31 mai 2008

Nouvelle contribution sur l'enseignement supérieur en Europe

Parution, ce mois de mai, d'un nouvel ouvrage chez Raisons d'agir : Le Cauchemar de Humboldt. Les réformes de l'enseignement supérieur européen, Franz Schultheis, Marta Roca I Escoda et Paul-Frantz Cousin (dir.)

La conclusion de l'ouvrage est également disponible en ligne, dans le site du magazine de L'Homme moderne : "L'esprit de Bologne : 'Si les universités ne s'adaptent pas, on se passera d'elles' ", par Yves Winkin.

24 mai 2008

Politique du savoir : lecture indispensable

Il faut absolument lire l'article de Sandrine Garcia, "L'Expert et le profane : qui est juge de la qualité universitaire ?" - paru dans Genèses, 2008/1, 70, 66-87 (dans un dossier Devenir expert), et qui fournit des outils extrêmement précieux pour un diagnostic vraiment informé sur l'environnement de politique du savoir dans lequel nous avons à évoluer.
Question d'une politique de la valeur, en temps d' "économie de la connaissance", et ses instruments para-institutionnels pour une "minoration" (terme de Garcia) tous azimuts des critères, des formes, et des statuts du scientifique.

22 mai 2008

Journée "Benveniste" à l'IMEC (CAEN)

Juste un rappel: il y a encore de la place...
Programme de la journée :
10h30 : Accueil avec visite de l’IMEC.
11h15 : Ouverture par Albert Dichy (IMEC, directeur littéraire)
et Jean-Marc Guéguéniat (IUFM, administrateur)
Travaux présidés par Jean-François Thémines (IUFM, directeur adjoint - recherche)
11h30 : Gérard Dessons (Université Paris VIII)
« La place du poème dans la théorie du discours »
12h15 : Daniel Delas (Université de Cergy-Pontoise)
« Subjectivité et discours post-colonial »
13h00 : Repas à l’IMEC (prière de s’inscrire)
Travaux présidés par Nathalie Léger (IMEC, directrice scientifique)
14h30 : Chloé Laplantine (ITEM et Université Paris VIII)
« La poétique d'Émile Benveniste»
15h15 : Émilie Brunet (ITEM et Université Paris III)
« Les archives de Benveniste : ouvertures »
16h00 : Pause
16h30 : Jérôme Roger (Université Bordeaux III et IUFM d’Aquitaine)
« Émile Benveniste : l’écriture de l’essai »
17h15 : Serge Martin (UCBN et IUFM de Basse-Normandie)
« Émile Benveniste : la relation dans et par le langage »
17h45 : Discussion générale et conclusion par Albert Dichy et Serge Martin
Renseignements : serge.martin@caen.iufm.fr
Inscriptions à l’IMEC : 02 31 29 37 37 ou estelle.kersale@imec-archives.com
Pour réserver le repas du midi, prière d’envoyer un chèque de 12,70 €
avant le 25 mai à l’IMEC F-14280 St-Germain-la-Blanche-Herbe
Fax. : 02 31 29 37 36
email : ardenne@imec-archives.com

Parution sur Benveniste - énonciation (2007)

Est-ce que je suis la seule à avoir raté la parution, en 2007, de La Notion d'énonciation chez Emile Benveniste, par Aya Ono (Lambert-Lucas, Limoges) ? - avec préface de Michel Arrivé et postface de Claudine Normand.

élémentaire

Je signale la parution de "La morale élémentaire, aventures d'une forme poétique, Queneau, Oulipo, etc.", La Licorne n°81, PUR, mai 2008.
amicalement, Sandrine.

21 mai 2008

Correctif, programme de la journée Benveniste à l'ENS du 6 juin

Je redonne ici le programme avec ses modifications :


Regards croisés sur l’énonciation
Actualité d’Emile Benveniste dans les sciences du langage
Vendredi 6 juin 2008, 9h – 18h
ENS, Amphi Jules Ferry, 29 rue d’Ulm, 75005 Paris
ENTREE LIBRE
Contact : Emilie.Brunet@univ-paris3.fr / Rudolf.Mahrer@unil.ch
9h – 9h30
Emilie Brunet (Université Paris 3 Sorbonne nouvelle) & Rudolf Mahrer (Université Paris 3 Sorbonne nouvelle – Université de Lausanne)
Présentation de la journée
9h30 – 10h
Chloé Laplantine (Université Paris 8, Vincennes – Saint-Denis)
" Poétique d’Emile Benveniste "
10h10-10h40
Claude Calame (Centre Louis Gernet, UMR 8567 CNRS / EHESS - Université de Lausanne)
" Sujet de discours et énonciation : la construction d'un soi collectif (à l'exemple d'un poème rituel grec)"
10h50-11h10 : Pause
11h10-11h40
Almuth Grésillon & Jean-Louis Lebrave (ITEM, UMR 8132, CNRS / ENS)
" Génétique et énonciation – mode d’emploi "
11h50-12h20
Irène Fenoglio (ITEM, UMR 8132, CNRS / ENS)
" Les manuscrits d’Emile Benveniste. Déplier l’écriture pensante pour expliciter l’article publié "
12h30-14h30 : Pause déjeuner
14h30-15h
Sarah de Voguë (Université Paris Ouest Nanterre-La défense – UMR LLF 7110 CNRS / Paris 7)
" L’énonciation dans le lexique : actualité du concept benvenistien d’intégration dans la théorie culiolienne des formes schématiques "
15h10-15h40
Mathieu Valette (UMR ATILF 7118 CNRS / Nancy Université)
" Problématiques cognitives chez Emile Benveniste "
15h40-16h10
François Sauvagnat (Université de Rennes II – EA 4050)
" Quelques remarques sur le dialogue entre Benveniste et Lacan concernant l’énonciation "
16h20-16h35 : Pause
16h35-18h
Jean-Claude Coquet (Paris 8), Gérard Dessons (Paris 8), Claudine Normand (Paris 10), Christian Puech (Paris 3)
Table ronde / Bilan

20 mai 2008

Note de lecture - Chantier Débat et démocratie

Chers tous,
je me permets de sortir des replis du blog un texte qui nous a été envoyé aujourd'hui en commentaire du chantier Débat et démocratie, par un énigmatique correspondant qui signe Titusdenfer (merci Titus) - lien donc vers un message daté du 28 août dernier, où l'auteur nous donne une note de lecture sur Servitude et simulacre. Réfutation des thèses réactionnaires et révisionnistes du postmodernisme, de Jordi Vidal (Paris, Allia, 2007).

19 mai 2008

Rythmes : le grand englobant anthropologique ?

Décidément, le rythme est à la mode. Ou comment le rythme sert d'universel à la façon d'une sémiotique. Un livre d'actualité :
Lindley, Elisabeth et Laura McMahon (dir.), Rhythms. Essays in French Literature, Thought and Culture, Oxford - Bern - Berlin - Bruxelles - Frankfurt am Main - New York - Wien, Peter Lang, "Modern French Identities", 2008, 238 p.
Présentation de l'ouvrage :
As they oscillate and flow between action and aesthetics, habit and creativity, rhythms are vital to our understanding of how subjectivities are constructed upon the shifting borderlines between life and art. Yet whilst rhythm remains an established concept in studies of French poetry, this is the first major overview to address the centrality of rhythm in fields such as literature, philosophy, dance and film, and to link these debates across periods and disciplines within French Studies. Drawing on thinkers such as Deleuze and Guattari, Kristeva, Lefebvre, Meschonnic, and Virilio, the authors explore the concept of rhythms in relation to questions of temporality and the everyday, technology and the city, poetry and autobiography, space and the body in performance. In a wide-ranging series of innovative, theoretical and close readings, they examine issues which include the poetics of Mallarmé and Bonnefoy, the writings of Ernaux, Perec, Réda and Zobel, the choreography of Merce Cunningham and the cinema of Chris Marker.

18 mai 2008

La traduction arabe du coup de dés



A réécouter sur le site de France Culture, l'émission Culture d'Islam d'aujourd'hui concernant la traduction en arabe du Coup de dés aux éditions Ypsilon http://www.ypsilonediteur.com/.

Invités :
Isabella Checcaglini. Paris VIII
Mohammed Bennis. poète
Bernard Noël. poète



"La traduction arabe du Coup de dés…
C’est un événement poétique majeur que la traduction en arabe de l’immense poème de Mallarmé. Elle est parue l’automne dernier dans un coffret contenant quatre volumes, le premier publie le texte tel que l’a souhaité Mallarmé au vu des épreuves corrigées de sa main ; le texte étant doublé par les lithographies qu’Odilon Redon avait composées pour un tel dessein selon le vœu de l’éditeur, M. Vollard, corroboré par le poète. L’ensemble s’est fait sous le contrôle de la doctorante italienne Isabella Checcaglini qui travaille à partir des manuscrits du poète. Le deuxième volume de taille identique déploie le texte traduit selon la même typographie et surtout la même mesure pour les blancs et les multiples corps des lettres réparties entre diverses tailles jouant sur le variable de l’italique et du romain. Ainsi la physique de la musique qui se dégage du texte (analysée par Bernard Noël) appartient-elle au programme de la traduction/ transcription, véritables aventure et gageure qui lèvent un défi (et quel défi !) dont les avatars nous sont rapportés par le traducteur, le poète marocain Mohammed Bennis, le long des deux autres volumes, l’un en arabe, l’autre en français, logeant dans le même coffret. Le texte s’incarne ainsi, le même et différent (comme pour toute traduction), dans la langue arabe, celle-là même qui hante le titre original construit à partir de l’étymologie arabe du mot hasard, venant de az-zahr, cette fleur qui désigne par métonymie le dé dans l’usage andalou-maghrébin.

Bibliographie
Poème, Un coup de Dés jamais n’abolira le hasard par Stéphane Mallarmé. Trois compositions d’Odilon Redon. Tome 1 texte français ; tome 2 traduction arabe parMohammed Bennis ; tome 3 Relativement au poème : Mohammed Bennis Journal d’une traduction, Isabella Checcaglini, Brève histoire de l’édition Vollard du Dé, Bernard Noël, Divagation ; le tome 4 reprend en arabe les textes du tome 3. Ypsilon Editeur, 2007"
Je renvoie également à la présentation de l'éditeur à propos de cette importante publication :

Quand Mallarmé est mort, cela fera bientôt cent dix ans, il travaillait depuis des mois à l’édition définitive de Un coup de Dés chez Ambroise Vollard. Bien loin d’être un projet, cette édition était très avancée ce que prouve le nombre de jeux d’épreuves. Mallarmé, chacun le sait, était infiniment pointilleux. Quantité de corrections en témoignent, ainsi que, clairement affirmés, le choix du format et la volonté que, accompagné de lithographies de son ami Odilon Redon, le texte soit composé en Didot. Cette édition n’a jamais paru bien que prête pour l’impression. On en mesure le manque dès que l’on prend conscience du fait que le sens du texte est étroitement lié à sa mise en scène. La nécessité de cette relation est devenue pour nous une évidence décisive quand il a fallu confronter le texte original à sa traduction dans une langue dont frappe d’abord l’apparence graphique. Ainsi, Mohammed Bennis ayant entrepris la première traduction arabe de Un coup de Dés, le problème s’est rapidement posé des caractères, de leurs divers corps, de leur emplacement afin d’être fidèle autant que possible à l’original.Mais quel est l’original ? Hélas pas l’édition dite originale de 1914 parue chez Gallimard, qui ne respecte pas le format et qui est composée en Elzévirs, famille de caractères que détestait Mallarmé. Hélas, aucune des éditions successives dont les formats ignorent l’importance de la mise en scène de ce poème. Une seule édition respecte la volonté de Mallarmé et en explicite les raisons, celle réalisée par Mitsou Ronat et Tibor Papp à l’enseigne de Change, en 1980. La forme adoptée : un cahier sous jaquette ne donne malheureusement pas le Livre que souhaitait Mallarmé. Plus récemment, les Éditions Ptyx ont publié une édition correcte mais confidentielle. Et ces deux éditions ont oublié Redon.Pourquoi cet oubli ? Sans doute parce que cet oubli va dans le sens de l’abstraction liée à la figure de Mallarmé. On lui refuse l’image comme on lui refuse l’espace parce que ces deux éléments exigent du corps là même où l’on veut que l’esprit règne sans partage.Nous avons tenté d’aller ici à contre-courant de ce cliché qui a fini par faire autorité en publiant pour la première fois Un coup de Dés avec les trois compositions de Redon. Il n’était pas question de faire des faux en recourant à une copie lithographique, c’est pourquoi ces Redon sont publiés sous la forme de reproductions. Leur placement est problématique, mais il y avait le modèle des couvertures de Vollard et nous savons que les autres compositions ne devaient pas être in-texte.
Ce livre, Un coup de Dés, illustré donc par Redon, constitue un volume à côté duquel la traduction de Mohammed Bennis en constitue un second, qui est aussi l’hommage du poète arabe au poète français. À côté, et sous le titre Relativement au poème, un autre volume rassemble le « Journal d’une traduction » de Mohammed Bennis, « Une brève histoire de l’édition Vollard du Dé » d’Isabella Checcaglini et « Divagation » de Bernard Noël. Les mêmes textes forment un quatrième volume dans leur traduction arabe. Ces quatre petits volumes de grand format (28x38cm) sont réunis dans un coffret : ils ont été tirés, chacun, à 99 exemplaires et leur ensemble ne sera pas réimprimé.

16 mai 2008

Chantier contemporain sur l'évaluation et la valeur

A noter, un nouvel apport à la réflexion actuelle sur le rapport entre savoir et valeur : article de Sandrine Garcia, sociologue à Paris-Dauphine : "L’expert et le profane", publié dans "Genèses. Sciences sociales et histoire" n°70, mars 2008.

Je tire le blurb du site SLU :

" Dans le numéro de Genèses. Sciences sociales et histoire de mars 2008 intitulé "Devenir expert", un article de Sandrine Garcia, sociologue à Paris-Dauphine, montre la façon dont l’expertise à l’université a imposé aux enseignants-chercheurs la démarche qualité fondée sur le seul objectif pédagogique, en donnant des éléments de compréhension des processus d’adhésion à la réforme actuelle. On y apprend comment les intérêts des experts, dont la définition a changé depuis vingt ans, déterminent le sens des expertises et comment les universitaires ont été peu à peu dépossédés de la valeur de leurs compétences et transformés en "profanes".
Où l’on voit que ce ne sont pas les forces militantes qui manquent à l’opposition actuelle à la loi LRU, comme aux différents aspects de la réforme, c’est l’adhésion à la réforme qui a été construite de longue date.
Cet article [...], avec l’introduction du volume de Genèses. Sciences sociales et histoire par Isabelle Backouche, se trouve aussi sur le site de CAIRN.

Résumé :

"Cet article s’intéresse au rôle de l’expertise dans l’imposition d’une vision de l’enseignement supérieur orienté vers des finalités économiques. Il montre les déplacements successifs et les ruptures qui se sont opérés à l’occasion des différents rapports commandés depuis le début des années 1980. Il s’attache à identifier comment les intérêts spécifiques de l’expert déterminent la nature des expertises produites et comment s’opère une disqualification des professionnels, définis comme des profanes afin de justifier un encadrement de leurs pratiques.

Academic pride - marche de tous les savoirs : 27 mai

Nouvelle forme de mobilisation pour la recherche, pour l'enseignement supérieur, pour l'enseignement tout court (puisque la solidarité de l'ensemble des problèmes est enfin bien mise en lumière par les mobilisations récentes au niveau du lycée, du secondaire dans son ensemble, et du primaire), et pour une politique nationale de savoir public : la marche de l'Academic Pride, "la marche de tous les savoirs", aura lieu dans toutes les villes de France le mardi 27 mai.


Pour les parisiens, le départ aura lieu à 14h30 devant la Maison des Sciences de l’Homme (54 bd Raspail), "parce que les sciences humaines et sociales, qui apportent un regard critique et distancié sur notre monde sont parmi les sciences les plus menacées".

Petite dramatisation : "Nous nous dirigerons vers le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, d’où nous repartirons à reculons, pour dire combien les politiques actuellement menées sont régressives. Nous finirons notre marche à Jussieu, université emblématique de cette science fondamentale aujourd’hui menacée par un utilitarisme à courte vue."


Je retranscris le texte de l'appel national :


Pour justifier les choix idéologiques qu’il impose à la recherche et à l’enseignement supérieur, au mépris des réformes proposées depuis plusieurs années par de très nombreux scientifiques, le gouvernement laisse penser que nos résultats seraient mauvais. A l’appui, il utilise diverses échelles de mesure comme le fameux classement de l’université de Shanghaï, alors même que le vice-président de cette université reconnaît que le classement « ne rend pas justice aux universités françaises ou allemandes car elles ont un système qui diffère complètement ». D’autres indicateurs, comme le nombre d’articles publiés par euro dépensé en R&D, placent la France loin devant les USA ou le Japon, mais sont délibérément oubliés. Le gouvernement peut ainsi justifier le remplacement des dynamiques de collaboration et d’engagement de long terme (qui sont fondamentalement nécessaires à la production de connaissances) par des mécanismes de concurrence privilégiant le court-terme et le pilotage gouvernemental : remplacement des crédits de base des laboratoires par des crédits sur projets courts, augmentation du nombre de jeunes chercheurs sur CDD sans création d’emplois stables (sans qu’aucune étude scientifique n’ait jamais démontré que la précarité jusqu’à 40 ans améliore la productivité des chercheurs), politique de primes au lieu des augmentations salariales (un chercheur débute à 1 700 euros nets par mois), probable augmentation en moyenne du service d’enseignement des enseignants-chercheurs, découpe des organismes de recherche en Instituts, etc...
Les chercheurs en ont assez que le Ministère leur assène ces contre-vérités qui témoignent d’une profonde méconnaissance de la logique scientifique et d’une volonté de contrôle par les politiques sur la communauté scientifique. Dans un contexte de pauvreté relative de la recherche par rapport à d’autres pays (que ce soit en terme de financements des laboratoires que des niveaux de salaires, et ce malgré l’augmentation du budget, totalement trustée par la création de l’ANR), ils sont fiers de leurs recherches, de leurs découvertes, des savoirs qu’ils ont produit, des plus discrètes jusqu’aux plus visibles, qui obtiennent des récompenses internationales (Médaille Fields en 2006 ou le prix Nobel en 2007) et qui consacrent le travail de très longue haleine mené par des équipes. Oui, notre valeur scientifique est reconnue comme en atteste, par exemple, l’attrait du CNRS qui recrute 22% d’étrangers parmi ses jeunes chercheurs.
Surtout, pour produire du savoir et le transmettre, ces métiers de la connaissance fonctionnent fondamentalement et historiquement sur d’autres valeurs qui sont bafouées par ce gouvernement actuel : indépendance du savoir par rapport aux différents pouvoirs (politique, économique...) et groupes de pression ; reconnaissance de la valeur propre du savoir en soi, de sa production et de sa transmission, au delà de toute utilité marchande ; supériorité de la coopération sur la concurrence pour la production de ce bien public qu’est le savoir scientifique (comme en témoignent les effets désastreux de la course aux brevets).
Le gouvernement actuel joue à « l’apprenti-sorcier » en cassant le système existant sans maîtriser toutes les conséquences à court et à long terme. Les différentes réformes présentées comme « techniques » que nous venons de vivre depuis trois ans (ANR, AERES, LRU), sans qu’un plan d’ensemble ait été clairement annoncé (bien qu’il soit facile à lire entre les lignes), nous amènent à vivre dans un climat d’incertitude profondément déstabilisant au quotidien pour les équipes de recherche, et particulièrement délétère pour les jeunes chercheurs et les doctorants qui renoncent de plus en plus à s’engager dans des carrières scientifiques.
Pour affirmer leur fierté des valeurs qui font nos métiers, et demander des réformes qui respectent leurs propositions des Etats-Généraux de Grenoble, construites il y a près de quatre ans, SLR appelle tous les personnels et les usagers de l’enseignement supérieur et de la recherche à marcher le 27 mai 2008 dans toutes les villes de France.



15 mai 2008

Traduction Benveniste

La traduction de "Structuralisme et linguistique", le premier essai des Problèmes de linguistique générale 2, jusqu'ici non traduit en anglais à notre connaissance, vient d'être mise en ligne sur le site américain Jacket (35).
La traduction est due à Matthew Reek, étudiant du MFA Poetry Program à Brooklyn College CUNY (et participant aux séminaires de poétique que j'ai donnés à New York en 2006-2007). Lien direct vers la traduction.

14 mai 2008

Reflux de l'histoire littéraire - et al.

A noter pour nos travaux sur les retours de l'histoire littéraire, ces éléments du sommaire du n°5 (mai-juin) de la RILI :
[à noter également : le blog de la RILI s'est bien fourni dans les derniers mois - intéressant à suivre.]

. Yves Citton : Il faut défendre la société littéraire - à propos de Jacques Bouveresse, La Connaissance de l'écrivain, Tzvetan Todorov, La Littérature en péril, Pierre Piret (dir.), La Littérature à l'ère de la reproductibilité technique et Emmanuel Le Roy Ladurie, Jacques Berchtold et Jean-Paul Sermain, L'Événement climatique et ses représentations

. Marc Escola :Voir de loin. Extension du domaine de l'histoire littéraire - à propos de Franco Moretti, Graphes, cartes et arbres. Modèles abstraits pour une autre histoire de la littérature

J'ajoute, pour une pertinence d'ordre plus général :

. Xavier Vigna : Clio contre Carvalho. L'historiographie de 68 - à propos de Antoine Artous, Didier Epstajn et Patrick Silberstein (coord.), La France des années 68, Serge Audier, La Pensée anti-68, Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68, une histoire collective et Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti et Bernard Pudal, Mai-juin 68

. Antonio Negri : Retour sur les « années de plomb » - Entretien réalisé par Steffen Vogel

. Peter Hallward : L'hypothèse communiste - à propos de Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom ?

. Thierry Labica : La culture n'est pas une marchandise : c'est un gouvernement - à propos de Alain Brossat, Le Grand Dégoût culturel

. François Cusset : Le champ postcolonial et l'épouvantail postmoderne - à propos de Jean-Loup Amselle, L'Occident décroché. Enquête sur les postcolonialismes

. Gilles Sainati : L'hystérie sécuritaire. Projets politiques ou effets de structure - à propos de Armand Mattelart, La Globalisation de la surveillance, Laurent Bonelli, La France qui a peur et Laurent Mucchielli (dir.), La Frénésie sécuritaire

. Frédécric Neyrat : Géo-critique du capitalisme - à propos de David Harvey, Géographie de la domination

. Jérôme Vidal : Les « temps nouveaux », le populisme autoritaire et l'avenir de la gauche. Détour par la Grande-Bretagne - à propos de Stuart Hall, Le Populisme autoritaire. Puissance de la droite et impuissance de la gauche au temps du thatchérisme et du blairisme

13 mai 2008

Colloque : " Situations postcoloniales et régimes de sexe "

Je transmet l'annonce :

Ce colloque cherche à penser la portée et les effets de l’adoption d’une perspective « postcoloniale » dans le champ théorique des études dites « de genre » (Gender and Sexuality studies) . Corrélativement, il invite à élargir et compliquer la perspective « postcoloniale » en posant la question du rôle théorique, critique et politique que peuvent ou doivent y jouer les questions de genre, de différences et d’identités sexuelles. La mise en question de l’opposition hiérarchique binaire entre « colonisants » et «colonisés » dans le champ des études postcoloniales trouve un écho dans l’analyse de la complexité des « rapports » et des « identités » de sexe . Si identités culturelles et identités de sexe se constituent, s’affectent et se modifient réciproquement, la multiplication des déterminations identitaires en régime culturel postcolonial et les divisions de l’énonciation que celle-ci engendre contribuent à déstabiliser l’ensemble de ces catégories.
On s’intéressera particulièrement, dans ce contexte, à l’émergence de pensées et de pratiques du transit et de la transe (transnationalisme, transculturalité, transgénéricité, sexualités « transfrontalières »), mais aussi aux réactions « identitaires » phobiques que celles-ci suscitent. On posera également la question d’une certaine résistance « française » à la perspective et aux études postcoloniales, comme d’ailleurs aux études dites de « genre ». Plus généralement, le croisement de problématiques « postcoloniales » et de questions touchant à la division sexuelle pourrait à la fois relancer et déplacer la réflexion sur les notions de « domination », d’ « identité », de « frontière », ou encore de « monde » .
L’étude des intersections entre transculturations postcoloniales d’une part, et traversée des frontières sexuelles constituées de l’autre requiert la transdisciplinarité et le croisement des approches. Le colloque réunira donc des anthropologues, des critiques culturels, des historiens, des littéraires, des philosophes, des politologues et des spécialistes des questions de genre et d’études féminines venus des Etats-Unis, de l’Inde, du Maghreb, du Sud-Est asiatique et de divers pays européens.

Situations postcoloniales et régimes de sexe - Colloque organisé par Anne E. Berger et Eleni Varikas, « Centre d’études féminines et d’études de genre » (EA 354) de l’université Paris VIII.

29-30-31 mai 2008

Avec le soutien de :
Collège International de Philosophie ; Einaudi Center for International Relations, Cornell University ; The Interdisciplinary Program in French Studies, Cornell University ; L’UFR « Histoire, Littérature, Sociologie, Genre » de Paris VIII ; Le Service des Relations et de la Coopération Internationale de Paris VIII ; L’équipe de recherche « Littératures et Histoires », Paris VIII ; Le Service de la Recherche de Paris VIII ; L’Institut Emilie du Châtelet ; L ‘Ecole Doctorale « Pratiques et Théories du Sens », Paris VIII ; Le Réseau Interuniversitaire National sur le Genre ; La coordination indienne de la Maison des Sciences de l’Homme.

Jeudi 29 mai 2008
Collège de philosophie, Amphi Stourdzé, Carré des Sciences

9h30 : Accueil des participants
10h00 : Allocution d’ouverture par Pascale Molinier, membre du Comité de direction de l’Institut Emilie du Châtelet
10h15 : Anne E.Berger et Eleni Varikas : « Situations postcoloniales et régimes de ‘sexe’ : pourquoi et comment les penser ensemble aujourd’hui ?»
10h30-12h00 : Le paradigme postcolonial I : Généalogies
10h30-11h00 : Laura Frader, Histoire, Northeastern University et Harvard University, USA : « La production des savoirs de l’Orient : une préhistoire du postcolonial ? »
11h00-11h 30 : Laurent Dubreuil, Littératures française et francophone, Cornell University, USA : « L’impossible généalogie du ‘métissage’ ».
11h30-12h : Discussion

14h00-15h30 Le paradigme postcolonial II : Limites
14h00-14h30 : Jacques Coursil , Linguistique et Etudes francophones, Université de Martinique et Cornell University, USA (émérite) : « Le discours postcolonial et le paradoxe francophone».
14h30-15h00 : Pheng Cheah, Rhétorique et Théorie Politique, UC Berkeley, USA : « Female Subjects of Globalization ».
15h00-15h30 : Discussion
Pause

16h00-17h30 : Fabriques de l’identité
16h00-16h30 : Ashley Thompson, Histoire culturelle de l’Asie du Sud-Est, Université de Leeds (UK) : « Théories post-cosmopolitiques : différence sexuelle, vernacularisation et la fabrique de l'Asie du sud-est ».
16h30-17h00 : Malek Bouyahia, Sciences politiques, Laboratoire « Genre, Travail, Mobilité », Paris VIII : « L’’identité algérienne’ ou les ambiguïtés de la nation postcoloniale ».
17h-17h30 : Discussion


Vendredi 30 mai, Université Paris 8
Amphi D, Bâtiment D
9h45 : Accueil des participants
10h15 : Allocution de bienvenue de Madame Anne-Marie Helvetius, vice-présidente de l’université, présidente du Conseil Scientifique de Paris VIII.
10h30-12h00 Entre « race » et « genre » I
10h30-11h00 : Elsa Dorlin, Philosophie, Paris I : « Performe ton genre, performe ta race ». Réflexions sur le concept de subversion à partir de Judith Butler et Franz Fanon.
11h00-11h30 : Ann Stoler, Anthropologie et Histoire, New School for Social Research, USA : « Intimacies of Empire : Some Reformulations ».
11h30-12h00: Discussion

14h00-15h30 : Entre « race » et « genre » II
14h00-14h30 : Karima Ramdani, Etudes féminines et études de genre, Paris VIII : « Emancipation ou modernisation ? La racialisation coloniale de la féminité comme processus de ségrégation temporelle : le cas de l’Algérie ».
14h30-15h00 : Myriam Cottias, Histoire, Centre international de recherches sur les esclavages, CNRS : « Les représentations de la femme esclave et de l’affranchie dans l’espace antillais : séduction et morale politique ».
15h00-15h30 : Discussion
15h30-16h00 : Pause

16h00-17h30 : Transgenre, transfrontière
16h00-16h30 : Rada Ivekovic, Sociologie et Philosophie indienne, Université Jean Monnet, St Etienne : « Translating Borders / Traduire les frontières »
16h30-17h00 : Urvashi Butalia éditrice, New-Dehli: « Mona, a ‘Eunuch’ : A Sort of Life, A Life of Sorts »
17h00-17h30 : Discussion


Samedi 31 mai, Université Paris 8
Amphi D, Bât. D
10h00 : Accueil des participants
10h30-12h00 : Femmes, « subalternité », résistance
10h30-11h00 : Sonia-Dayan-Herzbrun, Sociologie, Paris VII : « Autonomie et agir en pays d’Islam ».
11h00-11h30 : Maïssa Bey, écrivain, Algérie : « Ce ne sont que des histoires de femmes…. »
11h30-12h00 : Zineb Ali-Benali, Littérature francophone, Paris VIII : « Les insurgées silencieuses au sud de la Méditerranée : lorsqu’elles entrent en refus ».
12h00-12h45 : Discussion

14h30-17h00 : Littérature et « féminités» en régime postcolonial
14h30-15h00 : Natalie Melas, Littérature comparée et Etudes francophones, Cornell University : « Témoignage de la femme somnambule: l’ironie du postcolonial au féminin ».
15h00-15h30 : Michèle Gendreau-Massaloux (Recteur honoraire de l’Agence Universitaire de la Francophonie), Etudes féminines et études de genre, Paris VIII: « Des couleurs et des sexes : ambiguïté d’une politique de l’émancipation dans l’œuvre de Jacques Roumain».
15h30-16h00 : Nadia Setti, Littérature, Etudes féminines et Etudes de genre, Paris VIII : « Mondialités au féminin : écritures migrantes entre ici et ailleurs ».
16h00-16h45 : Discussion
16h45-17h00 : Clôture du colloque

Collège international de Philosophie
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences
1, rue Descartes
75005 Paris
(Métro : ligne 10/ station : Cardinal Lemoine)

Université Paris VIII
Bâtiment D, Amphi D
2, rue de la Liberté
93526 Saint-Denis
(Métro : ligne 13/ station : Saint-Denis Université)

Pour tout renseignement, s’adresser à Anne-Marie Van Bockstaele :
anne-marie.vanbockstaele@wanadoo.fr ou au Centre d’études féminines et
d’études de genre de Paris VIII : 01-49-40-68-13.

Responsable : Anne E. Berger et Eleni Varikas

DOSSIER JEAN-PIERRE ROUSSELOT - OU LA REDECOUVERTE DE LA PHONETIQUE EXPERIMENTALE

Rémy Guérinel & Olivier Héral, « Contribution à l'histoire de l'orthophonie : Jean-Pierre Rousselot (1846-1924) et les applications thérapeutiques de la phonétique expérimentale », L'Orthophoniste, 279, Mai 2008, pp. 19-26.

On consultera également sur le site de l'encyclopédie libre Wikipedia une fiche J.-P. Rousselot avec en documents pdf les Principes de phonétique expérimentale.

12 mai 2008

Blocages des élections et situation universitaire post-LRU

Je transmets cet article du Monde :

La loi sur l'autonomie des universités engendre des situations de blocage
LE MONDE 12.05.08 14h56 • Mis à jour le 12.05.08 15h00


L'application de la loi du 10 août 2007 sur les libertés et responsabilités des universités (LRU), qui organise leur autonomie, provoque des remous dans un certain nombre d'établissements. La présidente de l'université Blaise-Pascal (Clermont-II) a préféré jeter l'éponge. Nadine Lavignotte et son équipe ont démissionné, vendredi 2 mai, après que sa proposition de nomination de personnalités extérieures a été refusée à deux reprises par son conseil d'administration (CA).

Mise en difficulté sur le même sujet, sa collègue de l'université de Dijon, Sophie Béjean, tentera pour la troisième fois, le 16 mai, de faire approuver sa liste de candidats. A l'université de Montpellier-II, le président bataille aussi. Sans aller jusqu'à ces situations de blocage, beaucoup d'autres présidents ont dû ferrailler à l'intérieur de leurs murs.
Première occasion de contestation : l'élection des nouveaux membres des conseils d'administration et la désignation de leur président. Les universités ont jusqu'au 11 août pour y procéder. Selon le ministère de l'enseignement supérieur, 49 universités sur 85 avaient déjà organisé ce scrutin début mai. Dans ces 49 établissements, 37 présidents ont été reconduits, un a été réélu, 11 entament leur premier mandat. Pas de grand changement en apparence, la plupart des présidents qui exerçaient avant la loi ayant retrouvé leur fauteuil.
Michel Lussault, président de l'université de Tours et porte-parole de la conférence des présidents d'université (CPU), se félicite que le vote "n'ait pas porté d'équipes "anti-LRU" à la tête des universités". Il reste que le mode de scrutin à un tour avec prime majoritaire (la liste arrivée en tête obtient 50 % des sièges plus une voix) a permis aux anti-LRU de se tailler une bonne place dans les conseils de l'université.
Le scrutin a également révélé que les maîtres de conférences étaient moins enthousiastes envers la LRU que les professeurs. Conséquence : dans certaines universités, les présidents ont eu du mal à trouver des majorités. Personnels administratifs et étudiants ont joué le rôle d'arbitre.
Une fois le CA élu, la désignation des personnalités extérieures a provoqué de nouvelles situations de blocage. La loi prévoit que le conseil d'administration, qui comprend au maximum 30 membres au lieu de 60 auparavant, doit être plus ouvert sur l'extérieur. A côté des représentants des maîtres de conférences, des enseignants chercheurs, des étudiants, et des personnels administratifs élus, le CA doit compter 7 ou 8 personnalités "qualifiées", dont deux ou trois représentants des collectivités territoriales et au moins un chef d'entreprise ou un cadre dirigeant.

"DIFFICULTÉS TRANSITOIRES"

La liste de ces personnalités est établie par le président mais doit être approuvée par le conseil d'administration restreint aux membres élus. Or, un président ne peut être confirmé dans son poste qu'après avoir obtenu cet accord sur les personnalités extérieures. Les plus réticents à la réforme se sont saisis de cette disposition pour bloquer l'élection des présidents et préserver le poids qu'ils avaient acquis dans les différents conseils. L'arrivée de personnalités extérieures choisies par le président modifierait, selon eux, l'équilibre des forces apparu lors des élections.
Selon Mme Béjean, "ce système produit une coalition entre des listes et des personnes qui ne partagent pas les mêmes visions de l'université mais qui se retrouvent dans une opposition qui n'est pas constructive". Secrétaire général du Snesup (Syndicat national de l'enseignement supérieur), hostile à la loi, Jean Fabbri admet que "les blocages des personnalités extérieures ne se font pas sur le choix des personnes mais parce que c'est souvent le seul moyen de préserver la légitimité des élections".
Pour Benoist Apparu, député UMP de la Marne et rapporteur de la loi à l'Assemblée nationale, "ces difficultés sont limitées et transitoires". "Il a fallu adapter le système existant à la nouvelle loi. D'où, cette première année, des situations un peu bancales, en raison de ce système transitoire de confirmation des présidents. Quand la réforme prendra son rythme de croisière, tout devrait être plus simple", estime le parlementaire.

Catherine Rollot
Article paru dans l'édition du 13.05.08.

10 mai 2008

Parution : Eric Bordas, "Style". Un mot et des discours

Eric Bordas : "Style". Un mot et des discours, Paris, Editions Kimé, 2008, 306 p.

Présentation de l'éditeur : Ce livre voudrait faire le point sur nos usages contemporains du mot style, tant en emploi populaire, spontané ou travaillé, qu'en emploi savant spécialisé. Le corpus est d'abord la langue française du début du XXIe siècle, telle qu'on la pratique, la parle et l'écrit dans les livres, à la télévision ou sur Internet. L'objet d'étude est l'usage général d'un mot, d'un mot-repère de notre culture, à l'entrecroisement de pratiques discursives dont la diversité et la dispersion font sens et valeur - entrecroisement que l'on pensait, jadis, comme le lieu même de l'idéologie. Le mot style est envisagé dans quelques-unes des scénographiques sociales les plus riches, soit les plus sollicitées, quantitativement, par les sujets parlants du début du XXIe siècle : discours scolaire, discours universitaire, discours médiatique, discours commercial, discours politique.

Colloque LITTÉRATURE ET RESPONSABILITÉ







Présentation de Philippe Forest

 

Professeur de littérature française à l’Université de Nantes, Philippe Forest est l’auteur de cinq livres de création littéraire, tous
publiés aux Éditions Gallimard et qui lui ont valu une large reconnaissance
publique et critique : L’Enfant éternel (Prix Femina du Premier Roman 1997),
Toute la nuit (1999), Sarinagara (Prix Décembre 2004), et en 2007 : l’essai Tous les
enfants sauf un et le roman Le Nouvel amour.

Son œuvre littéraire est traduite ou en cours de traduction dans les
langues suivantes : anglais (États-Unis), italien (la traduction de Toute la
nuit a obtenu en 2007 le Premio Grinzane Cavour allant aux meilleurs romans
étrangers), espagnol (Argentine), roumain, turc, chinois, japonais et coréen. Il a également publié un livre sur l’autisme, Près des acacias avec des photographies de Olivier Menanteau aux Éditions Actes Sud (2002), et de nombreux essais sur la littérature, à présent rassemblés en volumes aux Éditions Cécile Defaut.

Philippe Forest poursuit depuis dix ans une œuvre exigeante et lucide, fortement ancrée dans le monde contemporain en même temps qu’elle poursuit le problème pérenne de la mémoire et de la fidélité aux morts, de la continuation de la vie et du sens qu’on peut lui donner, après la perte de son enfant.

Tout en renouant avec le romanesque, en particulier dans son dernier livre, l’auteur ne craint pas d’affronter plusieurs questions essentielles, qu’on peut regrouper sous le terme d’éthique, au sens large de la conduite de l’existence.

Œuvre du temps, son écriture dresse courageusement le portrait du devenir d’un homme, qui n’a que la littérature, semble-t-il, pour rendre humaine son expérience.

Œuvre en première personne, elle nous ouvre à la pensée d’un auteur important du début du XXIe siècle, qui aborde de façon très personnelle les relations entre parent et enfant, entre hommes et femmes, et entre l’écriture et ce qu’elle peut dire de nos vies. 




09 mai 2008

"Révolution réac" dans l'éducation

Un dossier dans le Monde de l'éducation de mai : "40 ans après 68, la révolution réac" - bon pour nos travaux Débat et démocratie, et bon pour la santé, généralement.

Dans le même numéro, l'extension du domaine de la "colère" du lycée au primaire, et un dossier sur la fabrique, mondialisée, des élites.

06 mai 2008

Emile Benveniste, vendredi 6 juin 2008

Journée thématique de l’association ConSciLa
Confrontations en Sciences du Langage

Regards croisés sur l’énonciation
Actualité d’Emile Benveniste dans les sciences du langage


Vendredi 6 juin 2008, 9h – 18h
ENS, Amphi Jules Ferry, 29 rue d’Ulm, 75005 Paris

Chaque intervention est suivie de 10 minutes de débat.

9h – 9h30
Emilie Brunet (Université Paris 3 Sorbonne nouvelle) – Rudolf Mahrer (Université Paris 3 Sorbonne nouvelle – Université de Lausanne)
Présentation de la journée

9h30 – 10h
Almuth Grésillon – Jean-Louis Lebrave (ITEM, UMR 8132, CNRS / ENS)
« Génétique et énonciation – mode d’emploi »

10h10-10h40
Irène Fenoglio (ITEM, UMR 8132, CNRS / ENS)
« Les manuscrits d’Emile Benveniste. Déplier l’écriture pensante pour expliciter l’article publié »

10h50-11h : Pause

11h10-11h40
Chloé Laplantine (Université Paris 8, Vincennes – Saint-Denis)
« Poétique d’Emile Benveniste »

11h50-12h20
Jean-Michel Adam (Université de Lausanne)
« Postérité et actualité de la "translinguistique des textes, des œuvres" »

12h30-14h30 : Pause déjeuner

14h30-15h
Sarah de Voguë (Université Paris Ouest Nanterre-La défense – UMR LLF 7110 CNRS / Paris 7)
« L’énonciation dans le lexique : actualité du concept benvenistien d’intégration dans la théorie culiolienne des formes schématiques »

15h10-15h40
Mathieu Valette (UMR ATILF 7118 CNRS / Nancy Université)
« Problématiques cognitives chez Emile Benveniste »

15h40-16h10
François Sauvagnat (Université de Rennes II – EA 4050)
« Quelques remarques sur le dialogue entre Benveniste et Lacan concernant l’énonciation »

16h20-16h35 : Pause

16h35-18h
Jean-Claude Coquet (Paris 8), Gérard Dessons (Paris 8), Claudine Normand (Paris 10), Christian Puech (Paris 3)
Table ronde / Bilan

Contact :
Emilie.Brunet@univ-paris3.fr / Rudolf.Mahrer@unil.ch

Présentation

Alors que sont parus récemment deux ouvrages sur des notions clés des Problèmes de linguistique générale et que les manuscrits de leur auteur connaissent leur premières explorations systématiques , il semble qu’on puisse, à nouveau et utilement, sacrifier au rituel, en se demandant : quelle est, aujourd’hui encore, l’héritage des notions d’Emile Benveniste (1902-1976) dans les sciences du langage ?

Les deux recueils d’articles publiés en 1966 et 1974 par Gallimard et régulièrement réédités depuis ont érigé Benveniste en référence incontournable des sciences du langage, du moins dans les pays francophones . A quoi Benveniste doit-il cette ferveur ? Pas à la diffusion d’une théorie homogène appliquée à un objet d’analyse clairement délimité ; pas, autrement dit, au succès d’une école. Son rayonnement semble plutôt justiciable d’une attitude théorique, qui consiste non pas tant à s’attaquer à des objets positifs et spécifiques de la linguistique, qu’à formuler des « problèmes » qui sont l’abord sémiologique de questions regardant largement les sciences de l’humain. La capacité à inscrire la réflexion linguistique dans l’horizon d’une science de la culture – qui est une anthropologie, en ce que l’homme y est conçu comme un animal symbolique : voilà sans doute une des raisons de la diffusion des écrits de Benveniste au sein du cercle des linguistes et au-delà. De sa méthode – que l’étude des manuscrits récemment (re)découverts pourrait venir éclairer – résulte une façon de produire, au détour d’une analyse, des concepts au long cours : qu’on pense par exemple aux oppositions histoire/discours, sémiotique/sémantique, ou à l’appareil formel de l’énonciation.

Quelque explication qu’on donne à cette postérité, le fait est que nombre de linguistes, travaillant sur des objets très différents s’engagent à parler – ou se désengagent en parlant – « selon Benveniste ». Mais alors : que disent-ils ? De quelles idées Benveniste est-il aujourd’hui considéré comme la caution, la ressource ou, parfois aussi, le fauteur ? Au prix de quelles accommodations les problèmes de linguistique générale sont-ils les solutions de linguistiques spécifiques ? Qu’en est-il aujourd’hui de l’héritage de celui qui – en approfondissant la matrice saussurienne – a été conduit sur les traces de l’énonciation ? Enfin, quel sort connaît cette dernière notion lorsqu’elle est réinvestie par les linguistes contemporains ?

Plutôt qu’une épistémologie externe qui viserait à distinguer les vrais et les faux héritiers, au regard d’une hypothétique orthodoxie, on s’intéressera à la diversité et la diversification de l’héritage. L’idée est d’identifier, non des écarts et des errements, mais la fécondité et l’adaptation des concepts benvenistiens, celui d’énonciation en particulier, selon les milieux théoriques divers où ils sont implantés et où ils opèrent. Une telle démarche comparative est profitable autant pour l’histoire et l’épistémologie de la linguistique que pour son développement. Tel est notre présupposé. C’est pourquoi nous souhaitons réunir quelques-uns des chercheurs contemporains qui parlent et écrivent le plus souvent « selon Benveniste ».


L'association ConSciLa (Confrontations en Sciences du Langage) a été créée en 1990 pour prendre le relais de la revue de linguistique DRLAV revue alors d’avant-garde. Régie par la loi de 1901, elle organise, depuis sa création, des journées scientifiques dont l’objectif est
1) de permettre aux chercheurs en linguistique et sciences du langage en général d’exposer leurs travaux récents ;
2) de favoriser les échanges et discussions entre tenants de divers courants.
Elle a toujours eu pour objectif de maintenir un esprit d'ouverture scientifique et de débat libre. Ses membres sont rassemblés par le désir que des linguistes, depuis leur compétence, leur spécialité ou leur inquiétude particulière, parlent librement et sans exclusive théorique aucune avec d'autres linguistes, afin de participer à l'avancée des sciences du langage dans le souci constant de fonder la cohésion du champ sur l'échange et la réflexion critique.
Dans ce but, ConSciLa tient à son indépendance et à son autonomie et ne fonctionne que sur le budget que représentent les cotisations des adhérents. L’association n’est liée à aucune institution en particulier et ne se maintient que grâce à l’activité bénévole des enseignants et chercheurs qui s’y dévouent.

Le bureau actuel de Conscila est composé de :
Présidente : Irène Fenoglio (Directrice de recherche au CNRS)
Vice-présidente : Jeannine Richard Zappela (Professeur d’Université)
Secrétaire : Claire Doquet-Lacoste (Maître de conférence en IUFM)
Trésorier : Paul Cappeau (Maître de conférence à l’Université)
45 rue d’Ulm, 75005 Paris – conscila@voila.fr

05 mai 2008

Marxisme et philosophie du langage

Patrick SERIOT fera un exposé :

Un interactionnisme anti-Lumières : la philosophie de l'enthymème
chez Voloshinov (nouvelle traduction de "Marxisme et philosophie du
langage", 1929, faussement attribué à M. Bakhtine)
le vendredi 16 mai à 9h30, salle 07
Maison des sciences de l'homme, 54 boulevard Raspail. Métro Sèvres
Babylone.

04 mai 2008

Activités de traduction à Paris

La librairie le Divan, le Théâtre Typographique et l'association Double Change sont heureux de vous inviter le jeudi 8 mai 2008 à 19 heures à une lecture en allemand, français et anglais (américain) de poèmes d'Oskar Pastior, par Rosmarie Waldrop, Bénédicte Vilgrain et Frédéric Forte à l'occasion de la parution de 21 poèmes anagrammes, d'après Hebel, aux éditions du Théâtre Typographique.

Lectures et présentation d'Oskar Pastior, poète de langue allemande, originaire de Roumanie, membre de l'Oulipo, lauréat du prix Büchner 2006, seront aussi l'occasion de boire un verre.

Librairie Le Divan
203, rue de la Convention
75015 Paris - Tél. 01 53 68 90 68
Métro Convention. Vélib' rue de la Convention,
Place Charles Vallin, rue de l'abbé Groult.

Oskar Pastior est né en 1927 à Hermannstadt (Transylvanie, Roumanie) dans une communauté de langue allemande. Déporté de 1945 à 1949 dans l'un des camps de travail soviétiques du Donbass, il fait ensuite des études littérature allemande à Bucarest. Passé à l'Ouest, il s'installe à Berlin en 1969 et son troisième livre paraît en RFA. Oskar Pastior est entré à l'Oulipo en 1992 et il en est l'unique membre de langue allemande. Il a été couronné en 2006 par le Georg-Büchner-Preis, le plus prestigieux des prix littéraires allemands. Il est mort tandis qu'il achevait la rédaction de son discours de réception.

Rosmarie Waldrop est née en Allemagne en 1935, vit aux Etats-Unis et écrit en anglais. Elle traduit de l'allemand - des poètes tels Oskar Pastior et Gerhard Rühm - et du français - l'ouvre d'Edmond Jabès en particulier. Burning Deck, la maison d'édition qu'elle a fondée avec son mari, Keith Waldrop, publie depuis près de cinquante ans de la poésie et de la prose expérimentales. C'est dans la série dichten= consacrée aux traductions de l'allemand qu'a paru en 2001 Many Glove Compartments, une sélection de poèmes d'Oskar Pastior traduits par Harry Mathews, Christopher Middleton et Rosmarie Waldrop.

Bénédicte Vilgrain, née en 1959, édite & imprime (en collaboration avec Bernard Rival), et traduit (de l'allemand surtout) au Théâtre Typographique, Courbevoie, depuis 1984. Depuis 2001 elle publie chez contrat maint, dans des revues ou collectif un montage de traductions (généralement du tibétain) qu'elle intitule : Une Grammaire tibétaine. Prochain chapitre à paraître à Genève chez Héros-Limite.

Frédéric Forte est né à Toulouse en 1973 et vit aujourd'hui à Paris. Il est membre de l'Oulipo.
Il a publié : Discographie (éditions de l'Attente, 2002), Banzuke (éditions de l'Attente, 2002),
N/S (avec Ian Monk, éditions de l'Attente, 2004), Opéras-minute (Théâtre Typographique, 2005), Comment(s) (éditions de l'Attente, 2006) ainsi que des fascicules dans la Bibliothèque Oulipienne. Il travaille actuellement à l'écriture d'un recueil de poèmes autour du Manuel d'ethnographie de Marcel Mauss.

03 mai 2008

Lévi-Strauss

A noter le n° 2269 du Nouvel Observateur sur Claude Lévi-Strauss à l'occasion de son centenaire.

02 mai 2008

seminaire - Rosanvallon

Juste une information rapide: je recois regulierement des mails de SFEDS (Societe des Dix-huitiemistes).

Dans l'Agenda mai 2008, j'ai trouve une information qui peut interesser Polart (notamment le chantier "Debat et democratie"):

mercredi le 14 mai (a 17h) - Seminaire Histoire de la pensee politique
(Paris X Nanterre - Cerphi / Sophiapol),
Pierre ROSANVALLON (College de France) fait, dans le cadre du seminaire d'histoire de la pensee politique, une intervention: "Les metamorphoses de la legitimite democratiques" .

01 mai 2008

Gauchet se lâche : les "aristo" de 68

Une jolie pièce à joindre au chantier "Débat et Démocratie". Marcel Gauchet se révèle plus nu que le roi des réactionnaires dans son révisionnisme de mai 68. Quand le portrait du "libéral-libertaire" en "aristocrate de la démocratie" se prolonge significativement par une charge contre "notre fatal modèle étato-aristo-clérical", on voit bien le glissement du retournement. Voir le CR du Monde ci-dessous.

"Sous ses dehors prophétiques et altruistes, la "génération 68" aurait semé le doute et l'inertie. Elle aurait failli. Des héros, les baby-boomeurs ? Des imposteurs plutôt, dont la société française n'a pas fini de payer les inconséquences, soutient, dans le dernier numéro du Débat, le philosophe Marcel Gauchet.

Sa thèse, sévère mais argumentée, clôt une série d'articles moins significatifs, que cette revue, dont il dirige la rédaction, consacre à "Mai 1968, quarante ans après". Sous le titre "Bilan d'une génération", il dénonce avec véhémence les libéraux-libertaires auxquels cette génération s'identifie : "Le libéral-libertaire est un défenseur résolu de la souveraineté du peuple, mais un contempteur féroce du populisme ; il est l'avocat enflammé de tous les droits en souffrance, mais il n'a pas de mots assez méprisants pour fustiger les "beaufs". Bref, il est un aristocrate de la démocratie, comme seul ce pays pouvait en produire un."

Pour étayer ces accusations, Marcel Gauchet ajoute qu'à ses yeux la génération de 1968 n'a enfanté aucun intellectuel digne de ce nom, mais des "suppôts diversement talentueux et des suiveurs plus ou moins originaux" de Lacan, Derrida, Foucault et Bourdieu. Cette génération de "disciples", comme il l'appelle, a beau porter aux nues la "pensée critique" de ses maîtres, elle ne l'a pas régénérée. Incapable de la dépasser, elle en ânonne les préceptes, un point c'est tout.

Peu importe à ces "disciples" qu'une idée soit juste ou non, ironise Marcel Gauchet, pourvu qu'elle soit "dérangeante". Posture de justicier. Dogme de la dénonciation. Ces travers, à en croire Marcel Gauchet, ont fait beaucoup de dégâts, en particulier dans les médias où les héritiers plus ou moins directs de Mai 68 ont longtemps sévi. Ainsi à Libération, celui de Serge July, et au " Monde de Plenel et Colombani".

Comme c'était prévisible, "la ficelle a fini par se voir, écrit Marcel Gauchet en guise d'épitaphe, et le ton prédicant par se révéler insupportable". Il n'empêche que la "génération 68" a marqué pour le pire la société française. On lui doit, sous l'apparence de la modernité, la perpétuation de nos archaïsmes. Et la consolidation de "notre fatal modèle étato-aristo-clérical", qui fait de la France un pays "en état de sécession endémique vis-à-vis de tout ce qui prétend le diriger ou le représenter".

La responsabilité de cette génération est d'autant plus lourde, explique Marcel Gauchet, qu'à vouloir perpétuer son hégémonie, elle a empêché les générations suivantes d'être elles-mêmes. De s'émanciper. Une "indifférence à la transmission" tout aussi condamnable à ses yeux que la suffisance intellectuelle des baby-boomeurs.

Telle est la thèse développée, quarante ans après 1968, dans l'une des revues françaises les plus influentes. On peut y voir la preuve qu'une page se tourne - le temps de la "génération 68" serait révolu, elle n'en impose plus, l'heure de rendre des comptes a sonné... Ou se dire que Marcel Gauchet force le trait. Qu'il surestime le poids des soixante-huitards en les rendant responsables de tous les maux de la société française : les carences du système éducatif, l'inanité de la vie intellectuelle... Surestimer leur influence est au demeurant à double tranchant. C'est minimiser le rayonnement d'une revue comme Le Débat, où "l'esprit de 68" n'a jamais soufflé."

Le Débat. Mars-avril 2008, 192 p., 16,50 €
Bertrand Le Gendre
Article paru dans l'édition du 29.04.08

JC MILNER : LE PERIPLE STRUCTURAL

Jean-Claude Milner, Le périple structural. Figures et paradigme, édition revue et augmentée
Lagrasse, Verdier, 2008.

L'AFFAIRE "SYLVAIN GOUGUENHEIM" A L'ENS LSH (Lyon) : HISTOIRE, RECRITURE, IDEOLOGIE ET XENOPHOBIE

Je me fais le relais du courrier que je reçois aujourd'hui, 1er mai 2008 : un beau cas historiographique d'hypercivilisationnisme et ses conséquences idéologiques.
Mercredi 30 avril : Le point sur l'Appel des enseignants, chercheurs, personnels, élèves et anciens élèves de l'ENS LSH

Mercredi 30 avril 2008,

L'appel lancé lundi 28 avril par les enseignants, chercheurs, personnels, élèves et anciens élèves de l'ENS LSH rencontre un très large écho. Nous vous transmettons la liste des 100 premiers signataires.
Dans le souci de préserver autant que possible la sérénité pédagogique et la réputation scientifique de l'Ecole, le texte de cet appel et la liste des signataires sont transmis aujourd'hui mercredi 30 avril aux médias qui ont relayés cette affaire. Il s'agit de réaffirmer fermement et collectivement que l'ouvrage de Sylvain Gouguenheim a été découvert avec stupeur par l'ensemble de ses collègues et étudiants de l'ENS LSH, sans qu'à aucun moment, dans aucun des lieux collectifs habituels du travail universitaire (séminaire de recherche, journée d'études, colloque) son auteur n'ait fait état de sa recherche en cours sur «les racines grecques de l'Europe chrétienne». Vis-à-vis des élèves, des enseignants, des chercheurs, des anciens élèves, mais vis-à-vis également des candidats aux concours d'entrée de cette Ecole, Sylvain Gouguenheim a commis, au minimum, une faute, qui procède d'un grave manquement aux principes fondamentaux de la déontologie universitaire.
Dans un souci d'information et pour que chacun puisse prendre la mesure de l'émoi provoqué par cet ouvrage, nous vous indiquons ci-dessous une série de liens vers des articles ou des tribunes -favorables ou défavorables - parus dans la presse nationale et internationale à propos de cette affaire :

Libération du 30 avril 2008 :
http://www.liberation.fr/culture/323911.FR.php
http://www.liberation.fr/rebonds/323893.FR.php
http://www.liberation.fr/culture/livre/323869.FR.php

Télérama du 30 avril 2008 :
http://www.telerama.fr/idees/polemique-autour-d-un-essai-sur-les-racines-de-l-europe,28265.php
http://www.telerama.fr/idees/landerneau-terre-d-islam-par-alain-de-libera,28252.php

International Herald Tribune du 28 avril 2008 :
http://www.iht.com/articles/2008/04/28/europe/politicus.php?page=1

La République des livres (blog de Pierre Assouline), 27 avril 2008 :
http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/04/27/laffaire-aristote-chronique-dun-scandale-annonce/

Suite à notre appel du 28 avril, nous sommes toujours dans l'attente d'une réponse de la part de Sylvain Gouguenheim. Dès qu'elle nous parviendra - si elle nous parvient - nous vous la transmettrons bien sûr immédiatement.
Dans l'attente de cette réponse, vous pouvez consulter l'intégralité de l'entretien que Sylvain Gouguenheim a accordé au Monde des livres le 25 avril 2008 :

http://www.lemonde.fr/livres/article/2008/04/24/on-me-prete-des-intentions-que-je-n-ai-pas_1037824_3260.html?xtor=RSS-3260

Pour conclure, nous voudrions encourager les destinataires de cet appel à prendre connaissance du contenu de l'ouvrage Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne (Seuil, coll. «L'Univers historique», 2008). Merci de diffuser cet appel aussi largement que possible, en particulier en direction des anciens élèves de l'Ecole.






Appel des enseignants, chercheurs, personnels, élèves et anciens élèves de l'ENS-LSH

1- Un enseignant de l'ENS-LSH, M. Sylvain Gouguenheim, professeur d'histoire médiévale, vient de faire paraître dans la collection «L'Univers historique» au Seuil un ouvrage, Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne, qui entreprend de réviser l'idée d'une participation du monde islamique à l'élaboration des savoirs en Europe à l'époque médiévale. Les assises méthodologiques et les thèses de ce livre sont discutables et actuellement discutées par la communauté des spécialistes de cette période, historiens et philosophes (voir l'article de Julien Loiseau et Gabriel Martinez-Gros, paru dans Le Monde des livres du 25 avril 2008, ceux d'Alain de Libéra et d'Hélène Bellosta dont des extraits ont été publiés dans ce même numéro). Dans un souci d'information, nous avons joint également à ce dossier documentaire les articles favorables de Roger Pol-Droit (Le Monde des Livres, 4 avril 2008) et de Stéphane Boiron (Le Figaro, 17 avril 2008).

2- Il est tout à fait légitime qu'un chercheur puisse défendre et faire valoir son point de vue, surtout lorsque celui-ci est inattendu et iconoclaste ; il appartient alors aux spécialistes de répondre à ses arguments et de les contester le cas échéant. C'est ce que font les collègues dont nous avons reproduit les contributions dans le dossier ci-joint (PDF). Nous appelons d'ailleurs à prolonger ce débat intellectuel dans des journées d'études qui seront organisées à l'ENS LSH à l'automne 2008.
Malheureusement, l'affaire semble bien dépasser la simple expression de thèses scientifiques. L'ouvrage de Sylvain Gouguenheim contient un certain nombre de jugements de valeur et de prises de position idéologiques à propos de l'islam ; il sert actuellement d'argumentaire à des groupes xénophobes et islamophobes qui s'expriment ouvertement sur internet. Par ailleurs, des passages entiers de son livre ont été publiés sur ces blogs, au mot près, plusieurs mois avant sa parution.
On trouve également sur internet des déclarations qui posent question, signées «Sylvain Gouguenheim» (commentaire sur le site Amazon, 16 avril 2002) ou «Sylvain G.» (site Occidentalis, 8 novembre 2006). Bien évidemment, et nous en sommes parfaitement conscients, rien de ce qui circule sur internet n'est a priori certain, mais, au minimum, ces points méritent une explication et, le cas échéant, une enquête approfondie. Nous ne sommes pas du tout convaincus par les arguments fournis par Sylvain Gouguenheim au Monde des livres («J'ai donné depuis cinq ans [...] des extraits de mon livre à de multiples personnes. Je suis totalement ignorant de ce que les unes et les autres ont pu ensuite en faire»).

3- L'ENS-LSH, institution laïque, républicaine et humaniste, à laquelle Sylvain Gouguenheim appartient et dont il tire pour bonne part sa légitimité, ne peut, par son silence, cautionner de telles déclarations.
- Nous, enseignants, chercheurs, élèves et anciens élèves de l'Ecole normale supérieure Lettres et sciences humaines, affirmons solennellement que les prises de position idéologiques de Sylvain Gouguenheim n'engagent en rien les membres de son Ecole.
- En nous gardant des querelles corporatistes, des conflits de personnes et des récupérations de tous ordres, nous souhaitons réaffirmer avec force notre attachement à la nécessaire distinction entre recherche scientifique et passions idéologiques.
- Nous demandons une enquête informatique approfondie sur les points évoqués plus haut.
- Nous demandons que toutes les mesures nécessaires soient prises afin de préserver la sérénité pédagogique et la réputation scientifique de l'ENS LSH.

Afin que chacun puisse être informé des enjeux de cette affaire et se forger sa propre opinion, il est important que cet appel soit diffusé le plus rapidement et le plus largement possible, accompagné de sa pièce jointe (PDF). Ce texte est envoyé aujourd'hui lundi 28 avril à tous les enseignants et élèves de l'ENS LSH. Merci de le faire circuler, en particulier en direction des anciens élèves.
Pour témoigner de votre soutien et pour relayer cet appel, merci d'écrire à petition@ens-lsh.fr en indiquant vos noms, prénoms et fonctions (enseignant/e, enseignant/e-chercheur/e, chercheur/e, élève, auditeur/trice, ancien/ne élève, etc.).
Liste des 100 premiers signataires :

Abbès Makram (MC Etudes arabes, ENS LSH)
Abécassis Frédéric (MC Histoire, ENS LSH)
Allais Pascal (Ingénieur de recherche, Laboratoire Triangle, ENS LSH)
Al-Matary Sarah (ancienne élève, Lettres modernes 2000, ATER Université Lyon 2)
Angaut Jean-Christophe (MC Philosophie, ENS LSH)
Auclerc Benoît (Agrégé répétiteur, littérature française, ENS LSH)
Autin Gauthier (ancien élève, philosophie 1997, ATER Université de Franche-Comté)
Azoulay Vincent (ancien élève, Histoire 1993, MC Université Paris-Est Marne-la-Vallée)
Babou Igor (MC Information-Communication, ENS LSH)
Balmer Yves (PRAG, Musique et Musicologie, ENS LSH)
Barthélémy Pascale (MC Histoire, ENS LSH)
Benaini Samia (auditrice Philosophie, ENS LSH)
Bentouhami Hourya (ancienne élève, philosophie 2000, doctorante, Université Paris 7).
Biard Joël (ancien élève, philosophie 1972 PU Université de Tours)
Bonzon Anne (ancienne élève, Histoire 1984, MC Lille 3)
Briquet Jean-Louis, (ancien élève, Lettres modernes 1982, Directeur de recherche CNRS)
Brun Christophe (ancien élève, Histoire 1988, enseignant Histoire - Géographie, Créteil)
Carton-Vincent Alison (élève ENS LSH, 4ème année, Etudes Italiennes)
Cassagnau Laurent (MC Etudes germaniques, ENS-LSH)
Chamayou Grégoire (ancien élève, philosophie 1997, chercheur Institut de France)
Charbonnier Pierre (élève ENS LSH, 4ème année, philosophie)
Chareix Fabien (ancien élève, Philosophie 1991, MC Université Paris 4)
Chassain Adrien (élève ENS LSH, 1ère année, Lettres modernes)
Confavreux Joseph (ancien élève, Histoire 1994)
Cusset François (ancien élève, Lettres modernes 1988)
Dayre Eric (PU de Littérature Générale et Comparée, ENS-LSH)
De La Porte des Vaux Xavier (ancien élève, Lettres modernes 1995)
Defer Johann (élève ENS LSH, 4ème année, Littérature française)
Deliau-Lagrée Jacqueline (ancienne élève, Philosophie 1965, PU Université Rennes 1 ; veuve de Michel Lagrée, historien et ancien élève de l'Ecole)
Descendre Romain (MC Etudes italiennes, ENS LSH)
Detrez Christine (MC Sociologie, ENS LSH)
Deville-Fradin Valentine (auditrice Etudes théâtrales, ENS LSH)
Doganis Basile (MC, Langue et civilisation japonaises, ENS-LSH)
Dollé Thomas, (élève ENS LSH, M1 sociologie)
Douki Caroline (ancienne élève, Histoire 1985, MC Université Paris 8)
Dubois, Christian (ancien élève, Philosophie 1981, Professeur de chaire supérieure, Dijon)
Dufaux Frédéric (ancien élève, Géographie 1984, MC Paris 10)
Duhamelle Christophe (ancien élève, Histoire 1985, MC Université d'Amiens)
Faivre Laetitia (élève ENS LSH, Etudes germaniques)
Fischbach Franck (ancien élève, philosophie 1987, PU Toulouse 2)
Foa Jérémie (ancien élève, Histoire 1998, ATER Université Clermont-Ferrand 2)
Fournel Jean-Louis (ancien élève, Etudes italiennes 1979, PU Université Paris 8, Président du collectif «Sauvons l'Université»)
Franceschelli Sara (MC Epistémologie et histoire des sciences, ENS LSH)
Gallard Pierre-Yves (élève ENS-LSH, Lettres Modernes)
Gautheron Marie (PRAG, Section Arts, ENS LSH)
Gerbier Laurent (ancien élève, philosophie 1991, MC Université de Tours)
Gleize Jean-Marie (PU Littérature française, ENS LSH)
Gobille Boris (MC Science politique, ENS LSH)
Grellard Christophe (ancien élève, philosophie 1994, MC Université de Paris 1)
Henri-Panabiere Gaële (docteure, Sociologie, GRS - ENS LSH)
Insergueix Andréa (élève ENS LSH, Sociologie)
Jourde Michel (MC Littérature française, ENS LSH)
Kolesnik Delphine (MC Philosophie, ENS-LSH)
Lahire Bernard (PU Sociologie, ENS LSH)
Lambert Edwige (Ingénieur d'études, ENS LSH)
Larre David (ancien élève, Philosophie 1993, ATER)
Le Marec Joëlle (PU Information-Communication, ENS LSH)
Le Meur Chloé (élève ENS LSH, Lettres Modernes)
Lejosne-Guigon Renaud (élève ENS LSH, Lettres modernes)
Lemire Vincent (PRAG, responsable du suivi pédagogique des élèves, ENS LSH)
Lenormand Marc (élève ENS LSH, Etudes Anglophones)
Leval-Duché Boris (élève ENS LSH, Histoire)
Litvine Alexis, (élève ENS LSH, Histoire)
Loyer Emmanuelle (ancienne élève, Histoire 1987, PU Sciences Po)
Luchtmeier Eva (AMN Etudes germaniques, ENS-LSH)
Maître Anne (Responsable des Fonds slaves, Bibliothèque ENS LSH)
Mansouri Wided (Lectrice en Arabe, ENS LSH)
Marmande Francis (ancien élève, Lettres modernes 1966, PU Université Paris 7)
Martin Sylvie (PU Etudes slaves, ENS LSH)
Massit-Folléa Françoise (PRAG Sciences de l'information et de la communication, ENS LSH)
Mazeau Guillaume (ancien élève, Histoire 1995, enseignant au lycée Béhal de Lens)
Miard-Delacroix Hélène (PU Etudes germaniques, ENS LSH)
Minard Philippe (ancien élève, Histoire 1982, PU Université Paris 8 – EHESS)
Moioli Aurélie (élève ENS LSH, Lettres modernes)
Montel Elise (élève ENS LSH, Etudes italiennes)
Moreau Pierre-François (PU Philosophie, ENS LSH)
Naya Emmanuel (MC Lettres modernes Université Lyon 2, UMR 5037)
Ottaviani Didier (MC Philosophie, ENS LSH)
Pignot Manon (ancienne élève, Histoire 1998, ATER Paris 10)
Regard Frédéric (PU Etudes anglophones, ENS LSH)
Regnard-Drouot Céline (ancienne élève, Histoire 1997, MC Aix-Marseille 1)
Reguig-Naya Delphine (ancienne élève, Lettres modernes1995, MC Université Paris IV)
Renault Emmanuel (MC Philosophie, ENS LSH)
Reverdy Anne (auditrice ENS LSH, M2 Littérature française)
Rollinger Gaëlle (élève ENS LSH, Section Arts)
Saïdi Samantha (Ingénieur d'études, Laboratoire Triangle, ENS LSH)
Salmon Marie (auditrice Philosophie, ENS LSH)
Sarfati-Lanter Judith (ancienne élève, Lettres modernes 1997, ATER Université Bordeaux 3)
Senellart Michel (PU philosophie, ENS-LSH)
Sibertin-Blanc Guillaume (ancien élève, Philosophie 1998, ATER Lille 3)
Tanon Fabienne (MC, Chargée du suivi pédagogique des élèves étrangers, ENS LSH)
Tissier Jean-Louis (ancien élève, Géographie 1968, PU Paris 1)
Toubert Victor (élève ENS LSH, Philosophie)
Traversier Mélanie (ATER Histoire, ENS LSH)
Van den Avenne Cécile (MC Sciences du langage, ENS LSH)
Verger Mathias (élève ENS LSH, Lettres modernes)
Vincent Julien (ancien élève, Histoire 1995, ATER Université Paris 8)
Vogel Marie (MC Sociologie, ENS LSH)
Wang Frédéric (MC Etudes chinoises, ENS LSH)
Wittmann David (ancien élève, Philosophie 2000, AMN Université de Tours)
Wluczka Amélie (élève ENS LSH, Histoire)
Zancarini Jean-Claude (PU Etudes italiennes, ENS LSH)