26 décembre 2008

POUR SORTIR DU POSTMODERNE - HENRI MESCHONNIC

Pour sortir du postmoderne, Paris, Klincksieck, 2009.


Si ce livre est « pour », c'est parce qu'il est un « contre ». Contre le cumul inimaginable de clichés culturels qui font la masse des académismes, des idées reçues sur ce qui est moderne et ce qui ne l'est pas, et sur ce qui aurait dépassé la modernité (on ne sait plus combien de sens a ce mot) et qui se dénomme le postmodernisme.Alors on peut se demander d'où et comment on pourrait en faire la critique, d'où et comment on pourrait rire et faire partager ce rire. La comédie est ici celle du sérieux. C'est la farce de la pensée.Eh bien elle vient du poème, qui apprend à rire du signe, elle vient du continu corps-langage qui apprend à rire des formes diverses du discontinu. C'est cette folie de rire de la folie qui n'est pas vue comme une folie, puisqu'elle se prend tellement au sérieux qu'on la prend au sérieux. Alors vous êtes conviés à ce rire. Je ne connais rien de plus sérieux.

Henri Meschonnic

18 décembre 2008

Politique des langues - aperçu de la situation irakienne

Info transmise sur la liste de diffusion de la SAES (Société des Anglicistes) :

Mathieu Guidère, Irak in Translation ou De l’art de perdre une guerre sans connaître la langue de son adversaire

Editions Jacob-Duvernet, 2008.

Dans toute guerre, il existe une erreur originelle. L’erreur américaine en Irak a été de croire que l’on pouvait démocratiser un pays sans même connaître sa langue, que la technologie pouvait remplacer l’humain, que la manipulation pouvait se substituer à la persuasion, bref que l’on
pouvait gagner les cœurs et les esprits en ignorant la culture d’autrui.

De cette erreur originelle découlent bien des horreurs qui ont défrayé la chronique. Car toute guerre engendre ses « Bons » et ses « Méchants » mais aussi ses « Traîtres » et ses « Collabos ». Celle d’Irak ne déroge pas à la règle, mais elle se distingue par la mise en avant d’un nouveau
genre de traîtres : les interprètes et les traducteurs, pourtant censés aider les Américains à pacifier le pays. Or, il n’en est rien.

Ce livre propose un voyage au cœur du chaos irakien en suivant la trace de ceux-là mêmes qui le connaissent le mieux : ces auxiliaires, traducteurs et interprètes, qui ont travaillé ou qui travaillent toujours pour les Américains, mais qui sont perçus et traités comme des « traîtres » et des « collabos » par leurs compatriotes.

Ceux que les Américains appellent des « linguistes » ont payé le plus lourd tribut dans cette guerre qui n’en finit pas de faire des victimes. Mais ces intermédiaires culturels indispensables à la pacification du pays ont été accusés de trahison et de félonie des deux côtés, de la part des Américains comme de la part des Irakiens.

Qui sont ces auxiliaires de l’armée américaine ? D’où viennent-ils et que font-ils ? Comment sont-ils recrutés et que deviennent-ils par la suite ? Enquête sur un véritable scandale à l’heure où les États-Unis élisent un nouveau président.

L’auteur explore les raisons profondes de l’échec américain en Irak. Il explique, à partir d’une enquête détaillée et inédite, pourquoi les forces de la coalition n’ont jamais atteint leur objectif premier dans cette guerre, gagner les cœurs et les esprits contre l’extrémisme et la barbarie.

L’auteur : Mathieu Guidère est professeur à l’Université de Genève et ancien
directeur de recherches à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Il
est l’auteur de plusieurs ouvrages dont : Introduction à la
traductologie
(De Boeck, 2008), Le Manuel de recrutement d’Al-Qaïda
(Éditions du Seuil, 2006) et Al-Qaïda à la conquête du Maghreb (Éditions
du Rocher, 2007).

15 décembre 2008

Où il est question de Napoléon-V-le-minuscule. De la nécessité d'une recherche en littérature pour cette seule raison.

L'histoire se répète ? Non. Mais la littérature conserve son actualité critique, son caractère intempestif. Ces lignes de Victor Hugo qui parleront à plus d'un d'entre nous :
"Que peut-il ? Tout. Qu'a-t-il fait ? Rien. Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l'Europe peut-être. Seulement voilà, il a pris la France et n'en sait rien faire. Dieu sait pourtant que le Président se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c'est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide. L'homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux.Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse. Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme, il est impossible que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise. On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l'insulte et la bafoue ! Triste spectacle que celui du galop, à travers l'absurde, d'un homme médiocre échappé."

Victor HUGO, Napoléon, le petit.

La recherche et le doctorat comme instruments du divin capitalisme

Voici ce que je reçois comme enseignant-chercheur de l'Université de Franche-Comté. Il s'agit d'un papier émanant de l'Ecole Doctorale représentant le secteur Lettres et Sciences humaines. Je me permets de citer ce document, révélateur de la capacité d'adaptation idéologique de certains enseignants-chercheurs au néo-libéralisme. En bons élèves du Ministère et excellents adeptes de la Doctrine officielle, ils sont prêts à sacrifier ce dont ils ont eux-mêmes bénéficié par le passé, leur assurant la compétence qui est aujourd'hui la leur. On appréciera la réduction du monde du travail à celui de l'entreprise, érigé en modèle. Entreprise est le devenu le signifiant religieux de notre époque. On goûtera le plus burlesque, sous la plume d'universitaires, le reproche dont ce texte se fait l'écho quant à la "spécialisation trop poussée" des doctorants. Sans blague ?


"École doctorale Langages, espaces, temps, sociétés - Université de Franche-Comté.
Préparation du forum doctorants-entreprises


L’École doctorale n° 38 Langages, espaces, temps, sociétés est une école pluridisciplinaire, couvrant l’ensemble du champ des Sciences humaines et sociales et les sciences juridiques. Elle accueille un nombre important de doctorants, puisque plus d’un tiers des doctorants de l’université de Franche-Comté y sont inscrits. Ce volume et cette diversité disciplinaire font la richesse de l’École. En revanche, nos doctorants ont fréquemment le sentiment de travailler en quelque sorte en aveugle, en raison de l’étroitesse de leurs débouchés et de l’insuffisance du suivi de leur recherche. De fait, la trop grande rareté des financements, la durée moyenne élevée de préparation des thèses, ainsi que l’ignorance réciproque dans laquelle se tiennent généralement les doctorants d’un côté et le monde du travail de l’autre sont un handicap à leur insertion professionnelle. Cette ignorance est particulièrement nette à l’égard des entreprises privées. Pourtant le monde de l’entreprise peut offrir aux jeunes docteurs un espace où il leur est possible de mettre à profit les connaissances et les compétences de haut niveau qu’ils ont acquises au cours de leur formation doctorale.
De façon générale, les employeurs reprochent aux jeunes docteurs leur méconnaissance de l’entreprise, leur éloignement des préoccupations du monde du travail et une spécialisation très poussée. Ils souhaitent notamment que les compétences des docteurs et post-doc soient plus visibles et plus lisibles. Pourtant, ils recherchent des profils possédant de fortes capacités de développement à moyen et à long terme, auxquels correspondent justement les jeunes docteurs. Quant aux docteurs et post-doc, ils savent rarement identifier leurs compétences et leurs expériences développées par la formation à la recherche, et surtout les traduire dans le langage de l’entreprise et en enjeux socio-économique. Peu d’entre eux, par exemple, intègrent leur thèse dans leur CV comme une expérience professionnelle. Et pourtant, les docteurs en SHS ont acquis au cours de leur thèse des connaissances, des compétences et une réflexion méthodologique les mettant souvent en position de produire des innovations. Bref, il est nécessaire de permettre aux uns comme aux autres de se rencontrer, et c’est dans ce but que l’École doctorale LETS a entrepris d’organiser un forum doctorants-entreprise.

Nous souhaitons associer l’ensemble des laboratoires et leurs représentants à la préparation de ce forum et des actions qui le prolongeront. Plus précisément, il convient de constituer un comité de pilotage chargé d’organiser la collaboration entre l’École doctorale LETS et les différents partenaires engagés dans cette entreprise, à savoir la mission stages emploi, la MSHE Ledoux, les équipes de recherche, Synergie entreprises, l’observatoire de la vie étudiante, l’association A’doc, ainsi que des partenaires extérieurs à l’université, le Conseil Régional de Franche-Comté, mais aussi l’Apec, Inter-Unec, le Medef, des acteurs de l’emploi et des employeurs.
Ce groupe de travail aura pour tâche dans l’immédiat de préparer le premier forum doctorants-entreprise d’avril 2009. Celui-ci ne doit pas prendre la forme d’une succession d’exposés présentés par chacun des représentants de l’opération, ce qui serait l’organisation la plus fastidieuse et la plus ennuyeuse. Le système de tables rondes avec participation du public animées par un modérateur nous semble préférable. D’autres modalités d’organisation peuvent évidemment être imaginées.
Nous souhaitons que les laboratoires participent activement à la mise sur pied de cette manifestation en proposant
- la participation de jeunes docteurs ;
- l’invitation de professionnels travaillant dans un domaine proche de leur champ disciplinaire ;
- des collègues ou doctorants acceptant de participer aux tables rondes et/ou de les animer.
En conséquence, il est nécessaire que certains d’entre nous constituent, en collaboration avec Ludovic Jeannin, un comité de pilotage qui aura pour tâche de construire le programme de cette journée, en veillant à ce qu’elle permette de présenter de manière attractive les compétences de nos docteurs et les formations dont ils bénéficient.
Nous vous invitons donc à diffuser ces informations auprès des membres de vos équipes de recherche et de les inviter à présenter des propositions, afin que nous puissions engager la discussion et l’organisation du projet lors du prochain conseil de l’École doctorale de janvier 2009.

Le Bureau de l’ED LETS "

14 décembre 2008

CPU : ACTION DU 18 DECEMBRE 2008.

Information délivrée par M.-P. Gaviano (SLR) :
Jeudi prochain, 18 décembre, aura lieu le matin une réunion plénière de la Conférence des Présidents d'Université visant à en renouveler le bureau. C'est une occasion unique de les interpeller collectivement sur les réformes en cours : statut des enseignants-chercheurs, mastérisation des concours d'enseignement, et plus largement l'ensemble des mesures contenues dans la loi LRU, sans oublier le démantèlement des organismes de recherche. La LRU a donné aux présidents d'université des pouvoirs importants, y compris celui d'empêcher de fait la mise en place de nombre de ces mesures. A cet effet, une lettre ouverte leur sera remise.SLR et SLU appellent donc l'ensemble des personnels de la recherche et de l'enseignement supérieur et les étudiants à se rassemblerJEUDI 18 DECEMBRE, 9H du matin,au siège de la CPU, Maison des universités, 101-103 Bd St-Michel, Paris Ve (à la sortie du RER Luxembourg coté rue de l'Abbé de l'épée (=côté Ulm))Voir http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?rubrique4

L'université de Franche-Comté et son président Machiavel

La dotation 2009 de l'Université de Franche-Comté est marquée par une imprévisible augmentation, richesse inespérée et tellement attendue, puisque dans sa munificence Mme la Ministre accorde donc + 1 % !
Il n'y a plus qu'à se courber et remercier, ô divinité suprême !, le gouvernement pour sa volonté tant affichée de valoriser les universités, les métiers et le sort des étudiants.
A ce propos, Valérie Pécresse a annoncé la semaine dernière que les critères de dotation seraient revus : non par le nombre d'étudiants inscrits mais par ceux qui sont présents aux partiels ! Nette amélioration comme vous le constatez !
Par ailleurs, après cette augmentation de 1 %, l'Université de Franche-Comté sera concernée par 5 suppressions de postes d'enseignants-chercheurs et de 2 suppressions côté BIATOSS.
Naturellement toutes ces informations n'ont été à aucun moment délivrées par le Président de l'Université à ses collègues...
Dernière chose : le rapprochement avec l'Université de Bourgogne dans le cadre d'un PRES est depuis longtemps acté. Le terme de fusion, en revanche, souvent proscrit. Un article de "L'Est républicain" vient de révéler qu'il n'en est rien, et que la fusion est bien à l'ordre du jour. Le Président de l'Université, Claude Condé, interrogé là-dessus a répondu qu'il était favorable à la fusion (il n'a eu de cesse de marteler en public l'inverse...) mais que Valérie Pécresse s'y opposait... A Machiavel Machiavel et demi.

13 décembre 2008

LA BIBLIOMETRIE SELON JOURDE

Pierre Jourde parviendra-il à vous faire sourire de la bibliométrie?

Les facéties de la bibliométrie. Comment devenir le chercheur du mois

Par Pierre Jourde, vendredi 12 décembre 2008 à 09:34 (575 vues, permalink, rss co) :: Invités

Article publié par Le Monde Diplomatique, décembre 2008.
La scène se déroule loin de la lumière du jour, dans les profondeurs inquiétantes d’un bunker. Berlin en 1945? Moscou en 1952? Non, Paris, 2008, 3e arrondissement. Dans la salle, non pas des apparatchiks, des bureaucrates couleur de muraille, mais quelques-uns des plus brillants représentants de l’université et des organismes de recherche français: membres du Conseil national des universités (CNU), du comité national du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et des laboratoires de Paris et d’Ile-de-France. L’élite des intellectuels.
On a du mal à se défendre de l’idée que les lieux affectés à la recherche et à l’enseignement, en France, ceux où l’on réfléchit, cherche, transmet le savoir, et qui évoquent généralement plus un commissariat dans la Roumanie de Nicolae Ceausescu que les universités italiennes, britanniques ou américaines, participent d’un mépris généralisé de la pensée et d’un bizutage des universitaires. Mais on écarte vite ces frivolités, l’affaire est autrement sérieuse. Les graves personnages assis à la tribune, face à cet aréopage de grands esprits, l’annoncent d’emblée : «Nous sommes là pour le pilotage de la recherche.» En effet.
Miracle de PowerPoint, un grand écran s’allume et affiche l’image d’un tableau de bord d’Airbus. Ah, mais oui, bien sûr, le pilotage de la recherche, c’est tout à fait clair. La lumière se fait dans le cerveau des chercheurs présents, ils sont très intelligents, pas besoin de plus d’une image pour leur faire comprendre.
Tout de même, ce sont des penseurs, on connaît ça, il faut les remuer. Bougeons. «Il faut maintenant empoigner le taureau par les cornes», déclare, impérieux, l’orateur. L’écran affiche à présent, non pas une tête de veau vinaigrette, non pas un parapluie, mais, incroyable, une splendide silhouette de taureau. L’image juste sur le mot juste. De quoi motiver un peu cette bande d’intellos. De quoi s’agit-il au juste? De proposer des stages découverte dans les cuisines d’un McDo? Des reconversions dans la vente d’appareils électroménagers? Pas du tout. L’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur ([Aeres|http://www.aeres-evaluation.fr/), avec son bunker, ses images d’Airbus et de cornes de taureau, est l’organisme chargé par le gouvernement d’évaluer la recherche en France. C’est-à-dire de mettre au point des systèmes de mesure permettant de classer, donc de doter, les centres de recherche, et de déterminer la carrière des chercheurs suivant la valeur estimée de leurs travaux.
Tout de suite, on est en confiance. Des gens capables d’une telle finesse (Airbus, taureau) ne peuvent qu’effectuer un fin travail d’évaluation. Quant aux chercheurs présents, ils sont censés classer les revues scientifiques (A, B, C). En gros, plus on publie dans de bonnes revues (A), plus on est un bon chercheur. Si vous publiez un article dans une petite revue de Varsovie, peu citée (C), pas bon. Si vous publiez dans une revue américaine à forte diffusion (A), vous êtes nettement plus intelligent et c’est excellent pour votre carrière.
Ajoutons le «facteur d’impact», qui mesure le rapport entre le nombre d’articles citant un chercheur et le nombre d’articles que ce chercheur a publiés, sans compter le facteur H, le facteur G et autres affriolants machins que l’universitaire désormais s’amusera à bricoler pour mesurer sa propre importance. Ça l’occupera. La «bibliométrie», c’est ça.
Evidemment, il fallait s’y attendre avec ces intellectuels frileux, conservateurs, repliés sur leurs privilèges catégoriels, ça se passe mal. Depuis des semaines, les pétitions se multiplient, parmi les chercheurs, pour dénoncer le système d’évaluation. Le mouvement est parti des pays anglo-saxons, où l’on a mis au point ces systèmes, et sur le modèle desquels se calque la France. Les directeurs de dizaines de prestigieuses revues internationales d’histoire des sciences ont publié un communiqué commun pour refuser que leurs publications soient utilisées dans l’évaluation bibliométrique. Ils dénoncent les critères de l’European Reference Index for the Humanities (ERIH), dont s’inspirent largement ceux de l’Aeres, en ces termes peu amènes: «L’ERIH repose sur une incompréhension fondamentale des modes de développement et de publication de la recherche dans nos disciplines et dans les sciences humaines en général. La qualité des revues ne peut être séparée de leur contenu et de leurs méthodes éditoriales. Une recherche importante peut être publiée n’importe où, dans quelque langue que ce soit. Un travail révolutionnaire a plus de chances de surgir sur des supports marginaux, dissidents ou inattendus que dans des lieux institutionnels bien établis (1).»
Des associations internationales de mathématiciens (et, parmi elles, l’Union mathématique internationale, qui décerne la médaille Fields (2)) ont publié un rapport qui dénonce les gros sabots et la rusticité des outils statistiques sur lesquels se fondent les classements de revues de l’ERIH. Pour Peter Lawrence, professeur à Cambridge, le principal résultat de la bibliométrie, c’est que «l’objectif principal des savants n’est plus de faire des découvertes mais de publier autant que possible », de sorte que « l’utilité, la qualité et l’objectivité des articles se sont dégradées (3)». Même l’une des grandes théoriciennes de l’«impact», Anne-Wil Harzing, professeure à l’université de Melbourne, vient de publier, avec Nancy Adler, professeure à McGill (Montréal), un long article dans lequel elle remet sérieusement en question les effets de la bibliométrie (4).
En France, plusieurs pétitions et textes circulent pour s’opposer au classement des revues (5). Des chercheurs chargés de cette opération quittent l’Aeres. Certaines commissions (arts, langues, sciences du langage notamment) refusent tout bonnement d’y procéder. Cela a donné lieu à des séances houleuses et à des tentatives de repli plutôt burlesques, comme celle qui consiste à proposer de dresser la liste des revues sans les hiérarchiser (autant publier une bibliographie).
Quels sont les arguments de ces ennemis de la modernité bibliométrique, qui ont récemment contraint l’Aeres à renoncer pour l’instant à classer les revues en littérature française et littérature comparée? Ils prétendent que les revues anglo-saxonnes sont surévaluées par ces estimations, sans rapport avec leurs qualités réelles; que cette surévaluation provoquera la fuite des textes européens dans ces revues et qu’ainsi la bibliométrie provoque ce qu’elle prétend mesurer; que des revues roumaines ou libanaises en français tombent dans les profondeurs du classement, excellente façon de défendre la culture française à l’étranger; que c’est offrir une rente de situation à certaines revues qui n’ont plus qu’à dormir sur leurs lauriers pour l’éternité; que le critère principal de publication dans un titre prestigieux n’est pas nécessairement la qualité scientifique; que la recherche audacieuse est souvent diffusée dans de jeunes revues méconnues; que ces critères sont en réalité quantitatifs et n’ont pas de sens pour mesurer la qualité d’un travail; que c’est souvent le temps qui fait apparaître l’importance des recherches; que la qualité d’une revue ne se mesure pas à sa diffusion, ni la qualité d’un texte au renom de qui l’accueille; qu’il y a, notamment en sciences humaines, abondance de documents fondamentaux sur des supports rares et confidentiels; que ce «fichage» condamne d’avance les créations de revues novatrices et audacieuses; que les bouleversements de la connaissance se sont faits souvent en dehors ou à l’encontre des institutions bien établies auxquelles l’Aeres décerne ses satisfecit; que la quantité des citations mesure les modes intellectuelles, les positions de pouvoir et l’audience d’un auteur plus que la qualité de l’article cité; que tout cela ne peut produire qu’un aplatissement et une servilité de la pensée.
Certains vétilleux, comme Olivier Boulnois, médiéviste, philosophe, directeur d’études de l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), vont même jusqu’à examiner en détail les listes de l’Aeres. Ils y remarquent des revues essentielles classées B, des revues inexistantes dûment répertoriées, des périodiques classés deux fois, A ou B.
D’autres s’amusent à calculer la cote d’Aristote et de Platon selon les critères bibliométriques. Très médiocre : ces piètres chercheurs grecs végéteront toute leur vie à des postes subalternes. Emmanuel Kant est mieux noté, mais nettement moins que Dov Gabbay. Albert Einstein ou Mikhaïl Bakhtine auraient du mal à obtenir une augmentation et des crédits de recherche. Le facteur d’impact de Laurent Lafforgue était nul lorsqu’il a obtenu la médaille Fields. Bref, n’importe quoi.
Tout cela ne doit pas arrêter le progrès. Pilotons la recherche, prenons le taureau par les cornes. Un bon pilotage se doit d’être automatisé, standardisé, mécanisé. Surtout ne pensons pas, comptons. Au moins, cela aura toute l’apparence de l’objectivité. Comptons, c’est ainsi qu’on encouragera la recherche, l’audace, l’originalité.
On pourrait, d’ailleurs, encore améliorer le système de classement, et, outre les séances de motivation avec PowerPoint, s’inspirer utilement des pratiques de management de McDo. Le meilleur vendeur de cheeseburgers est classé employé du mois. Il serait souhaitable, à l’astrophysicien ou à l’archéologue méritant, d’accorder le titre de chercheur du mois. Un chef de cabinet l’embrasserait sur les deux joues, on accrocherait sa photographie à l’Aeres, tout au fond du bunker, et là, enfin, on aurait pris le taureau par les cornes.

(1) Texte complet (en anglais) sur le blog de Medical Museon.

(2) Du nom d’un mathématicien canadien, John Fields (1863-1932). Ce prix, équivalent du Nobel, est attribué tous les quatre ans à un mathématicien de moins de 40 ans.

(3) Cité par Nancy Adler et Anne-Wil Harzing, «When knowledge wins: Transcending the sense and nonsense of academic rankings», Academy of Management Learning & Education, vol. 8, nº 1, New York, 2008.

(4) «When knowledge wins...», op. cit.

(5) Cf. entre autres "Sauvons l’université !", par P. Jourde

08 décembre 2008

VALERIE PECRESSE : APRES LA FARCE ET LES MENSONGES, LA REACTION DES SENATEURS - 28 novembre 2008

Adepte du mensonge, et des grandes annonces médiatiques, Valérie Pécresse qui pratique une politique dirigiste et autoritariste à l'égard des universités (la logique du Soviet suprême), empile depuis plus d'un an des lois et des directives improvisées et précipitées avec une méconnaissance très grave du terrain proche de l'incompétence, tout ceci sans l'ombre d'une concertation avec l'ensemble du corps universitaire, largement bafoué et méprisé. Colère, rage et ressentiment. Au-delà de la farce tragique de la mastérisation des diplômes, de la modulation des services, de la concentration des pouvoirs aux mains des présidents d'universités, de la libéralisation massive, de la casse du métier d'enseignant-chercheur prétendument revalorisé, l'affaire du budget 2009, et quelques réactions des sénateurs données par Sylvestre Huet via "Libération" à l'adresse suivante : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2008/12/budget-2009-qua.html#more. En voici l'extrait.


Le budget 2009 de l'enseignement supérieur et de la recherche présenté par Valérie Pécresse est-il bon ? Oui, répondent les sénateurs soutenant le gouvernement. Non, rétorquent ceux de gauche. Jeu de rôle convenu. Pourtant, à éplucher le compte-rendu analytique de la scéance du 28 novembre au Sénat, on trouve quelques pépites, à droite, et à gauche.
- Le Plan Campus. "5 milliards", claironne le ministère. Plus prudent, le sénateur Philippe Adnot (droite)rapporteur spécial de la commission des finances, donne le "vrai chiffre" pour 2009 : "Mentionnons, enfin, l'opération Campus, qui doit doter la France d'une dizaine de campus accueillants et performants, compétitifs sur la scène internationale. Le ministère les a sélectionnés pour « leur ambition scientifique et leur rayonnement international, l'urgence immobilière et les projets présentés en termes de vie de campus ». Le financement de l'opération, extrabudgétaire, provient des produits financiers issus du placement, sur un compte spécifique, du produit de la vente par l'État d'une partie de ses actions d'EDF -3,7 milliards sur les 5 milliards prévus sont déjà réalisés. En 2009, 157 millions doivent être ainsi mobilisés. Il est essentiel, madame la ministre, d'engager le mouvement, et nous vous demanderons des précisions sur le calendrier."
Alors, ces cinq milliards ? C'est pour quand ? Un élément de réponse de la part de Jean-Léonce Dupont, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles. "Devant la commission, vous nous avez assuré qu'au-delà des dix grands projets initialement retenus dans le « Plan campus », et qui bénéficieront de 800 millions entre 2009 et 2011, onze autres projets méritaient une attention particulière et recevraient 400 millions sur trois ans. L'excellence doit effectivement être partout encouragée et récompensée mais qu'adviendra-t-il des universités qui n'auront pas bénéficié de ce plan ?". Bonne question monsieur le Sénateur. Retenons l'info : 800 millions, moins 157 en 2009, égale 643, au plus, pour 2010 et 2011. A diviser par les dix campus... Et à comparer aux cinq milliards, environ, de dépenses urgentes pour mise en sécurité et aux normes des bâtiments universitaires existants selon les services du ministère...
- Le budget. Daniel Raoul, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, a un gros doute : "Je me cantonnerai au domaine de compétence traditionnel de la commission des affaires économiques, à savoir la politique de la recherche. Le Gouvernement a annoncé une augmentation de 863 millions d'euros du budget de la recherche en 2009. Mais près de 20 % de cette somme est destiné au financement des retraites des personnels ; les crédits des programmes de recherche stagnent." Ah, finalement, c'est donc pour cela que les directeurs de labos ne voient pas la couleur de la manne budgétaire...
- Le Plan Licence. Toujours lucide, Jean-Léonce Dupont, souligne "S'agissant du premier bilan du « Plan licence », quelles suites envisagez-vous de donner aux propositions du groupe de travail chargé de formaliser un cahier des charges en vue de la création d'un bureau d'aide à l'insertion professionnelle au sein des universités ? Les pratiques sont très hétérogènes et l'implication des établissements très inégale. Je m'interroge également sur la relative modestie des crédits inscrits à ce titre pour 2009 et sur le risque d'émiettement des moyens consacrés à cette mission essentielle des universités."
- Le Crédit d'impot recherche. Christian Gaudin, rapporteur spécial de la commission des finances :" Le crédit d'impôt recherche (CIR) augmenterait de 620 millions, pour dépasser 2 milliards : j'espère que ces prévisions se vérifieront. Le CIR semble être une dépense fiscale structurante, résultant d'un vrai choix politique et très visible, notamment à l'étranger. Son efficacité doit être examinée avec soin, tant pour les PME que pour les grandes entreprises, j'y consacrerai mes prochains travaux de contrôle budgétaire ; l'Assemblée nationale a d'ores et déjà, avec l'article 46 bis, prévu qu'un rapport d'évaluation du Gouvernement sera transmis au Parlement avant le 30 novembre 2009." Oui, il serait utile de connaître ce rapport... surtout que l'étude des relations entre l'évolution du CIR et celle des dépenses privées de R&D semble indiquer que le premier n'a pas l'efficacité magique que semble lui prêter la ministre. Même Bercy commence à s'affoler de le voir s'envoler, au bénéfice premier des grands groupes industriels, sans bénéfice réel pour la collectivité. Le sénateur Daniel Raoul enfonce le clou : "Dans le contexte économique actuel, les entreprises suppriment des emplois et n'augmenteront probablement pas leurs investissements de recherche. D'ailleurs, comme l'a montré un rapport du Conseil d'analyse économique, ce crédit d'impôt profite essentiellement aux grands groupes, et constitue un effet d'aubaine plutôt qu'une réelle incitation à la recherche. Il conviendrait de cibler cette mesure en direction des PME innovantes." De son côté, Ivan Renar affirmait : "Rappelons qu'entre 2002 et 2006, les dépenses de recherche des entreprises ont augmenté plus lentement que les frais afférents au crédit d'impôt recherche. C'est pourquoi nous avions proposé de limiter la progression de ce dispositif pour augmenter les crédits des universités, mais cette suggestion n'a pas été retenue."
- L'emploi scientifique. Le sénateur Ivan Renar dénonce : "Vous supprimez plus de 900 emplois et programmez la disparition d'allocations doctorales et post-doctorales. Chacune des 130 chaires sera gagée par la suppression d'un poste à l'université et d'un autre dans l'organisme de recherche. Voilà un signal extrêmement négatif quand les étudiants boudent et que le nombre de thèses stagne." Et propose : "C'est aujourd'hui que se joue la qualité de la recherche pour les trente années suivantes, aujourd'hui qu'il faut mieux encadrer les étudiants de premier cycle, ce qui suppose de recruter mille enseignants-chercheurs au lieu d'imposer aux maîtres de conférences des heures supplémentaires qui les empêchent de poursuivre leurs recherches. C'est aujourd'hui que ces secteurs ne doivent plus être soumis à ce dogme intégriste qu'est le non-remplacement d'un départ en retraite sur deux."
- le rang de la France. Ivan Renar, souligne que "dans son discours d'Orsay, le Président de la République affirmait que la France, reléguée en seconde division de la recherche mondiale, ne serait plus la France. Or notre pays a perdu du terrain en très peu de temps. La France était en 1970 le 3e pays au monde pour les dépenses intérieures consacrées à la recherche et au développement en proportion du PIB ; elle était encore au 5e rang en 1985, au 7e en 1995, mais elle est aujourd'hui tombée au 14e rang. Le taux de 2,08 % du PIB consacré à la recherche est le plus bas depuis vingt-cinq ans ; pour la seule recherche civile, ce taux stagne en dessous de 1,90 %. Dans le même temps, d'autres pays progressent : l'Allemagne dépense, en proportion, un tiers de plus que la France pour sa recherche civile, la Japon 75 %, et la Finlande 82 %."Depuis cinq ans, les gouvernements successifs ont répété que la France financerait massivement sa recherche publique, à hauteur d'1 % du PIB. Le budget de la recherche serait ainsi devenu l'un des plus élevés du monde. Mais on en est loin. Le financement public de la recherche s'élève à 0,85 % du PIB, mais cela comprend la recherche publique menée par les universités et les organismes, la recherche militaire, les « grands programmes » nucléaires, spatiaux et aérospatiaux en partie, ainsi que diverses recherches industrielles. Pour la recherche publique stricto sensu, la France ne dépense que 0,6 % du PIB et se trouve en 18e position mondiale, après la Turquie."

07 décembre 2008

Gauchet et cie : Conditions de l'éducation - éducation et démocratie

Après "Pour une philosophie politique de l'éducation", le trio Marcel Gauchet, Marie-Claude Blais et Dominique Ottavie vient de faire paraître, Conditions de l'éducation, Paris, Stock, 2008.

" Jamais l’accord sur les objectifs et les valeurs de l’éducation n’a été aussi large : tout le monde se retrouve dans l’idéal d’une éducation vraiment démocratique. Mais jamais l’incertitude n’a été aussi grande quant aux moyens à employer pour y parvenir. Les divisions font rage chez les professionnels de l’éducation. Les uns souhaitent le retour à des pratiques qui, disent-ils, ont fait leurs preuves ; les autres s’efforcent d’adapter les discours et les pratiques à une réalité sociale nouvelle et confuse. L’effort des trois auteurs est ici de repenser radicalement le lien entre démocratie et éducation, en s’interrogeant cette fois sur les conditions de l’enseignement. Car nous nous accordons tous pour dire que l’école doit transmettre des savoirs, mais nous ne savons plus quelle signification ce mot a aujourd’hui. Qu’est-ce qu’un savoir dans un monde qui égalise toutes les convictions ? Qu’est-ce que l’autorité dans un monde qui énonce l’égalité des individus ? Qu’est-ce que la transmission dans un monde marqué par l’instantanéité et la coupure des générations ? Tant que l’on n’aura pas posé ces questions, et qu’on ne leur aura pas trouvé d’éléments de réponse, on continuera à ne pas savoir ce qu’enseigner veut dire."

Appel des maîtres d'école primaire

contre la démolition de l'école publique.
La pétition demandant la démission de X. Darcos, lancée le 23 novembre, a recueilli à ce jour plus de 10.000 signatures.
Ici, un lien vers le texte de la pétition, la liste des signataires, et un document d'information (8 p.) sur le contexte et les ramifications.

28 novembre 2008

PRECISIONS : VICTOR HUGO, HERNANI ET RUY BLAS

Sous la direction d'Olivier Barra, avec la collaboration de P. Berthier, S. Vielledent, A. Bernadet, C. Narjoux, Victor Hugo, Hernani et Ruy Blas, Paris, Atlande, "Lettres XIXe siècle", 2008, 317 p.


SOMMAIRE DU VOLUME
Introduction
REPÈRES
État des lieux théâtraux, 1830-1838
Législation et censure
Privilèges et salles
La censure préalable
Emplois
Genres et formes
Tragédie
Comédie
Vaudeville
Mélodrame
Programmes
Les romantiques à la conquête du théâtre
Apothéose et essoufflement du drame ?
Histoire et littérature en perspective
L’histoire au théâtre et dans le roman
Roman, théâtre, théâtre non joué
Représentations littéraires et artistiques de l’Espagne
De la bibliothèque à l’écritoire
Archives des deux pièces
Le lyrisme poétique
Hernani et Ruy Blas dans le parcours théâtral de Hugo
Motifs intimes du théâtre hugolien
Souvenirs d’enfance
Noms et lieux d’Espagne
Le drame familial
Premiers souvenirs de théâtre
Thèmes obsédants
Le valet déguisé
Le double fraternel
Enjeu personnel d’un désir de conquête théâtrale
Réception publique et critique
Les premières, le public, la critique
Récits de la “Bataille” : faits, chiffres et légendes
La première de Ruy Blas
La critique face à Hernani et à Ruy Blas
La vie des deux pièces aux xixe et xxe siècles
Reprises au xixe siècles : des drames devenus classiques ?
Hugo joué au xxe siècle, de Vilar à Vitez
PROBLÉMATIQUES
Esthétique et idéologie : enjeux de la “Bataille”
D’un malentendu persistant
Un combat pour la forme ?
Un combat pour la littérature
Nature du conflit
Une guerre ?
Un conflit de générations
Dernière illusion
Raisons d’un choc : ce que nous dit la parodie
Effets sans causes
L’invraisemblance
Prosaïsme du vers
Débordements lyriques
Morale et idéologie mêlées
Inconvenances morales
Inconvenances sociales
Totalité et unité : dramaturgie hugolienne
Cromwell et sa Préface : un programme esthétique
Avant Hugo
Situer Hugo
L’harmonie des contraires
Le refus du prosaïsme
National, populaire, universel
Une dramaturgie du mélange : torsion et absorption des genres
Des compromis dramaturgiques
Comédie, tragédie : drame
Le substrat mélodramatique : imitation ou détournement ?
Structure interne
Les intrigues et l’action
L’exposition
Coups de théâtre et dénouements
Les lieux, le temps : diffractions, effractions
Des lieux caractéristiques
Des temporalités heurtées
Monologues, tirades et apartés : le dialogue miné
Contrechamp, contre-chant
Crise de l’énonciation
Ce que dit la bouche du rêveur
Le travail du grotesque
Matière et poésie : scénographie romantique
Discours didascalique, déploiement visuel
Sémiotique des costumes
Le langage des objets
Le langage des gestes
Espaces visibles et invisibles
Espaces métaphoriques et métonymiques
La division des espaces : symboles et idéologie
Drames carnavalesques : cachettes et déguisements
Faire voir/cacher : un enjeu de pouvoir
Fiction et vérité : représentation de l’histoire
Le présent au miroir du passé
Couleur locale et fiction mêlées
Perspective historique et drame épique
Monarchies crépusculaires
Le levant et le couchant
Avènement et effacement du grand homme
L’histoire bloquée
Spectres et revenants
Le peuple : un avenir ?
Dépossédés, possédés : des “héros” dans l’histoire
Le moi clivé
À contre-emploi
L’amour : la délivrance ?
LE TRAVAIL DU TEXTE
Grammaire
Question de synthèse : l’infinitif
Introduction
Emplois verbaux de l’infinitif
Emplois nominaux de l’infinitif
L’infinitif substantivé
Conclusion
Remarques nécessaires
“Entre la grammaire et la prosodie” : Hugo, épistémologie et poétique de la langue
Grammaticalité et singularité : quel point de vue sur la langue ?
L’historicité de la langue
Le paradigme organiciste
Le génie de la langue : pureté, clarté et fixité
Anthropologie de la traduction
“Toute époque a ses idées propres, il faut qu’elle ait aussi les mots propres à ses idées” : le lexique dans Hernani
Le signe : dualisme et hétérogénéité
Au “bagne Lexique” ?
La langue d’“avant quatre-vingt-neuf” : quelques expressions classiques
L’étranger dans la langue : xénisme et emprunts
De la forme / sens à la signifiance
Pour une idiosyncrasie discursive : style, manière, goût
La manière du style, ou comment s’en débarrasser…
Du mot au concept : repères
La manière et l’individuation : le moment romantique
La manière Hugo
L’“écrivain progressif” : trois manières et plus
Le goût par la manière : une “esthétique de la langue française” ?
Du vers à la phrase : syntaxe, métrique, prosodie
Le vers “Protée” : mythes et réalités
La théorie de l’École moderne : Wilhem Ténint
Un alexandrin classique ?
La césure, sémantique de position
À bas le trimètre !
Pour un phrasé hugolien
La rime, “générateur de notre mètre”
Une rime romantique ?
L’homophonie comme prosodie
Le consonantisme
La fiction graphique
Lyrisme et comique
“Un nom en i !” : les désignateurs
De la phrase au dialogue : la pragmatique du pacte dans Hernani (Acte iii, scène vii, v. 1246 à 1296)
Niveaux
L’énonciation multiple
Du texte au plateau
De la séquence à l’échange
Frontière et enchaînement
La cohésion : au-delà de la pragmatique ?
La dominante concessive
Une pause éloquente ?
L’échange détourné
La dissonance comique

ANNEXES
Théories du drame romantique
De Staël à Vigny
Victor Hugo
Chronologies
L’Espagne de l’“aurore” au “crépuscule” : de Charles-Quint à Charles ii
Grandes dates du drame romantique en France, entre Restauration et second Empire
Grandes heures d’Hernani et de Ruy Blas en scène
BIBLIOGRAPHIE

Un peu d'exotisme :



Colloque international : "Imaginaire linguistique dans les discours littéraires, politiques et médiatiques en Afrique", 11, 12 et 13 décembre 2008, Bordeaux 3. Programme à télécharger sur le site :

http://www.u-bordeaux3.fr/modules/resources/download/default/Actualites/Manifestation%20scientifique/imaginaire_linguistique_afrique/Progr.monti.pdf

27 novembre 2008

A LIRE ET A VOIR D'URGENCE

A LIRE :

http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2206

A VOIR :

http://www.dailymotion.com/gaspi75/video/x7i39c_reforme-de-la-recherche_news

ACTION 27 NOVEMBRE. V. PECRESSE ET SES ESCLAVES : DE LA GUERRE IDEOLOGIQUE ET DE L'ART DE MANIPULER

L'ACTION DU 27 NOVEMBRE !

Merci de faire circuler cette information de la façon la plus large.
Cet après-midi, la direction du CNRS a indiqué que le CA prévu demain matin, qui normalement se tient au siège du CNRS, se tiendrait très probablement au Ministère de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur. Plus tard, nous apprenions que ce CA aurait peut-être finalement lieu au siège du CNRS, et que la décision définitive ne serait connue que dans la soirée !
Ces manipulations de dernière minute visent à empêcher le blocage annoncé par SLR et les principaux syndicats et associations. Mais nous ne nous laisserons pas prendre à contre-pied. Nous nous rendrons où il le faut, quel que soit le lieu. Pour vous informer, nous vous invitons à consulter notre site qui restera actualisé, et à vous inscrire pour recevoir un courrier électronique et un SMS indiquant le lieu définitif du rendez-vous :
SMS
Prénom [Obligatoire] :
Nom [Obligatoire] :
email [Obligatoire] : Veuillez entrer une adresse e-mail valide (de type vous@fournisseur.com).
Téléphone mobile [Obligatoire] :

Ces pathétiques manoeuvres ont au moins le mérite d’indiquer de façon limpide que les décisions importantes concernant le CNRS ne sont plus prises au siège du CNRS. La prise en main politique de l'activité de recherche n'a plus de limite, et la direction du CNRS s'y soumet.
Nous ne pouvons souligner assez l'enjeu de ce blocage. Le CA prévu demain est supposé entériner la baisse de plus de 20% des embauches en 2009, et voter le découpage du CNRS en 9 Instituts et 3 pôles disciplinaires, nouvelle étape décisive de son démantèlement.
A la suite de ce blocage, un déménagement symbolique du ministère vers l'ANR est organisé (prévoir des cartons !) afin d'y dénoncer le rôle central de cette agence dans la précarisation galopante de nos secteurs. La préfecture de Police a interdit que la manifestation rejoigne l'ANR, et exigé qu'elle s'arrête à 400 m de là, place Mazas, en face de la Morgue, tout un symbole !

26 novembre 2008

LA LITTERATURE EN PRISE AVEC LA DEMOCRATIE IMPERIALE ET LE POLITIQUEMENT CORRECT OU COMMENT TRANSFORMER UN ESPRIT AVEC DE LA MERDE EN BOÎTE

Motion sur le rapport publié par la HALDE. Place des stéréotypes et des discriminations dans les manuels scolaires


Le Comité de l'APL, réuni le 22 novembre 2008, a pris connaissance avec stupeur et indignation du rapport intitulé Place des stéréotypes et des discriminations dans les manuels scolaires, réalisé pour le compte de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité. Entre autres exemples, elle relève dans ce rapport les remarques regrettant que parmi les écrivains cités dans les manuels de français le nombre des femmes soit très inférieur à celui des hommes (p. 97 sqq.), ou bien qu'un poème tel que « Mignonne, allons voir si la rose… » « véhicule une image somme toute très négative des seniors » (p. 181).1. L'APL dénie à toute autorité politique le droit de censure sur le contenu scientifique des manuels scolaires, en matière d'histoire littéraire comme dans les autres domaines. Ce que la HALDE appelle stéréotype dans les manuels n'est critiquable que quand il est contraire à l'exactitude scientifique.2. Elle rappelle que la formation de l'esprit critique, vocation essentielle de l'école, implique qu'on arme l'enfant face à la réalité en l'amenant à la voir telle qu'elle est et telle qu'elle a été, et non pas qu'on le trompe en la remodelant en fonction d'un idéal. Si les femmes sont peu nombreuses parmi les auteurs, comme parmi les personnages politiques des siècles passés, cela tient à l'asservissement dans lequel elles ont été longtemps tenues, ce qui est un fait indéniable.3. Quand bien même certains textes véhiculeraient des stéréotypes contestables, il est utile que l'enseignement des lettres, consistant pour une bonne part dans la discussion critique, les porte à la connaissance des élèves, ne serait-ce que pour les en prémunir.4. Elle souligne le fait que, si l'on supprimait des manuels de lettres tous les textes donnant de la vieillesse une image défavorable, on devrait par exemple interdire l'étude de L'Avare ou du Malade imaginaire. Elle rappelle que la critique des vieillards a été un des thèmes à travers lesquels s'est exprimée dans l'histoire la libre pensée, tout comme la critique de certaines catégories professionnelles comme les médecins, ou comme celle des religions.5. Plus généralement, elle rappelle que le droit à la critique, quand il ne tombe pas sous le coup de la loi, est inhérent à la démocratie et qu'un régime qui interdirait l'expression de toute opinion de nature à déplaire à telle ou telle catégorie de personnes (ce qui n'a rien à voir avec une discrimination réelle, par exemple quand il s'agit d'obtenir un emploi ou un logement), ne serait qu'une tyrannie qui, en ce qui concerne l'école, prétendrait conditionner la jeunesse à un conformisme intellectuel, moral et politique qui est tout le contraire de sa vocation.

Paris, le 22 novembre 2008.
du comité de l'ASSOCIATION des PROFESSEURS de LETTRES

24 novembre 2008

Marcel Gauchet, démocratie, débat

Elément à verser au dossier Débat et démocratie de Polart :

La RILI de novembre-décembre (n° 8) publie une analyse du "système historico-politique de Marcel Gauchet. Du schématisme à l'invertitude", par André Tosel. L'article en version papier est aux pp. 45-49, et prend place dans la série "Penser le contemporain" que la revue a inauguré au numéro précédent.
La version intégrale du texte est disponible en ligne, sur le site de la RILI.

22 novembre 2008

Parution : Victor Hugo, Hernani et Ruy Blas

Olivier Barra, Patrick Berthier, Sylvie Villedent, Arnaud Bernadet, Cécile Narjoux, Victor Hugo, Hernani et Ruy Blas, Paris, Atlande, “Lettres XIXe siècle”, 2008, p. 171-289.

Rédaction par A. Bernadet des chapitres de langue française, « Le travail du texte » : Hugo, épistémologie et poétique de la langue ; “ Hernani” ou les mots en liberté ; Pour une idiosyncrasie discursive : style, manière, goût ; De la phrase au vers : syntaxe, métrique, prosodie ; La rime “générateur de notre mètre” ; De la phrase au dialogue : la pragmatique du pacte dans “Hernani”.

15 novembre 2008

REVUE "CONTEXTES" - SOCIOLOGIE/IDEOLOGIE

A noter la très active revue "Contextes", approche sociologique de la littérature (http://contextes.revues.org/document249.html), en phase depuis 2006, et ses quatre premiers numéros en ligne, dont un très intéressant dossier sur le concept d'idéologie.

Voici la présentation de la revue :


"COnTEXTES. Revue de sociologie de la littérature rassemble des chercheurs adoptant une approche sociale du littéraire, toutes époques et toutes littératures confondues. Bien plus qu’un découpage d’objets communs, c’est donc davantage une convergence de regards qui fonde la cohérence de COnTEXTES, dont la démarche consiste à reconnaître l’inscription sociale des pratiques littéraires, par opposition à une conception sacralisée de la littérature et à une lecture immanentiste des textes.
Dans cette perspective, les axes privilégiés par la revue sont l’étude des instances du littéraire (édition, critique, académies, prix, etc.), l’analyse sociocritique des œuvres, l’étude des groupes et réseaux littéraires, l’étude des formes de visibilité sociale de la littérature (histoire des représentations, études de réception, etc.). La revue se veut également le lieu d’une réflexion théorique sur les outils conceptuels propres à de telles approches, en refusant tout dogmatisme et en favorisant les questionnements épistémologiques. Sans pour autant défendre une interdisciplinarité forcenée, COnTEXTES privilégiera le traitement de problématiques qui permettent de coupler de manière pertinente et féconde les outils sociologiques à des méthodes d’analyse issues d’autres sciences humaines, sans oublier les outils proprement littéraires.
Soucieuse de diffuser également les travaux de jeunes chercheurs et désireuse de combler un vide dans l’espace des publications scientifiques, la revue COnTEXTES se donne pour ambition d’offrir un panorama de l’actualité de la sociologie de la littérature et de proposer de nouvelles pistes de recherche."




numéro 1 Discours en contexte (sept. 2006)

numéro 2 L'idéologie en sociologie de la littérature (fév. 2007)


numéro 3 La question biographique en littérature (juin 2008)


numéro 4 L’étude des revues littéraires en Belgique/De studie van literaire tijdschriften in België (oct. 2008)

14 novembre 2008

XAVIER DARCOS : L'ART DE SURVEILLER

"Côté laboratoire, le Panopticon peut être utilisé comme machine à faire des expériences, à modifier le comportement, à dresser ou redresser les individus. Le Panopticon est un lieu privilégié pour rendre possible l'expérimentation sur les hommes, et pour analyser en toute certitude les transformations qu'on peut obtenir d'eux. Le Panoptique peut même constituer un appareil de contrôle sur ses propres mécanismes"
Michel Foucault, Surveiller et punir (1975).
Un bel exemple de notre "démocratie impériale", comme le disait entre autres Edgar Quinet dans les années 1860 sous le Second Empire, cette information délivrée par Marc Escola sur le site FABULA, que je relaie ici. Elle a été depuis commentée par les syndicats. Mais une telle visée peut évidemment concerner le site POLART comme n'importe quelle activité internautique.

Information en cours de vérification (mais qui semble toutefois confirmée par l'inscription du marché public au JO).
Il faut le voir pour le croire :
parmi les "prestations" inscrits au "cahier des charges" de cet appel d'offre daté du 15 octobre dernier et lancé pour l'année 2009:
"• Repérer les leaders d'opinion, les lanceurs d'alerte et analyser leur potentiel d'influence etleur capacité à se constituer en réseau
• Décrypter les sources des débats et leurs modes de propagation
• Repérer les informations signifiantes (en particulier les signaux faibles)
• Suivre les informations signifiantes dans le temps
• Relever des indicateurs quantitatifs (volume des contributions, nombre de commentaires,audience, etc.)
• Rapprocher ces informations et les interpréter
• Anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise
• Alerter et préconiser en conséquence "
Parmi les "sources surveillées":
"La veille sur Internet portera sur les sources stratégiques en ligne : sites « commentateurs » de l'actualité, revendicatifs, informatifs, participatifs, politiques, etc. Elle portera ainsi sur les médias en ligne, les sites de syndicats, de partis politiques, les portails thématiques ou régionaux, les sites militants d'associations, de mouvements revendicatifs ou alternatifs, de leaders d'opinion. La veille portera également sur les moteurs généralistes, les forums grand public et spécialisés, les blogs, les pages personnelles, les réseaux sociaux, ainsi que sur les appels et pétitions en ligne, et sur les autres formats de diffusion (vidéos, etc.) […] Les interactions entre des sources de nature différente, les passages de relais d'un media à l'autre seront soigneusement analysées. "Et pour les finalités:
"L'analyse attendue des principaux arguments, des critiques et des tendances, à partir du corpus défini, tous les canaux étant pris en compte, donnera lieu à des notes de synthèse (rapport quotidien, note de synthèse hebdomadaire, cartographie commentée des acteurs et débats en présence). Plus particulièrement en matière de veille Internet, l'analyse permettra un suivi précis de l'évolution de l'opinion internaute et des arguments émergents relayés et commentés sur ce canal. "
[…]
Clé de voûte du dispositif de veille, le passage en « mode alerte » visera à transmettre systématiquement les informations stratégiques ou les signaux faibles susceptibles de monter de manière inhabituellement accélérée. Les notes de veille pourront porter ou sur l'ensemble des canaux (média traditionnels et Internet formel et informel) ou être limitées à l'internet (cf. liste des produits au bordereau des prix). Les vidéos, pétitions en ligne, appels à démission, doivent être suivis avec une attention particulière et signalées en temps réel. Des éléments quantitatifs (nombre d'interventions, nombre de commentaires, mots les plus fréquemment cités) seront systématiquement inclus. L'audience et l'influence des sources et des relais seront précisées.
Voir aussi sur le site Rue 89: Education : 220 000 euros par an pour surveiller l'opinion. Le ministère veut renforcer la surveillance de ses fonctionnaires trop critiques. Témoignages de réfractaires à la base élèves.

ENSEIGNEMENT : ETHIQUE DE LA DESOBEISSANCE

Ce site d'enseignants du premier et du second degré, symptôme contestataire des consciences et d'un vécu qui vont bien au-delà, de l'école maternelle à l'enseignement supérieur : http://resistancepedagogique.blog4ever.com/blog/index-252147.html

11 novembre 2008

MESCHONNIC - LA BIBLE MODERNITE ENCORE !

Henri Meschonnic, Dans le désert, traduction du livre des Nombres, Paris, 2008, Desclée de Brouwer.

10 novembre 2008

On peut aller se coucher...

Un post très intéressant et instructif et révélateur de la politique gouvernementale sur Fabula. Je ne recopie pas tout et vous invite à aller le consulter :

« Nous n'avons pas besoin aujourd'hui de davantage de chercheurs »
Points de vue et débats
Information publiée le lundi 10 novembre 2008 par Bérenger Boulay

La Science au XXIe Siècle Blog international du Collectif « Indépendance des Chercheurs » (France, 08.11.2008):
Pour Valérie Pécresse, « nous n'avons pas besoin aujourd'hui de davantage de chercheurs »

Le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) doit faire face à une perte d'environ 380 postes entre chercheurs, ingénieurs, techniciens, administratifs et contrats de post-doctorants pour 2009. Les personnels du CNRS s'en plaignent, mais Valérie Pécresse a déclaré à RTL : « Nous n'avons pas besoin aujourd'hui de davantage de chercheurs ». On ne peut pas être plus clair quant au contenu réel de la politique gouvernementale, qui revient à cautionner la délocalisation de la recherche et la décadence de la France dans les domaines scientifique et technologique. C'est dans le cadre de cette politique périmée et contraire aux intérêts du pays, que s'inscrit l'actuelle stratégie de démantèlement du CNRS.

09 novembre 2008

SAUSSURE : BIOGRAPHIE PAR C. M. QUIJANO

C. M Quijano, Le cours d'une vie : Portrait diachronique de Ferdinand de Saussure
Editions : Cécile Defaut (4 novembre 2008)
Collection : Psyché

Présentation de l'éditeur


Première biographie de Ferdinand de Saussure, ce livre invite le lecteur à observer à travers un kaléidoscope temporel le psychisme d'un génie, formé à la fin du XIXe siècle dans le milieu protestant de la Suisse romande. De mystère en surprise, l'enfant, l'adolescent et le jeune linguiste portraiturés dans ce premier tome intriguent sa biographe qui tente aussi de comprendre la fascination exercée au XXe siècle par cet homme dont la pensée révolutionna 2000 ans de tradition linguistique sans pour autant avoir publié ne serait-ce qu'une seule de ses idées générales sur le langage. Ce portrait diachronique est accompagné par la publication d'une série de manuscrits saussuriens qui permettent au lecteur de comparer le travail d'interprétation de la biographe avec des traces matérielles laissées par le vécu de Saussure. Parmi ces manuscrits, pour la plupart inédits, les créations littéraires de l'adolescent et les lettres personnelles ébauchent la silhouette d'un jeune homme en devenir cultivé, intellectuellement ambitieux et sensible.


Claudia Mejia Quijano, docteur en linguistique générale a enseigné à la Faculté des lettres et à l'Ecole de traduction et d'interprétation de l'Université de Genève, et travaillé comme chercheur en pédopsychiatrie au CHUV de Lausanne. Elle est actuellement professeur associé à l'Université d'Antioquia (Colombie). Elle a appliqué la linguistique et la sémiologie générales dans divers champs : psychanalyse, clinique du traumatisme psychique, pathologie du langage, méthodologie de la recherche clinique, analyse du discours, analyse informatique de données textuelles, traduction et enseignement de langues. Nombreux articles et notamment le livre Le dégel du devenir, réalisé en collaboration arec François Ansermet et Marc Germond témoignent de ses intérêts multiples autour du langage.
Membre du Comité du Cercle Ferdinand de Saussure, elle a publié d'importants manuscrits de Saussure et développé dans ses articles linguistiques l'étude de la pensée saussurienne ainsi que le projet d'une sémiologie diachronique. Elle a aussi conçu l'exposition virtuelle permanente consacrée à ce linguiste par la Bibliothèque de Genève sur son site internet.

06 novembre 2008

Séminaire Diversité des langues

Deux mots de compte rendu après la première séance du séminaire Diversité des langues (collaboration IndeA à Rennes 2, Le texte étranger à Paris 8, et Polart), tenue le 22 octobre :

. Lise Guilhamon et Laetitia Zecchini ont présenté (en portant également la voix d'Anne Castaing, 3ème créatrice) leur projet de revue sur les littératures indiennes, croisant les littératures en langues vernaculaires et en anglais, et croisant les approches de la critique littéraire, de la traduction, et des comptes rendus de lecture. Croisant également les disciplines : études indianistes, études anglaises, études comparatistes. Le titre envisagé est Lila : perspectives postcoloniales sur les littératures d'Asie du Sud.
L'occasion d'une analyse critique de la réception de ce projet scientifique et éditorial transversal, dans sa rencontre avec une série d'éditeurs universitaires.

. Emilienne Baneth et Claire Joubert ont présenté l'état de leur réflexion sur la question "Quelle 'société de la connaissance'?", à l'ouverture de cette deuxième année du programme, et à l'issue d'une séance de travail avec Ghislaine Glasson-Deschaumes, directrice du programme "Culture et politique" à la Maison de l'Europe à Paris - avec qui doi(ven)t être organisée(s) la ou les journées d'étude sur quoi débouchera le séminaire. Nous envisageons une date en septembre 2009 pour ce projet, provisoirement intitulée "Quelle Europe de la connaissance?", qui articulera deux ensembles : une série d'études scientifiques, et une série d'interventions de témoins qui, par leurs fonctions présentes ou passées, ont une connaissance institutionnelle de l'Union européenne et de ses politiques des savoirs et des (savoirs des) langues.

. le calendrier des travaux 2008-2009 est fixé aux vendredi 20 ou samedi 21 février 2009, et vendredi 19 ou samedi 20 juin. L'incertitude tenant à la complexité d'articuler les voyages à Paris d'Emilienne Baneth (résidant actuellement à l'étranger), et les autres activités du Texte étranger : doctoriales, et séminaire Actualité critique. Ces dates seront donc reprécisées ultérieurement. Vous pouvez nous contacter dès maintenant pour nous proposer des idées pour une participation. Toutes formes d'intervention sont envisageables.

Nous restons à votre disposition pour toute information complémentaire, et surtout pour écouter vous propositions.
Bien à vous,
Emilienne Baneth et Claire Joubert

05 novembre 2008

1848, LA REVOLUTION OUBLIEE : M. GRIBAUDI, M. RIOT-SARCEY

1848, la révolution oubliée de Maurizio Gribaudi et Michèle Riot-Sarcey, 2008, 260 p., Editions La Découverte.
Présentation de l'éditeur :
Grâce à une impressionnante iconographie d'époque, largement inédite, et à la manière d'un reportage faisant parler les témoins, les acteurs, les intellectuels, ce livre permet de comprendre ce moment fondamental et méconnu du XIXè siècle.

La révolution de février 1848 a mis fin à la monarchie de Juillet et inauguré la brève expérience de la IIe République. Mais quatre mois après cet immense espoir, l'armée et les gardes mobiles ont brisé l'insurrection des ouvriers et artisans parisiens. Pendant plusieurs jours, la République a bombardé et massacré les insurgés, tuant plusieurs milliers d'entre eux. C'est cette histoire tragique et oubliée que restitue ce livre.
Il s'appuie sur une impressionnante iconographie de l'époque, largement inédite, rassemblée par les auteurs : quelque 350 dessins, lithographies, estampes, gravures et tableaux illustrent avec une précision extraordinaire l'histoire de ces mois fatidiques.
Ce corpus étonnant est mis en perspective par la relation historique des auteurs, qui montrent en quoi les événements de juin 1848 constituent un moment clé pour comprendre la mise en berne des utopies surgies de l'inachèvement de la Révolution française. En s'appuyant largement sur les récits de témoins ou acteurs des événements, d'Alexis de Tocqueville à George Sand, de Flaubert à Lamartine, ils rendent compte de ce temps d'ouverture exceptionnelle à l'espérance et à la liberté de penser, tout en retraçant la fatale succession des drames par lesquels cette société est passée du rêve au cauchemar. À la manière d'un reportage, ce livre met en scène la fabrique de l'histoire dans l'avènement de l'événement. Avec ses interprétations contradictoires qui se croisent, de manière souvent aveugle, dans le feu de l'action.

Maurizio Gribaudi, directeur d'études à l'EHESS, est notamment l'auteur d'Itinéraires ouvriers. Espaces et groupes sociaux à Turin au XXe siècle (EHESS, 1987) et Espaces, temporalités, stratifications (EHESS, 1999).
Michèle Riot-Sarcey, professeure d'histoire contemporaine à l'université Paris-VIII, historienne du XIXe siècle, du politique, du féminisme et des utopies, est notamment l'auteur de Histoire du féminisme (La Découverte, 2002, 2008) et a dirigé le Dictionnaire des utopies (Larousse, 2002, 2006).

04 novembre 2008

LA PONCTUATION A LA RENAISSANCE

Information de J. Dürrenmatt :

Séminaire ELIRE
Stratégies éditoriales et création littéraire

Journée d’étude
La ponctuation à la Renaissance

Vendredi 14 novembre 2008
Maison de la Recherche Toulouse II
Salle C 601

Nicolas Mazziota (Université de Liège) : «Qu'est-ce que la ponctuation?»
Alexey Lavrentev (ENS) : Les changements dans les pratiques de la ponctuation liés
au développement de l'imprimerie à la fin du 15e - début du 16e siècle.

Adrian Armstrong (Manchester) : Le passage du manuscrit à l’imprimé de l'Art de Rhétorique de Molinet et la question de la ponctuation.

Susan Baddeley (Versailles Saint-Quentin): Sources pour une étude de la ponctuation au XVIe

Olivier Halévy (Grenoble III) : De la ponctuation manuscrite à la ponctuation imprimée : l'exemple de l'Electra de Lazare de Baïf

Mireille Huchon (Paris IV) : Dans l'atelier de Jean de Tournes: la ponctuation des Euvres de LouïzeLabé lionnoize


Marie-Luce Demonet (CESR Tours) : "Ponctuation spontanée et ponctuation d'apparat" (Rabelais, Montaigne, Verville)

Jean-Raymond Fanlo (Aix Marseille II) : La ponctuation, dans les oeuvres d'Agrippa d'Aubigné.

Organisation : Jacques Dürrenmatt (jdurrenmatt@gmail.com) et Nathalie Dauvois (ndauvois@gmail.com)

01 novembre 2008

SLU : 8 novembre !

Sauvons l’université !

samedi 8 novembre à partir de 10H

rendez-vous de mobilisation et de réflexion organisé à Paris VII par SLU pour coordonner la réponse à la réforme. Tous les personnels concernés par la mastérisation (enseignants-chercheurs, étudiants, présidents de jury de concours, de sociétés savantes, d’associations, de conseils d’université). Si vous ne pouvez venir, faites-vous représenter, envoyez vos textes.

Lieu du RV : métro OLYMPIADES, dalle des Olympiades, immeuble Montréal, Amphi 46. Passer par le 59 rue Nationale pour monter sur la dalle et accéder à l’immeuble Montréal.

UN MÉCONTENTEMENT COLLECTIF RÉEL SE MANIFESTE ET S’ORGANISE (à ce jour, une quarantaine de motions, qui remontent vers les CA quand elles n’en proviennent pas).

30 octobre 2008

SLU : REUNION OUVERTE

SLU APPELLE À UNE RÉUNION OUVERTE TOUS LES COLLÈGUES CONCERNÉS PAR LA MASTÉRISATION LE SAMEDI 8 NOVEMBRE, NOTAMMENT TOUS CEUX QUI EXERCENT DES RESPONSABILITÉS DANS LES JURYS DE CONCOURS, SOCIÉTÉS SAVANTES, ASSOCIATIONS, CONSEILS D’UNIVERSITÉ... SI VOUS NE POUVEZ VENIR, ENVOYEZ VOS MOTIONS ET CONTRIBUTIONS !

29 octobre 2008

Les ravages de l'esthétique ou l'accident érigé en mythe de la valeur

Cette annonce que je viens de recevoir :

ACCIDENT CRÉATEUR
OU COMMENT UN DÉRAPAGE DEVIENT ART.
LA CRÉATION PREND SOUVENT DES CHEMINS DÉTOURNÉS. UN ACCIDENT, INATTENDU OU PROVOQUÉ, PEUT FAIRE BASCULER UNE ŒUVRE.


Accident.createur@gmail.com ou Université Paris IV Sorbonne,
UFR littérature française, Mme Legrenzi, 1 rue Victor Cousin 75005 Paris


Jusqu’au 10 décembre 2008, envoyez-nous : nouvelles, poèmes, essais, textes
courts (environ 30 000 signes), toute image imprimable (300 DPI minimum)
illustrant les aléas de la production artistique. Ils seront édités par le master 2
édition de Paris IV dans un ouvrage collectif présenté au salon du livre 2009.
Les contributions ne sont pas rémunérées.


www.myspace.com/accidentcreateur

Limit(e) Beckett

Un site et une revue consacrés à Beckett viennent d'être créés. Mireille, au cas où tu n'aurais pas eu l'info, elle est sur fabula :

http://www.fabula.org/actualites/article25551.php

Marx fait sa révolution

Comme il est plaisant et instructif de voir William Marx, délégué scientifique auprès de l'AERES, prendre la "tête" de la contestation en route. Après avoir renoncé au classement des revues, il pourfend la "masterisation" dans un article du Monde du 30 octobre. Prise de position opportune... La réforme a du plomb dans l'aile. Vive Marx!

Point de vue
La mort des humanités, par William Marx
LE MONDE | 29.10.08 | 13h10


La révolte gronde dans les universités. Les uns après les autres, leurs conseils d'administration votent à l'unanimité des motions de protestation. Lyon-III, Paris-III, Paris-IV, Bordeaux-III, Caen : la liste s'allonge jour après jour. Ce que ni la loi sur l'autonomie ni la réforme du CNRS n'ont réussi à faire, la réforme des concours de recrutement du secondaire l'a finalement obtenu : une résistance généralisée aux diktats du ministère.

Le problème est d'abord celui du calendrier. Depuis plus d'un an, les universités croulent sous les réformes successives à absorber : autonomie, élections internes, plan licence, statuts des personnels, etc. Elles ne cessent de tout défaire et de tout refaire, mois après mois, pour complaire au ministère. Jamais elles n'ont subi autant de dirigisme technocratique que depuis qu'on a voté leur autonomie de façade.

Or, voici que le ministère leur demande, sur un coup de tête, de refaire en urgence la plupart de leurs diplômes de master, à une période où les universitaires sont débordés par les tâches de toute sorte et ne trouvent plus le temps de faire de la recherche, qui relève pourtant de leurs missions fondamentales. Ils en ont assez de marcher comme de petits soldats. Trop, c'est trop. Voilà une première raison du niet.

Certes, tout le monde se félicite que les enseignants du premier et du second degré soient désormais recrutés non plus au niveau de la licence, mais à celui du master. Ils seront, dit-on, mieux payés. Mais seront-ils mieux formés ? Ils le seraient s'ils bénéficiaient effectivement des deux années supplémentaires de formation par la recherche prévues pour un master.

Or tel n'est pas le cas. Le ministère se contente d'exiger des universités qu'elles valident comme master une formation bâtarde, correspondant peu ou prou à ce qui existe déjà, à savoir une année de préparation au concours du capes, suivie de l'année de formation en IUFM. Cela portera le nom de master, mais n'en sera plus un.

Ce sont surtout les disciplines universitaires les plus liées à l'enseignement secondaire qui se sentent menacées : lettres, philosophie, histoire, langues vivantes, etc. Actuellement, un étudiant qui souhaite présenter le capes dans ces disciplines fait souvent le choix de préparer un véritable master, sanctionné par un mémoire de recherche, avant de se présenter au concours. Les actuels professeurs certifiés sont donc pour beaucoup déjà titulaires d'un master, qui garantit la qualité de leur formation.

Dans le nouveau projet, ce ne sera plus possible : la plupart des étudiants choisiront les nouveaux masters d'enseignement, qui les prépareront aux concours, plutôt que les masters de recherche. Résultat : loin d'être mieux formés qu'aujourd'hui, ils le seront plutôt moins bien, puisqu'ils n'auront plus derrière eux cette expérience d'initiation sérieuse à la recherche qui fait tout le prix des masters actuels.

Mais là n'est pas le plus grave. Si toutes les universités se mobilisent, c'est que se profile la fin programmée de la recherche française dans les humanités. Face à la concurrence déloyale des masters d'enseignement, en effet, les masters de recherche n'auront plus qu'à disparaître et, avec eux, tous les séminaires qui les accompagnaient. Il ne sera plus possible de recruter les doctorants parmi ceux qui auront présenté les meilleurs mémoires. Tout le monde fera de la formation pédagogique à l'envi pour mieux préparer aux concours, qui se concentrent sur la simple connaissance du système éducatif, et tout ce à quoi aura abouti la"mastérisation" des enseignants du secondaire, c'est de secondariser les universités. Dans le meilleur des cas, elles seront devenues de gros IUFM.

Le ministère de l'éducation nationale l'aura alors définitivement emporté sur celui de l'enseignement supérieur et de la recherche : triste vision de la science et du savoir... Si quelqu'un, au ministère, avait juré la mort de la recherche dans les humanités, il n'aurait pas fait mieux. Faut-il s'en étonner, quand on a entendu dernièrement un conseiller du premier ministre proclamer que la mission principale des sciences humaines consiste à former de bons VRP pour l'économie française ?

William Marx est professeur à l'université d'Orléans, membre de l'Institut universitaire de France.

Article paru dans l'édition du 30.10.08

...et encore Compagnon

Pour suivre le paradigme de l'autorité dans l'oeuvre de Compagnon, cette direction de colloque, le premier organisé par le Collégien de France dans son institution : "De l'autorité, Colloque annuel du Collège de France, sous la direction d'Antoine Compagnon", Odile Jacob, octobre 2008.
En voici la quatrième, assurément rédigée par le Maître, "partout et nulle part" étant l'un de ses tics et toute une part de sa pensée :
"De l'Antiquité au monde contemporain, dans toutes les cultures,
l'autorité, c'est-à-dire la souveraineté, le sacré, le livre, le dogme, a
fondé l'ordre social. Elle est donc partout et nulle part.
Le droit, la philosophie, la religion, la science politique, l'économie,
la sociologie, sans omettre les sciences exactes: tous nos savoirs
sont ici interrogés par les meilleurs spécialistes.
Sont ainsi traitées des questions aussi diverses que l'autorité de la
Constitution, ce qu'est une « haute autorité indépendante »,
ce qu'était l'autorité du roi en Mésopotamie, le rôle de la tradition
et l'origine du canon biblique, le statut de l'autorité dans les
sciences, en médecine ou dans le domaine des climats par exemple,
mais aussi la notion d'autorité morale, le « poids de l'autorité » dans
la croyance, etc.
Historien de la littérature, héritier et critique du structuraIisme,
Antoine Compagnon est professeur au Collège de France.
Il a notamment publié La Seconde Main, Nous, Michel de Montaigne,
La Troisième République des lettres, Le Démon de la théorie,
Les Antimodernes.
Contributions de C. Audard, J. Bouveresse, É. Brezin,
J. Bricmont, G. Canivet, J.-M. Durand, R. Guesnerie, D. Jérôme,
H. Laurens, X. Le Pichon, P Mazeaud, J. Ménard, T. Rômer,
L. Schweitzer, B. Saint-Sernin, C. Severi, M. Zink."

Intéressant qu'il se définisse maintenant comme "Historien de la littérature"...
A méditer aussi "héritier et critique du structuralisme".

publication Débat et Démocratie

Je vous signale cette publication : Emmanuel Todd,  "Après la démocratie". 

En librairie demain, éd. Gallimard.

27 octobre 2008

APPEL DE SLU : NON A LA MASTERISATION ECHEVELEE !

Appel de SLU

Non à la mastérisation de la formation des enseignants !

La réforme de la formation et des concours de recrutement des enseignants a été lancée sans concertation avec celles et ceux qui assurent cette formation ni avec les universités qui lui accordent une place essentielle.

En outre, une fois de plus, ce dédain manifeste pour l’avis des collègues qui devraient mettre en œuvre pareille réforme va de pair avec l’imposition d’un rythme effréné qui dissimule mal la volonté de faire taire toute réflexion et de rendre impossible toute distance critique.

Sans engager ici une analyse détaillée de la réforme en cours (pour laquelle nous vous renvoyons à l’analyse de SLU http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article736), nous entendons mettre en évidence les deux grands types de menaces qu’elle fait peser sur la place des universités et leur rôle social.

Pour les étudiants et les futurs lauréats des concours

-La réforme allongera non pas la durée des études mais la durée des études non rémunérées : la formation continuera de se dérouler sur cinq ans mais l’année de stage en situation sera supprimée. En outre, de toute évidence, nombre d’étudiants socialement défavorisés n’auront plus accès à une telle formation prolongée.

- Le nombre de places aux concours de recrutement étant moindre que celui des potentiels lauréats aux masters d’enseignement, le nouveau système va créer une masse de reçus (au master)/collés (au concours) : ces étudiants seront dès lors une cible privilégiée pour des recrutements sur contrats de type CDD dans les lycées et les collèges. La réforme en cours des lycées – modularisation, semestrialisation, distinction entre matières prioritaires et secondaires, prérogatives des chefs d’établissements - crée d’ailleurs toutes les conditions d’une telle évolution.

- A terme et malgré les assurances saisonnières de nos ministres actuels c’est bien l’existence même du concours national comme forme privilégiée de recrutement qui sera remise en cause, au profit d’une simple certification assurée par le master, permettant un recrutement local mais évidemment sans garantie statutaire.

Pour la nature de l’enseignement et la recherche universitaire

- A court terme, le niveau de connaissances exigible étant celui de la licence (avec des coefficients faibles pour les épreuves disciplinaires et des questions sur la base des programmes scolaires), le niveau de savoir disciplinaire des enseignants - et de leurs élèves – ne peut que décliner.

- A moyen et long terme, dans les Universités, de nombreux champs de la connaissance et de la recherche en seront définitivement affaiblis : en amont, de nombreuses licences seront pensées en fonction de ces futurs Masters d’enseignement ; en aval, ces derniers mettront en danger l’existence même des Masters recherche, en les vidant d’une grande partie de leurs effectifs, et par ricochet l’existence même des Écoles doctorales.

- Ces conséquences pourraient être dramatiques notamment dans les universités des villes moyennes et dans les universités de lettres et sciences humaines : aux côtés du plan Campus et d’autres pans de la réforme des universités, la réforme de la formation des enseignants contribuera à creuser de façon radicale le fossé entre deux types d’université (les plus nombreuses devenant de simples centres universitaires, une dizaine d’entre elles restant des universités de plein droit avec une véritable articulation entre enseignement et recherche).

La dernière injonction de la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur (demandant une remise des nouvelles maquettes de masters avant le 31 décembre 2008) impose une réponse ferme et claire.

Déjà plusieurs conseils centraux d’universités dans toute la France, de nombreuses associations disciplinaires et quelques syndicats se sont émus de la situation et réclament un retour en arrière du ministère (pour ces réactions voir le site de SLU ; pour un exemple de motion dont nous partageons les termes voir celle de l’Université de Bordeaux III http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article724).

Dans de telles circonstances SLU appelle tous les collègues à multiplier les motions condamnant la politique de masterisation de la formation des enseignants. Nous les publierons toutes sur notre site et tenterons de les centraliser pour en faire une liste à communiquer aux medias et aux ministères concernés.

C’est sans attendre qu’il faut agir et tous ensemble. SLU appelle à une large union de tous les opposants à cette réforme sur les points suivants :

a) un moratoire immédiat sur la réforme en cours,

b) la mise en œuvre, immédiate et sans préalable, de discussions avec tous les acteurs concernés par la formation des enseignants pour proposer une autre réforme des concours d’enseignement, excluant clairement la logique actuelle de la mastérisation,

c) un refus catégorique de faire remonter les maquettes des futurs masters d’enseignement dans les délais imposés par le Ministère,

d) compte tenu des trois points précédent, le maintien des concours 2010 en l’état pour donner le temps à cette autre réforme de voir le jour sereinement.

25 octobre 2008

Publication : Henri Meschonnic

Henri Meschonnic, Dans le bois de la langue, Paris, Éditions Laurence Teper, octobre 2008.

Masterisation des concours

Enfin une analyse sérieuse et argumentée de la masterisation des concours de recrutement!
Elle est d'Alexis Grélois pour SLU. C'est ici : http://www.fabula.org/actualites/article26423.php
A lire d'urgence. Par cette réforme, c'est toute la politique de recherche qui est impliquée.
Je n'ajouterai à l'analyse de Grélois que deux remarques, qui sont liées :
1. L'année de master 2 (à la charge des étudiants) se substituant à l'actuelle année de stage en situation (rémunérée), l'Etat fait l'économie de la rémunération annuelle de 15500 stagiaires ( soit une somme qui avoisine le demi milliard d'euros).
2. A ce jour, on ne sait toujours pas (sauf erreur de ma part) si les reçus aux concours de cette année bénéficieront de l'ancienne année de stage -ce qui serait logique dans la mesure où ils passent les épreuves de l'"ancien" concours- ou s'ils devront faire l'an prochain le "nouveau" master 2. Ainsi le directeur de l'IUFM de Strasbourg a envoyé à tous les étudiants qui préparent le Capes, un courrier qui indique que les admis au concours seront inscrits
l'année suivante dans le futur M2. Or dans ce même IUFM certains collègues travaillent dans l'optique de l'ancien stage. Hallucinant! Je crains qu'il faille parier, si cette réforme se met en place, pour la logique économique : tout le monde en M2!
Merci de faire remonter les informations provenant de vos IUFM et universités respectifs.
PS : Bonne chance à Chloé!

Soutenance de thèse : C. Laplantine sur Benveniste

Chloé Laplantine, membre de Polart, soutiendra sa thèse : Emile Benveniste : poétique de la théorie. Publication et transcription des manuscrits inédits d'une poétique de Baudelaire, le vendredi 28 novembre 2008 à 14h30 (salle D010, Paris 8).

Directeur de thèse :
Gérard DESSONS [Polart], Professeur à l'Université Paris 8

Jury :
Gérard DESSONS, Professeur à l'Université Paris 8
Pierre ENCREVE, Professeur à l'EHESS
Henri MESCHONNIC [Polart], Professeur émérite à l'Université Paris 8
Christian PUECH, Professeur à l'Université Paris 3

Dans une liste d' “articles promis”, listes dont Benveniste avait l'habitude, nous lisons ceci : “Langages / (la langue de Baudelaire)”. Cet article, Benveniste ne le publiera jamais. Nous ne connaissons pas la raison de cela. Mais nous découvrons, à travers les nombreux manuscrits que cette recherche a laissés, que cette poétique qu’il était en train d’écrire, engageait pour lui une transformation du regard, ce qu’il appelle une « conversion du point de vue ». Le langage poétique est pour Benveniste le point de vue qui permet la critique du langage ordinaire, c’est à dire d’une conception réaliste qui réduit la langue à un usage référentiel, communicationnel et pragmatique. La thèse rend publiques les manuscrits inédits de cette poétique (370 feuillets), en donne la transcription dans son intégralité, et en propose une première analyse. Une partie de la thèse s’intéresse également au concept d’« inconscient » chez Benveniste et en montre l’importance et l’enjeu pour une anthropologie. On voit de quelle manière Benveniste poursuit les travaux de Bréal, de Saussure, de Boas, de Sapir et de Whorf. On montre que ce problème de l’inconscient permet à Benveniste de formuler une critique de la psychanalyse freudienne, et de manière plus vive encore, du structuralisme de Lévi-Strauss. On essaie enfin de montrer que cette réflexion à propos de l’inconscient chez Benveniste est indissociable du projet d’une poétique.

23 octobre 2008

Gauchet en penseur de l'éducation

Encore un livre à se mettre sous la dent. Marcel Gauchet, penseur de l'éducation, veut, selon un article du Monde de ce jour, "réinventer la relation d'autorité".
CONDITIONS DE L'ÉDUCATION de Marie-Claude Blais, Marcel Gauchet et Dominique Ottavi. Stock, "Les Essais", 268 p., 19 €.
Le cr du Monde est ici :
http://www.lemonde.fr/livres/article/2008/10/23/conditions-de-l-education-de-marie-claude-blais-marcel-gauchet-et-dominique-ottavi_1110103_3260.html#ens_id=1090909

19 octobre 2008

Compagnon et Le souci de la grandeur

Je me permets de vous signaler la parution récente du livre de Donald Morrison "Que reste-t-il de la culture française?" (Denoël, septembre 2008), qui contient la réponse de Compagnon à Morrison sous le titre "Le souci de la grandeur". En voici la quatrième de couverture :
"Longtemps, la France et sa culture n'ont fait qu'un, la grandeur de l'une servait le rayonnement de l'autre. Au centre de l'attention, les artistes français jouissaient d'un prestige sans égal. De cette gloire passée ne restent aujourd'hui que nombrilisme, nostalgie et frilosité.
C'est le constat désabusé auquel est arrivé Donald Morrison, Américain de Paris, au terme d'une minutieuse enquête sur la place de la culture française dans le monde. La créativité de ses artistes a beau être indéniable, l'influence – spectrale – et le poids – dérisoire – de la France dans les échanges culturels sont là pour montrer que notre culture ne parle plus au monde. Une déchéance qui, finalement, convient bien à la mentalité nationale, prompte à la déploration et à l'apitoiement.
En réponse à Donald Morrison, Antoine Compagnon souligne ainsi une certaine ambivalence de la culture française, encore capable du meilleur mais comme paralysée par le souci de sa propre grandeur. Sans doute la France gagnerait-elle à relativiser la place qu'elle s'imagine être la sienne sur la scène culturelle mondiale. Mais encore faudrait-il qu'elle cesse de vouloir régler leur compte aux États-Unis et à leur insolence culturelle.
Si le débat sur la vitalité de la culture française n'est pas près d'être clos, au moins cet échange salutaire entre Donald Morrison et Antoine Compagnon peut-il nous aider à mieux comprendre le regard que le monde porte sur la France et, donc, à mieux nous connaître."
Voir aussi, pour la contextualisation du débat, le compte-rendu de Pierre Assouline sur son blog :
http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/10/02/notre-culture-netait-pas-morte-elle-declinait-seulement/

17 octobre 2008

APPEL DE SLU - 18 OCTOBRE 2008

A l’appel de
Sauvons l’université!

Assemblée générale des personnels
de l’enseignement supérieur et de la recherche

SAMEDI 18 OCTOBRE 2008 En Sorbonne, Amphithéâtre Bachelard, Galerie Gerson, 17 rue de la Sorbonne 75005 Paris 9h30 –12h30 14h30-17 h
Quelle université voulons-nous ? Savoirs, recherche, transmission, statuts

Un an après la mobilisation qui a donné naissance à SLU, nous voudrions marquer cet anniversaire en faisant le point sur les conséquences de la loi LRU, la poursuite des « réformes », le bouleversement actuel de l’enseignement supérieur et de la recherche : comment fonctionnent les nouveaux CA ? Pourquoi tant d’argent pour le plan « réussite en licence »… mais pas de postes ? Qui seront les premiers CDD de droit privé dans les universités ? À quelle évolution des statuts et des masters peut-on s’attendre ? À quoi sert l’évaluation généralisée ? Qu’arrive-t-il aux SHS au CNRS ? Et que deviennent les grandes écoles dans tout cela ? Bref : quelle université est-on en train de mettre en place, et qu’y restera-t-il des savoirs disciplinaires et de la recherche ? Que nous enseigne l’exemple de nos voisins européens de ce point de vue ? Un an d’avancées et de reculades, d’annonces de chiffres tronqués ou mensongers (sur les budgets), quelques rapports perfides nous ont appris la nécessité de la vigilance et de l’analyse.
Pour préparer ce débat, SLU ! lance donc un appel à contributions « Évaluons la réforme ! Évaluons l’évaluation ! » Faites-nous part de vos expériences (ubuesques, kafkaïennes ou non) et de vos réflexions sur les conditions de l’évaluation dans vos universités et/ ou laboratoires, qu’il s’agisse d’équipes de recherche ou de diplômes. Informez-nous sur les modalités d’application du « plan licence », les voies de la mastérisation des concours dans votre université. Nous rassemblerons ces contributions pour la matinée et nous pourrons éventuellement les publier sur le site. Vous pouvez les envoyer à postmaster@sauvonsluniversite.com
Par ailleurs, comme toute association, nous avons obligation légale de convoquer une assemblée générale des membres de l’association « Sauvons l’Université ! ». Elle aura lieu ce même jour à partir de 14h 30 et accueillera toutes celles et tous ceux qui souhaitent partager le combat de SLU, en adhérant mais aussi éventuellement en participant activement à ses actions. L’ordre du jour sera le suivant : 
 rapports moral et financier ; 
 élection du CA, du bureau et des porte-parole ; 
 débat sur les perspectives de l’association.
Venez nombreux à l’AG organisée par SLU le 18 octobre 2008 ! Faites circuler ce message auprès du plus grand nombre possible de collègues !