30 octobre 2008

SLU : REUNION OUVERTE

SLU APPELLE À UNE RÉUNION OUVERTE TOUS LES COLLÈGUES CONCERNÉS PAR LA MASTÉRISATION LE SAMEDI 8 NOVEMBRE, NOTAMMENT TOUS CEUX QUI EXERCENT DES RESPONSABILITÉS DANS LES JURYS DE CONCOURS, SOCIÉTÉS SAVANTES, ASSOCIATIONS, CONSEILS D’UNIVERSITÉ... SI VOUS NE POUVEZ VENIR, ENVOYEZ VOS MOTIONS ET CONTRIBUTIONS !

29 octobre 2008

Les ravages de l'esthétique ou l'accident érigé en mythe de la valeur

Cette annonce que je viens de recevoir :

ACCIDENT CRÉATEUR
OU COMMENT UN DÉRAPAGE DEVIENT ART.
LA CRÉATION PREND SOUVENT DES CHEMINS DÉTOURNÉS. UN ACCIDENT, INATTENDU OU PROVOQUÉ, PEUT FAIRE BASCULER UNE ŒUVRE.


Accident.createur@gmail.com ou Université Paris IV Sorbonne,
UFR littérature française, Mme Legrenzi, 1 rue Victor Cousin 75005 Paris


Jusqu’au 10 décembre 2008, envoyez-nous : nouvelles, poèmes, essais, textes
courts (environ 30 000 signes), toute image imprimable (300 DPI minimum)
illustrant les aléas de la production artistique. Ils seront édités par le master 2
édition de Paris IV dans un ouvrage collectif présenté au salon du livre 2009.
Les contributions ne sont pas rémunérées.


www.myspace.com/accidentcreateur

Limit(e) Beckett

Un site et une revue consacrés à Beckett viennent d'être créés. Mireille, au cas où tu n'aurais pas eu l'info, elle est sur fabula :

http://www.fabula.org/actualites/article25551.php

Marx fait sa révolution

Comme il est plaisant et instructif de voir William Marx, délégué scientifique auprès de l'AERES, prendre la "tête" de la contestation en route. Après avoir renoncé au classement des revues, il pourfend la "masterisation" dans un article du Monde du 30 octobre. Prise de position opportune... La réforme a du plomb dans l'aile. Vive Marx!

Point de vue
La mort des humanités, par William Marx
LE MONDE | 29.10.08 | 13h10


La révolte gronde dans les universités. Les uns après les autres, leurs conseils d'administration votent à l'unanimité des motions de protestation. Lyon-III, Paris-III, Paris-IV, Bordeaux-III, Caen : la liste s'allonge jour après jour. Ce que ni la loi sur l'autonomie ni la réforme du CNRS n'ont réussi à faire, la réforme des concours de recrutement du secondaire l'a finalement obtenu : une résistance généralisée aux diktats du ministère.

Le problème est d'abord celui du calendrier. Depuis plus d'un an, les universités croulent sous les réformes successives à absorber : autonomie, élections internes, plan licence, statuts des personnels, etc. Elles ne cessent de tout défaire et de tout refaire, mois après mois, pour complaire au ministère. Jamais elles n'ont subi autant de dirigisme technocratique que depuis qu'on a voté leur autonomie de façade.

Or, voici que le ministère leur demande, sur un coup de tête, de refaire en urgence la plupart de leurs diplômes de master, à une période où les universitaires sont débordés par les tâches de toute sorte et ne trouvent plus le temps de faire de la recherche, qui relève pourtant de leurs missions fondamentales. Ils en ont assez de marcher comme de petits soldats. Trop, c'est trop. Voilà une première raison du niet.

Certes, tout le monde se félicite que les enseignants du premier et du second degré soient désormais recrutés non plus au niveau de la licence, mais à celui du master. Ils seront, dit-on, mieux payés. Mais seront-ils mieux formés ? Ils le seraient s'ils bénéficiaient effectivement des deux années supplémentaires de formation par la recherche prévues pour un master.

Or tel n'est pas le cas. Le ministère se contente d'exiger des universités qu'elles valident comme master une formation bâtarde, correspondant peu ou prou à ce qui existe déjà, à savoir une année de préparation au concours du capes, suivie de l'année de formation en IUFM. Cela portera le nom de master, mais n'en sera plus un.

Ce sont surtout les disciplines universitaires les plus liées à l'enseignement secondaire qui se sentent menacées : lettres, philosophie, histoire, langues vivantes, etc. Actuellement, un étudiant qui souhaite présenter le capes dans ces disciplines fait souvent le choix de préparer un véritable master, sanctionné par un mémoire de recherche, avant de se présenter au concours. Les actuels professeurs certifiés sont donc pour beaucoup déjà titulaires d'un master, qui garantit la qualité de leur formation.

Dans le nouveau projet, ce ne sera plus possible : la plupart des étudiants choisiront les nouveaux masters d'enseignement, qui les prépareront aux concours, plutôt que les masters de recherche. Résultat : loin d'être mieux formés qu'aujourd'hui, ils le seront plutôt moins bien, puisqu'ils n'auront plus derrière eux cette expérience d'initiation sérieuse à la recherche qui fait tout le prix des masters actuels.

Mais là n'est pas le plus grave. Si toutes les universités se mobilisent, c'est que se profile la fin programmée de la recherche française dans les humanités. Face à la concurrence déloyale des masters d'enseignement, en effet, les masters de recherche n'auront plus qu'à disparaître et, avec eux, tous les séminaires qui les accompagnaient. Il ne sera plus possible de recruter les doctorants parmi ceux qui auront présenté les meilleurs mémoires. Tout le monde fera de la formation pédagogique à l'envi pour mieux préparer aux concours, qui se concentrent sur la simple connaissance du système éducatif, et tout ce à quoi aura abouti la"mastérisation" des enseignants du secondaire, c'est de secondariser les universités. Dans le meilleur des cas, elles seront devenues de gros IUFM.

Le ministère de l'éducation nationale l'aura alors définitivement emporté sur celui de l'enseignement supérieur et de la recherche : triste vision de la science et du savoir... Si quelqu'un, au ministère, avait juré la mort de la recherche dans les humanités, il n'aurait pas fait mieux. Faut-il s'en étonner, quand on a entendu dernièrement un conseiller du premier ministre proclamer que la mission principale des sciences humaines consiste à former de bons VRP pour l'économie française ?

William Marx est professeur à l'université d'Orléans, membre de l'Institut universitaire de France.

Article paru dans l'édition du 30.10.08

...et encore Compagnon

Pour suivre le paradigme de l'autorité dans l'oeuvre de Compagnon, cette direction de colloque, le premier organisé par le Collégien de France dans son institution : "De l'autorité, Colloque annuel du Collège de France, sous la direction d'Antoine Compagnon", Odile Jacob, octobre 2008.
En voici la quatrième, assurément rédigée par le Maître, "partout et nulle part" étant l'un de ses tics et toute une part de sa pensée :
"De l'Antiquité au monde contemporain, dans toutes les cultures,
l'autorité, c'est-à-dire la souveraineté, le sacré, le livre, le dogme, a
fondé l'ordre social. Elle est donc partout et nulle part.
Le droit, la philosophie, la religion, la science politique, l'économie,
la sociologie, sans omettre les sciences exactes: tous nos savoirs
sont ici interrogés par les meilleurs spécialistes.
Sont ainsi traitées des questions aussi diverses que l'autorité de la
Constitution, ce qu'est une « haute autorité indépendante »,
ce qu'était l'autorité du roi en Mésopotamie, le rôle de la tradition
et l'origine du canon biblique, le statut de l'autorité dans les
sciences, en médecine ou dans le domaine des climats par exemple,
mais aussi la notion d'autorité morale, le « poids de l'autorité » dans
la croyance, etc.
Historien de la littérature, héritier et critique du structuraIisme,
Antoine Compagnon est professeur au Collège de France.
Il a notamment publié La Seconde Main, Nous, Michel de Montaigne,
La Troisième République des lettres, Le Démon de la théorie,
Les Antimodernes.
Contributions de C. Audard, J. Bouveresse, É. Brezin,
J. Bricmont, G. Canivet, J.-M. Durand, R. Guesnerie, D. Jérôme,
H. Laurens, X. Le Pichon, P Mazeaud, J. Ménard, T. Rômer,
L. Schweitzer, B. Saint-Sernin, C. Severi, M. Zink."

Intéressant qu'il se définisse maintenant comme "Historien de la littérature"...
A méditer aussi "héritier et critique du structuralisme".

publication Débat et Démocratie

Je vous signale cette publication : Emmanuel Todd,  "Après la démocratie". 

En librairie demain, éd. Gallimard.

27 octobre 2008

APPEL DE SLU : NON A LA MASTERISATION ECHEVELEE !

Appel de SLU

Non à la mastérisation de la formation des enseignants !

La réforme de la formation et des concours de recrutement des enseignants a été lancée sans concertation avec celles et ceux qui assurent cette formation ni avec les universités qui lui accordent une place essentielle.

En outre, une fois de plus, ce dédain manifeste pour l’avis des collègues qui devraient mettre en œuvre pareille réforme va de pair avec l’imposition d’un rythme effréné qui dissimule mal la volonté de faire taire toute réflexion et de rendre impossible toute distance critique.

Sans engager ici une analyse détaillée de la réforme en cours (pour laquelle nous vous renvoyons à l’analyse de SLU http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article736), nous entendons mettre en évidence les deux grands types de menaces qu’elle fait peser sur la place des universités et leur rôle social.

Pour les étudiants et les futurs lauréats des concours

-La réforme allongera non pas la durée des études mais la durée des études non rémunérées : la formation continuera de se dérouler sur cinq ans mais l’année de stage en situation sera supprimée. En outre, de toute évidence, nombre d’étudiants socialement défavorisés n’auront plus accès à une telle formation prolongée.

- Le nombre de places aux concours de recrutement étant moindre que celui des potentiels lauréats aux masters d’enseignement, le nouveau système va créer une masse de reçus (au master)/collés (au concours) : ces étudiants seront dès lors une cible privilégiée pour des recrutements sur contrats de type CDD dans les lycées et les collèges. La réforme en cours des lycées – modularisation, semestrialisation, distinction entre matières prioritaires et secondaires, prérogatives des chefs d’établissements - crée d’ailleurs toutes les conditions d’une telle évolution.

- A terme et malgré les assurances saisonnières de nos ministres actuels c’est bien l’existence même du concours national comme forme privilégiée de recrutement qui sera remise en cause, au profit d’une simple certification assurée par le master, permettant un recrutement local mais évidemment sans garantie statutaire.

Pour la nature de l’enseignement et la recherche universitaire

- A court terme, le niveau de connaissances exigible étant celui de la licence (avec des coefficients faibles pour les épreuves disciplinaires et des questions sur la base des programmes scolaires), le niveau de savoir disciplinaire des enseignants - et de leurs élèves – ne peut que décliner.

- A moyen et long terme, dans les Universités, de nombreux champs de la connaissance et de la recherche en seront définitivement affaiblis : en amont, de nombreuses licences seront pensées en fonction de ces futurs Masters d’enseignement ; en aval, ces derniers mettront en danger l’existence même des Masters recherche, en les vidant d’une grande partie de leurs effectifs, et par ricochet l’existence même des Écoles doctorales.

- Ces conséquences pourraient être dramatiques notamment dans les universités des villes moyennes et dans les universités de lettres et sciences humaines : aux côtés du plan Campus et d’autres pans de la réforme des universités, la réforme de la formation des enseignants contribuera à creuser de façon radicale le fossé entre deux types d’université (les plus nombreuses devenant de simples centres universitaires, une dizaine d’entre elles restant des universités de plein droit avec une véritable articulation entre enseignement et recherche).

La dernière injonction de la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur (demandant une remise des nouvelles maquettes de masters avant le 31 décembre 2008) impose une réponse ferme et claire.

Déjà plusieurs conseils centraux d’universités dans toute la France, de nombreuses associations disciplinaires et quelques syndicats se sont émus de la situation et réclament un retour en arrière du ministère (pour ces réactions voir le site de SLU ; pour un exemple de motion dont nous partageons les termes voir celle de l’Université de Bordeaux III http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article724).

Dans de telles circonstances SLU appelle tous les collègues à multiplier les motions condamnant la politique de masterisation de la formation des enseignants. Nous les publierons toutes sur notre site et tenterons de les centraliser pour en faire une liste à communiquer aux medias et aux ministères concernés.

C’est sans attendre qu’il faut agir et tous ensemble. SLU appelle à une large union de tous les opposants à cette réforme sur les points suivants :

a) un moratoire immédiat sur la réforme en cours,

b) la mise en œuvre, immédiate et sans préalable, de discussions avec tous les acteurs concernés par la formation des enseignants pour proposer une autre réforme des concours d’enseignement, excluant clairement la logique actuelle de la mastérisation,

c) un refus catégorique de faire remonter les maquettes des futurs masters d’enseignement dans les délais imposés par le Ministère,

d) compte tenu des trois points précédent, le maintien des concours 2010 en l’état pour donner le temps à cette autre réforme de voir le jour sereinement.

25 octobre 2008

Publication : Henri Meschonnic

Henri Meschonnic, Dans le bois de la langue, Paris, Éditions Laurence Teper, octobre 2008.

Masterisation des concours

Enfin une analyse sérieuse et argumentée de la masterisation des concours de recrutement!
Elle est d'Alexis Grélois pour SLU. C'est ici : http://www.fabula.org/actualites/article26423.php
A lire d'urgence. Par cette réforme, c'est toute la politique de recherche qui est impliquée.
Je n'ajouterai à l'analyse de Grélois que deux remarques, qui sont liées :
1. L'année de master 2 (à la charge des étudiants) se substituant à l'actuelle année de stage en situation (rémunérée), l'Etat fait l'économie de la rémunération annuelle de 15500 stagiaires ( soit une somme qui avoisine le demi milliard d'euros).
2. A ce jour, on ne sait toujours pas (sauf erreur de ma part) si les reçus aux concours de cette année bénéficieront de l'ancienne année de stage -ce qui serait logique dans la mesure où ils passent les épreuves de l'"ancien" concours- ou s'ils devront faire l'an prochain le "nouveau" master 2. Ainsi le directeur de l'IUFM de Strasbourg a envoyé à tous les étudiants qui préparent le Capes, un courrier qui indique que les admis au concours seront inscrits
l'année suivante dans le futur M2. Or dans ce même IUFM certains collègues travaillent dans l'optique de l'ancien stage. Hallucinant! Je crains qu'il faille parier, si cette réforme se met en place, pour la logique économique : tout le monde en M2!
Merci de faire remonter les informations provenant de vos IUFM et universités respectifs.
PS : Bonne chance à Chloé!

Soutenance de thèse : C. Laplantine sur Benveniste

Chloé Laplantine, membre de Polart, soutiendra sa thèse : Emile Benveniste : poétique de la théorie. Publication et transcription des manuscrits inédits d'une poétique de Baudelaire, le vendredi 28 novembre 2008 à 14h30 (salle D010, Paris 8).

Directeur de thèse :
Gérard DESSONS [Polart], Professeur à l'Université Paris 8

Jury :
Gérard DESSONS, Professeur à l'Université Paris 8
Pierre ENCREVE, Professeur à l'EHESS
Henri MESCHONNIC [Polart], Professeur émérite à l'Université Paris 8
Christian PUECH, Professeur à l'Université Paris 3

Dans une liste d' “articles promis”, listes dont Benveniste avait l'habitude, nous lisons ceci : “Langages / (la langue de Baudelaire)”. Cet article, Benveniste ne le publiera jamais. Nous ne connaissons pas la raison de cela. Mais nous découvrons, à travers les nombreux manuscrits que cette recherche a laissés, que cette poétique qu’il était en train d’écrire, engageait pour lui une transformation du regard, ce qu’il appelle une « conversion du point de vue ». Le langage poétique est pour Benveniste le point de vue qui permet la critique du langage ordinaire, c’est à dire d’une conception réaliste qui réduit la langue à un usage référentiel, communicationnel et pragmatique. La thèse rend publiques les manuscrits inédits de cette poétique (370 feuillets), en donne la transcription dans son intégralité, et en propose une première analyse. Une partie de la thèse s’intéresse également au concept d’« inconscient » chez Benveniste et en montre l’importance et l’enjeu pour une anthropologie. On voit de quelle manière Benveniste poursuit les travaux de Bréal, de Saussure, de Boas, de Sapir et de Whorf. On montre que ce problème de l’inconscient permet à Benveniste de formuler une critique de la psychanalyse freudienne, et de manière plus vive encore, du structuralisme de Lévi-Strauss. On essaie enfin de montrer que cette réflexion à propos de l’inconscient chez Benveniste est indissociable du projet d’une poétique.

23 octobre 2008

Gauchet en penseur de l'éducation

Encore un livre à se mettre sous la dent. Marcel Gauchet, penseur de l'éducation, veut, selon un article du Monde de ce jour, "réinventer la relation d'autorité".
CONDITIONS DE L'ÉDUCATION de Marie-Claude Blais, Marcel Gauchet et Dominique Ottavi. Stock, "Les Essais", 268 p., 19 €.
Le cr du Monde est ici :
http://www.lemonde.fr/livres/article/2008/10/23/conditions-de-l-education-de-marie-claude-blais-marcel-gauchet-et-dominique-ottavi_1110103_3260.html#ens_id=1090909

19 octobre 2008

Compagnon et Le souci de la grandeur

Je me permets de vous signaler la parution récente du livre de Donald Morrison "Que reste-t-il de la culture française?" (Denoël, septembre 2008), qui contient la réponse de Compagnon à Morrison sous le titre "Le souci de la grandeur". En voici la quatrième de couverture :
"Longtemps, la France et sa culture n'ont fait qu'un, la grandeur de l'une servait le rayonnement de l'autre. Au centre de l'attention, les artistes français jouissaient d'un prestige sans égal. De cette gloire passée ne restent aujourd'hui que nombrilisme, nostalgie et frilosité.
C'est le constat désabusé auquel est arrivé Donald Morrison, Américain de Paris, au terme d'une minutieuse enquête sur la place de la culture française dans le monde. La créativité de ses artistes a beau être indéniable, l'influence – spectrale – et le poids – dérisoire – de la France dans les échanges culturels sont là pour montrer que notre culture ne parle plus au monde. Une déchéance qui, finalement, convient bien à la mentalité nationale, prompte à la déploration et à l'apitoiement.
En réponse à Donald Morrison, Antoine Compagnon souligne ainsi une certaine ambivalence de la culture française, encore capable du meilleur mais comme paralysée par le souci de sa propre grandeur. Sans doute la France gagnerait-elle à relativiser la place qu'elle s'imagine être la sienne sur la scène culturelle mondiale. Mais encore faudrait-il qu'elle cesse de vouloir régler leur compte aux États-Unis et à leur insolence culturelle.
Si le débat sur la vitalité de la culture française n'est pas près d'être clos, au moins cet échange salutaire entre Donald Morrison et Antoine Compagnon peut-il nous aider à mieux comprendre le regard que le monde porte sur la France et, donc, à mieux nous connaître."
Voir aussi, pour la contextualisation du débat, le compte-rendu de Pierre Assouline sur son blog :
http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/10/02/notre-culture-netait-pas-morte-elle-declinait-seulement/

17 octobre 2008

APPEL DE SLU - 18 OCTOBRE 2008

A l’appel de
Sauvons l’université!

Assemblée générale des personnels
de l’enseignement supérieur et de la recherche

SAMEDI 18 OCTOBRE 2008 En Sorbonne, Amphithéâtre Bachelard, Galerie Gerson, 17 rue de la Sorbonne 75005 Paris 9h30 –12h30 14h30-17 h
Quelle université voulons-nous ? Savoirs, recherche, transmission, statuts

Un an après la mobilisation qui a donné naissance à SLU, nous voudrions marquer cet anniversaire en faisant le point sur les conséquences de la loi LRU, la poursuite des « réformes », le bouleversement actuel de l’enseignement supérieur et de la recherche : comment fonctionnent les nouveaux CA ? Pourquoi tant d’argent pour le plan « réussite en licence »… mais pas de postes ? Qui seront les premiers CDD de droit privé dans les universités ? À quelle évolution des statuts et des masters peut-on s’attendre ? À quoi sert l’évaluation généralisée ? Qu’arrive-t-il aux SHS au CNRS ? Et que deviennent les grandes écoles dans tout cela ? Bref : quelle université est-on en train de mettre en place, et qu’y restera-t-il des savoirs disciplinaires et de la recherche ? Que nous enseigne l’exemple de nos voisins européens de ce point de vue ? Un an d’avancées et de reculades, d’annonces de chiffres tronqués ou mensongers (sur les budgets), quelques rapports perfides nous ont appris la nécessité de la vigilance et de l’analyse.
Pour préparer ce débat, SLU ! lance donc un appel à contributions « Évaluons la réforme ! Évaluons l’évaluation ! » Faites-nous part de vos expériences (ubuesques, kafkaïennes ou non) et de vos réflexions sur les conditions de l’évaluation dans vos universités et/ ou laboratoires, qu’il s’agisse d’équipes de recherche ou de diplômes. Informez-nous sur les modalités d’application du « plan licence », les voies de la mastérisation des concours dans votre université. Nous rassemblerons ces contributions pour la matinée et nous pourrons éventuellement les publier sur le site. Vous pouvez les envoyer à postmaster@sauvonsluniversite.com
Par ailleurs, comme toute association, nous avons obligation légale de convoquer une assemblée générale des membres de l’association « Sauvons l’Université ! ». Elle aura lieu ce même jour à partir de 14h 30 et accueillera toutes celles et tous ceux qui souhaitent partager le combat de SLU, en adhérant mais aussi éventuellement en participant activement à ses actions. L’ordre du jour sera le suivant : 
 rapports moral et financier ; 
 élection du CA, du bureau et des porte-parole ; 
 débat sur les perspectives de l’association.
Venez nombreux à l’AG organisée par SLU le 18 octobre 2008 ! Faites circuler ce message auprès du plus grand nombre possible de collègues !



HENRI SCEPI, LA POESIE VACANTE. Nerval, Mallarmé, Laforgue.

2008 • 14 x 21,5 • 256 pages • ENS EDITIONS / ENS LSH LYON

4e de couverture : La poésie moderne, telle qu’elle se dessine au tournant du XIXe siècle, semble connaître un destin bien singulier et paradoxal : elle s’élabore en se défaisant, elle s’écrit en déconstruisant ses formes et ses valeurs dans l’espace critique du poème. Comment d’ailleurs est-elle possible ? C’est à une question aussi radicale que Nerval, Mallarmé et Laforgue ont tenté de répondre, chacun selon ses moyens et ses visées propres. Si, dans leurs pratiques respectives, le poème dit encore quelque chose d’une relation distendue entre le sujet et le monde, il s’applique bien plus à dénouer tout lien du discours avec le réel, vouant du même coup la poésie à penser ce suspens, à intégrer, dans ses modes de figuration et d’énonciation, la trace d’une coupure fondamentale. Réflexivité, autonomie, clôture : le poème devient le lieu d’un questionnement continu, qui met en déroute – non sans détours ni conflits – la Poésie et ses emblèmes chimériques ; il n’omet pas non plus d’évaluer la capacité du langage à représenter et à symboliser. Ainsi conçue et remise en jeu, la poésie révèle sa vacance : elle accentue le geste d’évidement qui la creuse de l’intérieur, en mettant à nu les artifices d’un discours toujours enclin à dissimuler ses leurres et ses lacunes…

Henri Scepi est professeur de littérature française du XIXe siècle à l’université de Poitiers.

11 octobre 2008

Un point de vue anthropologique sur l'économie

Au moment où la crise financière et économique devient un réactif de premier plan pour lire la posture et les impostures de certains néo-conservateurs (nombreux et très rapides "retournements de vestes" : voir l'article de Francis Fukuyama dans le monde de ce jour), il peut être intéressant de prendre le pouls du blog de Paul Jorion (http://www.pauljorion.com/blog/) ainsi que de son site, non pas tant pour étalonner la valeur prophétique de ses analyses -petite tendance, assez insupportable, au narcissisme- que pour prendre connaissance de nombreux commentaires de qualité et, plus globalement, pour mesurer la criticité et les limites de l'anthropologie sociale appliquée à l'économie. Je me permets de vous indiquer au passage que l'auteur de "Vers la crise du capitalisme américain" (La Découverte, janvier 2007) a relu Aristote dans un sens qui croise parfois la poétique. Voir son article en ligne : "La linguistique d'Aristote" (http://www.pauljorion.com/index-article-28.html), qui vaut surtout pour la pertinence de la lecture critique de l'histoire de la réception d'Aristote, son historicité aujourd'hui. En écho à "Aristote en Haïti" de Gérard.

08 octobre 2008

L'Europe avec ses langues : multi, pluri, inter, etc.

Je me permets de recommander la lecture du Rapport Maalouf, rendu récemment à la Commission européenne, sous le titre Un Défi salutaire. Comment la multiplicité des langues pourrait consolider l'Europe.
Commandé dans le contexte de 2008 Année européenne du dialogue interculturel (brr...), et beaucoup évoqué au cours des débats des Etats Généraux du multilinguisme à la fin septembre, il permet d'identifier l'un des discours actuels qui peut être tenu et entendu à propos des langues dans la dynamique de la construction européenne. Ses nouveautés.
Depuis que l'Europe s'est (re)découverte et se donne à se (ré)inventer comme "société de la connaissance" la plus compétitive au monde à l'horizon de 2010 ("stratégie de Lisbonne"), un nouvel intérêt tend l'attention (éventuellement avec un oeil mauvais) des discours et débats et travaux en commissions du côté de la culture.
Le texte remis sous la présidence d'Amin Maalouf pose explicitement des jalons qui sont une position sur le rapport des langues, le rapport entre communication et culture dans le langage, sur la subjectivité et l'intersubjectivité pensables à partir de ces prises de position sur les langues, leur enseignement, et leur cultivation. Une pensée du rapport social. Les deux propositions centrales étant : que les rapports de langues sont, et sont à soutenir comme, des rapports bilatéraux (sans truchement tiers = Globish) ; et que la notion de langue personnelle adoptive, en tant que distincte de la "langue de communication internationale", peut promouvoir une autre voie dans le développement d'une identité européenne.

Je ne vais pas plus loin dans l'immédiat : j'indique seulement la légère inflexion du discours (inflexion du Vraisemblable linguistique d'époque, au sens où Barthes parle de Vraisemblable critique, à propos de la critique qui n'est pas la Nouvelle, en 1966), et relève aussi 1. la continuation des bons sentiments dès qu'on se met à parler de culture (culture = consensus), 2. la difficulté à parler, dans le champ de discours de "l'Europe", du rapport entre culture et politique. La difficulté à parler du rapport de pouvoir qui lie le sort des langues. Le concept de "choix" et de "chacun" sont des marqueurs, libéraux ("multiplicité" n'est pas "diversité" qui n'est pas "différence" des langues), dépolitisants. Le rapport n'aborde pas la question d'une politique des langues. Ni celle d'une politique publique des langues.
La "langue personnelle adoptive", ou "en quelque sorte, une seconde langue maternelle", si elle n'est en effet plus la "seconde langue étrangère" (p. 11), n'est pas encore tout à fait une langue vivante et langue de vie. Elle reste en famille. Il faut nécessairement chercher plus loin, jusqu'au politique. Jusqu'aux implications du rapport qu'on pense, et qu'on institue, entre culture et politique. Là, seulement, "la vie des peuples" (Saussure). A la fois rapports de sens et rapports de pouvoir.

07 octobre 2008

Quelques résistances aux classements : AERES

L'annonce qui suit a été diffusée sur la liste de la SAES (Société des anglicistes de l'enseignement supérieur). Elle prend place dans une série déjà relativement nombreuse de pétitions et prises de position de différentes disciplines contre les principes d'évaluation par lesquels on veut gouverner la recherche. (L'heureux, c'est que ça pourrait être pire : aux Etats-Unis, les mobilisations des chercheurs sont à se faire contre les poussées de pouvoir du créationnisme... Voir l'appel "Defend Science", et le site de la Union of Concerned Scientists.)

L'annonce émane de la délégation scientifique à l'AERES pour les Arts, Lettres, Langues, et Sociétés des Cultures Étrangères (11ème à 15ème Sections) ainsi que pour les Arts (18ème Section), qui concerne l'évaluation des équipes de la vague D :

« Réunies à Paris le 19 septembre 2008, les Commissions bibliométriques Arts et Arts, Lettres, Langues, et Sociétés des Cultures étrangères, composées des Présidents des sections CNU concernées, des Présidents de comités de visite, de représentants des sociétés savantes, et des représentants du CNRS (lors d'une première réunion le 18 juin) a décidé de ne publier aucun classement de revues sur le site de l'AERES pour la vague D. Il a été convenu que le calcul des publiants ou des "publiants-créateurs" (dans le cas des arts) serait laissé à l'appréciation du comité de visite, comité ayant été choisi pour sa compétence, et donc apte à juger en son âme et conscience de la qualité d'une publication ou d'une création quelle que soit la nature de son support. »

06 octobre 2008

02 octobre 2008

Rentrée du séminaire Diversité des langues

Le séminaire "Diversité des langues et poétique de l'histoire", collaboration entre IndeA (Rennes 2), Le texte étranger (Paris 8) et Polart, reprend le fil de son programme 2007-2009 : "Quelle 'société de la connaissance' ?". L'argumentaire est téléchargeable sur le site Polart.

En ce début d'année universitaire 2008-2009, quelques changements ont lieu. Emilienne prend la direction d'un centre de recherches international à New York ; IndeA devient le Centre d'études postcoloniales, et poursuit son travail, malgré la distance qui complique un peu les choses, avec Le texte étranger.

La première séance du séminaire aura lieu le mercredi 22 octobre, 18h, à Paris 8 (rendez-vous salle B 344).

A un moment où le CNRS est en pleine réforme, et où les chercheurs en Sciences humaines et sociales luttent pied à pied pour affirmer leurs disciplines, l'affinité de notre réflexion sur la diversité des cultures, et d'une réflexion sur l'insitutionnalisation des modes de savoirs, est encore plus criante. L'un des chantiers, ou faudrait-il dire champs de bataille, qui illustre au mieux cette proximité théorique, est celui de la scientificité des humanités, et de la place en leur sein ou non, des sciences dites "cognitives". L'énoncé même de la question: faut-il "sauver" les sciences humaines en adoptant la règle universalisante de l'expérimentation comme seule validation de la démarche scientifique --- pose celle de la culture institutionnelle, et simultanément, des cultures et des langues. Pose la diversité des cultures comme un problème pour le scientifique dans son rapport avec le politique.
C'est donc sous l'impulsion de nouveaux projets de coopération internationale avec l'Inde et les Etats-Unis, dans l'optique de ce travail sur la Diversité des langues, que nous souhaitons vous proposer une première réunion du séminaire.

Programme de la séance : Claire Joubert et Emilienne Baneth présenteront leurs travaux et perspectives de recherche. Lise Guilhamon et Laetitia Zecchini présenteront (sous réserve) leur expérience du système des éditions universitaires française et de la place qu'il laisse à un savoir comparer. Nous profiterons également de cette réunion pour dessiner le programme de l'année.

Nous vous prions de nous excuser de vous prévenir un peu tard de la date et de l'heure, qui coïncident avec les seules dates possibles pour le passage d'Emilienne Baneth à Paris la semaine du 20 octobre 2008 -- et nous réjouissons de reprendre ces travaux avec vous.

Emilienne Baneth et Claire Joubert