquiglini-Toulet ; XVIe siècle, par Franck Lestringant ; XVIIe siècle par E. Bury et G. Forestier.

t. II : XVIIIe siècle, par M. Delon ; XIXe siècle, par F.Mélonio, B. Marchal, J. Noiray ; XXe siècle par A. Compagnon.

13 décembre 2007

Jakobson...

Je voudrais répondre à l'intéressant commentaire qui a été fait du texte de GD à propos de style et manière dans le cas célinien. Le report qui est proposé à partir du schéma de la communication est assez singulier. Mais sans doute manque-t-il d'être développé, et il faudrait demander à son auteur d'en dire davantage.

La première difficulté qui s'élève est que le schéma jakobsonien hérite d'un modèle de la communication qu'il n'a pas lui-même inventé. Les notions d'émetteur et de récepteur, qui appartiennent déjà aux théories de l'information (avec ce qui s'y ajoute, le bruit, le code) ne sont pas des catégories porteuses en soi de spécificité pour une pensée du langage et de la littérature. Elles supposent une structure bipolaire entre les deux personnes de la communication, bien étrangère à la conception du sujet, intersubjectivité et transsubjectivité mêlées, qui est à l'oeuvre poétiquement dans le concept de manière. Notamment par ses bases du côté de la théorie de l'énonciation et de l'individuation linguistique développées chez Emile Benveniste. (Avec ce fait aujourd'hui, qu'une théorie linguistique de la communication peut difficilement se dispenser d'une théorie de l'énonciation)

La deuxième est liée au message, qui laisse croire au primat du contenu et du signifié, selon le vieux schéma dualiste du signe, occultant la part du signifiant de facto. Est-ce qu'une oeuvre littéraire est un message, peut s'appréhender sous cet angle ?

La troisième est que si "le style est inhérent au message", alors tout message aurait du style, ce qui met en cause la notion même de valeur, que promeuvent en premier lieu la plupart des stylisticiens. Le cas Bally étant plus complexe. Je déduis logiquement du propos l'implicite, mais je le pose ici en forme de question.

Pour le coup, il conviendrait peut-être de revenir à Jakobson lui-même lorsqu'il se demandait : "Qu'est-ce qui fait d'un message verbal une oeuvre d'art ?"

Sincèrement.

11 décembre 2007

Céline, Sarkozy, le style et la manière

"M. Sarkozy aime citer cette phrase de Louis-Ferdinand Céline : "Le style c'est final"." (Philippe Ridet, Le Monde, 09/02/07)

Le style comme finalité installe l'esthétique en lieu et place de l'éthique. En politique comme en poétique: "Je ne suis pas un homme à idées. Je suis un homme à style" (Céline, "Ma grande attaque contre le verbe", 1957). L'émotion, alors, remplace la réflexion: "Mon truc est de faire du vécu émotif, je fais passer l'émotion dans le langage écrit" ("L'art nous est hostile", 1958).

Cette partition entre l'esprit et le corps, le concept et le percept, le signifié et le signifiant, le sens et le rythme, c'est l'état du langage auquel concourt le style en tant que concept de l'individuation pérennisant le modèle du sujet cartésien. Simplement, en l'occurrence, le modèle est inversé: "Les idées, rien n'est plus vulgaire" ("Ma grande attaque contre le verbe"). Ce dandysme qui prône une aristocratie de la jouissance est clairement lié au mépris de la chose intellectuelle. Pour maintenir cette anthropologie réversible, la théorie du langage, politiquement et poétiquement, a besoin du style.

L'"homme à style" sait qu'il a un style. Il le soigne ("Je passe des années à faire des choses très fines" ("L'art nous est hostile"). Le problème, c'est qu'en tant que sujet de son langage, il ne peut pas être dans le style qu'il se donne, même s'il (pense qu'il) le vit, précisément parce qu'il se le donne. Le style chez Céline participe d'une éthique de l'apparence. L'apparaître y est la mise en scène dans le langage d'un être fantasmé.

Le sujet d'un discours n'est pas dans le style, il est dans la manière. C'est là, en retrait de la scène stylistique, que le sujet du langage se constitue: "J'écris dans une sorte de prose parlée, transposée. Je trouve cette manière plus vivante." (Lettre à Léon Daudet, non datée). Ici, dans cette poétique, la "sorte de prose parlée, transposée", c'est le style. La manière, c'est d'avoir ce style.

10 décembre 2007

Note éditoriale

Au titre de la responsabilité éditoriale du blog qui m'a été confiée par le comité scientifique de Polart, je retire de la publication pour la seconde fois ici un document dont la diffusion contrevient à la fois aux règles dont le comité scientifique de Polart s'est doté, au terme d'un travail de discussion collective longue et approfondie, et au principe scientifique du réseau. Côté principe : la force et les outils du réseau sont à la disposition de tous les membres pour des seules fins scientifiques, qui continuent par ce fait-même à construire le collectif de travail. Côté règle : on ne dispose pas individuellement d'un document qui appartient à la délibération du comité, et certainement pas sans son accord.

09 décembre 2007

Dossier LRU - état du 9 décembre 2007

Un nouvel état du dossier LRU (9 décembre) est maintenant en ligne sur le site Polart, toujours à partir de la rubrique Chantiers. Les modifications concernent pour l'instant principalement l'architecture du dossier. La suite à venir.
Lien direct : http://polartnet.free.fr/textes/chantiers_polart/DossierLRU9dec2007.rtf.

07 décembre 2007

Marcel Gauchet - lui toujours et encore

Deux récentes publications à verser au dossier "Débat et démocratie - à partir des "nouveaux réactionnaires", et pour cause :
- L'Avènement de la démocratie, t. I "La Révolution moderne", Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque des sciences humaines, 2007.
- L'Avènement de la démocratie, t. II, "La crise du libéralisme", id.

Information Polart

Chers tous (bis), 


Olivier KACHLER

A le plaisir de vous inviter à la soutenance de sa thèse
Effectuée sous la direction de Gérard DESSONS et intitulée


     Théories et poétiques de l'inconnaissable dans les symbolismes français et russes

Le vendredi 14 décembre, 14h.
Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
Bâtiment A, salle A-010
(métro Saint-Denis Université, ligne 13)


Le jury sera composé de Messieurs les Professeurs 
Jean-Louis BACKÈS (Paris 4)
Gérard DESSONS (Paris 8, directeur)
Jean-Yves MASSON (Paris 4) 
  Henri MESCHONNIC (Paris 8)



Vous êtes cordialement invité au pot qui suivra la soutenance


Olivier Kachler - 7, rue Henri Ranvier, 75011 Paris - kachlero@free.fr - 01 43 71 46 97

06 décembre 2007

Traduction des Ecrits de Saussure

A noter : la publication, en juillet 2006, de la traduction anglaise des Ecrits de linguistique générale, de Saussure, chez Oxford University Press : Writings in General Linguistics, traduction de Carol Sanders et Matthew Pires.

Table des matières :
Pt. 1. On the dual essence of language (from the orangery manuscripts)
Pt. 2. Miscellany and aphorisms
Pt. 3. Further reflections on general linguistics
Pt. 4. Notes for the course in general linguistics
A Saussure bibliography 1970-2004 by Matthew Pires and Carol Sanders


La 4ème de couverture :
Ferdinand de Saussure's Cours de linguistique générale was posthumously composed by his students from the notes they had made at his lectures. The book became one of the most influential works of the twentieth century, giving direction to modern linguistics and inspiration to literary and cultural theory. Before he died Saussure told friends he was writing up the lectures himself but no evidence of this was found. Eighty years later in 1996 a manuscript in Saussure's hand was discovered in the orangerie of his family house in Geneva. This proved to be the missing original of the great work. It is published now in English for the first time in an edition edited by Simon Bouquet and Rudolf Engler, and translated and introduced by Carol Sanders and Matthew Pires, all leading Saussure scholars. The book includes an earlier discovered manuscript on the philosophy of language, Saussure's own notes for lectures, and a
comprehensive bibliography of major work on Saussure from 1970 to 2004.

It is remarkable that for eighty years the understanding of Saussure's thought has depended on an incomplete and non-definitive text, the sometimes aphoristic formulations of which gave rise to many creative interpretations and arguments for and against Saussure. Did he, or did he not, see language as a-social and a-historical? Did he, or did he not, rule out the study of speech within linguistics? Was he a reductionist? These disputes and many others can now be resolved on basis of the work now published. This reveals new depth and subtetly in Saussure's thoughts on the nature and complex workings of language, particularly his famous binary oppositions between form and meaning, the sign and what is signified, and language (langue) and its performance (parole).