Vote du 6 mai : vous hésitez encore ?
Par Alain Trautmann, le 27 avril 2007
Tous les candidats à la présidentielle ont déclaré que la recherche était pour eux une question fondamentale. Ce sont des déclarations. Mais qu’en est-il des faits ?
Le mouvement des chercheurs déclenché en 2004 avait abouti à un ensemble de propositions, formulées dans les Etats Généraux de la recherche. Il y avait là matière à améliorer considérablement l’efficacité du système de recherche en France. Or, la loi sur la recherche votée début 2006 tourne le dos à ces propositions, malgré le fait qu’elles aient été soutenues par un grand nombre de parlementaires allant du Parti communiste à l’UDF en passant par les Verts et le PS. Nicolas Sarkozy était alors membre éminent du gouvernement ET président de l’UMP.
Il a voulu cette loi qui a écarté des mesures très importantes en faveur des jeunes, qui a décidé de dégrèvements fiscaux très coûteux, sans aucune évaluation de leur efficacité. Il a mis en place une agence contrôlée par le ministère de la recherche, l’ANR, qui aura bientôt la quasi-exclusivité du financement, donc de l’orientation des recherches des laboratoires. Il ne supporte pas que les chercheurs aient trop d’indépendance d’organisation et de pensée. Une structure comme le CNRS y était favorable. Il a décidé de le casser. La suppression du CNRS actuel (qui gardera son nom mais en étant vidé de sa substance) est annoncée dans le programme de Nicolas Sarkozy. L’expérience récente que les chercheurs ont de Nicolas Sarkozy est qu’il refuse de prendre en compte leurs propositions. Ce qui importe ce ne sont pas ses discours mais les décisions qu’il a prises. Elles montrent sans ambiguité sa conviction que la recherche du profit maximum et à court terme est ce qui doit guider l’ensemble des activités humaines. S’il est élu, ce sera catastrophique pour l’avenir de notre recherche, et au premier chef pour les jeunes qui veulent s’y engager.
L’équipe responsable de la recherche, autour de Ségolène Royal, est celle qui s’est bien battue lors de la discussion de la loi sur la recherche, reprenant largement les propositions de "Sauvons la Recherche". Il n’y aucun doute que pour la recherche, les intentions affichées de Ségolène Royal ont beaucoup plus de chances d’améliorer le système. Pour autant, il n’y a pas lieu d’être d’un optimisme béat, si l’on se souvient que lorsque le PS était au pouvoir, de très mauvais choix avaient été faits.
Je ne vois pas en Ségolène Royal le sauveur de la nation car je ne crois pas aux hommes ou aux femmes providentiels. En revanche, je crois aux talents multiples des habitants de ce pays, je crois que les problèmes que rencontre la France pourront être améliorés si ces talents peuvent s’exprimer. Il faut pour cela que les propositions qu’ils peuvent faire soient entendues, il faut donc que la démocratie fonctionne réellement, au quotidien, au lieu que le pouvoir soit accaparé par une poignée de gens. Si Ségolène Royal est élue, j’espère qu’elle et son équipe sauront être à l’écoute de ces propositions, et si elle les entend mal, nous saurons le lui rappeler. Si Nicolas Sarkozy est élu, nous savons que nous ne serons pas entendus, les chercheurs –entre autres- en ont fait récemment la douloureuse et brutale expérience.
Dans ces conditions, pour le vote du 6 mai, le choix est clair.
1 commentaire:
Merci Claire ! Du coup j'ai mis le texte Sauvons la recherche...
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