13 décembre 2009

« Le devenir de la pensée critique » colloque international, 16, 17, 18 décembre 2009, Université de Paris 8, Amphi X

mercredi 16 décembre

9h00 Accueil des participants
9h30 Ouverture du colloque par Pascal BINCZAK, Président de l’université
Propos introductifs par Michèle RIOT-SARCEY et Stéphane DOUAILLER


10h00-13h00 Généalogie de la pensée critique
Pierre-François MOREAU : « Ce que ne sont pas les Lumières »
Philippe IVERNEL : « Benjamin, Brecht : l’insuffisante pensée critique »
Miguel ABENSOUR : « Philosophie politique critique »

14h30- 18h00 Usages et réception de la pensée critique
Fathi TRIKI : « Pour une universalité critique »
Marc ABÉLÈS : « La globalisation : une anthropologie critique »
Enrique DUSSEL : « La philosophie politique latino-américaine actuelle »

jeudi 17 décembre

9h30-13h00 Usages et réception de la pensée critique
Diego TATIAN : « De la cultura de la revolución a la cultura de la memoria »
Laurent DUBREUIL : « Hypercritique, d’ici aux Amériques »
Charlotte NORDMANN : « Peut-on dépasser la posture critique ? L’exemple de Rancière, critique de Bourdieu »

14h30-19h00 Lieux et transformations de la pensée critique
Etienne BALIBAR : « La pratique théorique comme il fallait qu’elle fût : histoire et actualité
d’une mésaventure de la critique »
Patrice VERMEREN : « La critique des institutions »
Frédéric RAMBEAU : « La critique, un dire-vrai » (Michel Foucault parrêsiaste)
Gérard DESSONS : « Le poème est critique de la critique. Henri Meschonnic et la poétique de la pensée »

vendredi 18 décembre

9h30-13h00 Configurations d'un temps critique
Judith REVEL : « Un tournant politique : Foucault et l’ontologie critique de l’actualité »
Gisèle BERKMAN : « Quelle résistance critique face aux nouveaux paradigmes ? »
Antonia BIRNBAUM : « La vie des étudiants »
Michel TORT : « États critiques »
Alain BADIOU : "La critique de la critique critique"


LE DEVENIR DE LA PENSÉE CRITIQUE


L’Université de Paris 8 a été fondée, il y a quarante ans, dans une situation singulière de la politique, de l’activité savante et artistique, des devenirs subjectifs. Son contexte natif a été en même temps celui de la lutte contre un vieux monde qui craquait en tous lieux et celui de l’excercice d’une capacité à opposer à l’avenir étriqué, aux connaissances bienséantes, au carcan moral, aux gouvernances satisfaites, à l’université poussiéreuse, une expérimentation sans limites associée à une solidarité universelle.
Pendant quarante ans, ce sont aussi avec, autour ou en dehors de Vincennes devenue Paris 8, toutes les universités qui ont porté des transformations selon des voies diverses, et que le moment présent jette à leur tour au coeur de luttes décisives.
Car, pendant ce même temps, les anciennes dominations économiques et sociales et les rapports qu’elles entretenaient avec les universités ont été remplacés de façon aventureuse. Des logiques marchandes et guerrières mondialisées oeuvrent à l’ascension contemporaine d’un égocentrisme aveugle et ivre de puissance qui détruit le droit de justifier également par lui-même le travail de la pensée et des cultures, d’organiser autour de ses normes et exigences une collectivité libre, d’accueillir quiconque choisit de s’y consacrer.
Cette offensive générale bouleverse tout particulièrement les compromis inégalement élucidés qui accordaient au travail universitaire la faculté de transmettre et de faire évoluer les savoirs et les compétences sur un mode critique. C’est pourquoi l’une des tâches urgentes des universités est-elle en même temps de réinterroger l’horizon de la critique, d’éclairer à nouveau la part des arrangements avec l’ordre social et politique qu’il abrite, de s’assurer des forces de résistance et d’émancipation qu’il autorise.
Pour une part, en effet, la critique dévoile. Elle montre la théorie sous le fait, l’archive sous le concept, le sens sous le problème, le discours sous l’idée, l’historicité transformatrice et conflictuelle sous les mots et les figures. Elle incite à prendre conscience des configurations instituées, ainsi qu’à exercer une responsabilité à leur égard. Sur un autre versant, la critique postule un continu qui traverse les faits, les vocabulaires, les disciplines, les rationalités locales, les langues, les cultures. Elle maintient, à la manière d’une théorie d’ensemble, une actvité commune contre la fragmentation du champ culturel en domaines étrangers aux uns et aux autres. Elle en appelle à la multiplicité des points de vue, à l’invention de montages inédits entre eux, à une littérature ouverte et démocratique des destins du savoir. Sous sa double forme, la critique partage avec le travail et la transmission de la pensée une histoire, qui, parallèlement à ses pactes et combats avec les puissances d’ordre, expérimente des limites, des apories, des métamorphoses, des aventures. Les intervenants de France et d’étranger de ce colloque ont été invités à se réunir pour tenter d’en établir un bilan.
Sous le titre Le devenir de la pensée critique, le colloque propose successivement de se retourner vers la généalogie de la pensée critique, d’étudier ses usages et réceptions, d’évaluer ses devenirs et expérimentations, d’effectuer finalement une critique de la critique.

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