01 avril 2009

Luttes scientifiques et violences

Je relaie ces informations, reçues par diffusion sur liste mail universitaire, qui forment un tableau d'ensemble significatif :

- L'article de Sylvestre Huet de ce jour fait état de certains
exemples de violences policières (eh oui, il faut employer le mot)
commises envers le milieu universitaire et étudiant.
PÉCRESSE RECULE, LES MANIFESTATIONS CONTINUENT
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/04/pcresse-recule.html

- Par ailleurs, sur le site de Fabula, dans la rubrique Débats, sont
recensés certains de ces exemples:
http://www.fabula.org/actudebats.php

- Le site Universités en lutte a lancé un appel à témoin sur les
violences commises au CNRS le jeudi 26 mars
http://universitesenlutte.wordpress.com/

- Et enfin, sur le site deSLR, tout un dossier bien fourni (et
inquiétant) sur le sujet, que je vous copie-colle ci-dessous.

Il faudrait créer un site ou une page pour recenser tous les exemples
et les diffuser à la presse.
Et une fois encore, apporter notre soutien à Guillaume Cingal, grâce
à qui nous avons eu de nombreuses informations sur cette liste.
AFGE

http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2673
http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2696

Développement de l’état policier ?
Par VINCENT Frédéric, le 22 mars 2009

Cet article, qui s’enrichira d’autres contributions dans l’avenir,
vise à regrouper tous les témoignages relatifs aux violences
policières et aux méthodes d’intimidation utilisées par le pouvoir
face au mouvement de lutte pour la sauvegarde de la recherche et de
l’enseignement supérieur.
19 mars :

Toulouse : autoréduction cher payée

A Toulouse, la manifestation nationale s’est terminée pour un groupe
de 300 étudiants par une opération d’« autoréduction » dans un
Monoprix : il s’agissait de bloquer les caisses pour permettre aux
gens de sortir du magasin sans payer leurs achats. L’opération avait
été négociée avec le gérant du magasin et se déroulait dans le calme
lorsque la BAC a chargé sans sommation, blessant grièvement plusieurs
manifestants. L’affrontement a duré une heure jusqu’à ce que la
police parvienne à faire place nette. Deux personnes ont été
interpellées et un rassemblement de soutien a été organisé le lendemain.

12 mars :

Toulouse : sit-in gazé

Les trois facs de Toulouse organisent un sit-in au rez-de-chaussée de
l’Ecole de Commerce. Les étudiants participant au mouvement n’ont
d’autre but que de protester contre la loi LRU et ne montrent aucun
signe de violence. Pourtant, après 10 minutes de sit-in dans le
calme, un membre de la sécurité de l’établissement prévient les
manifestants que la BAC arrive. Les premières grenades lacrymogènes
tombent immédiatement, créant un mouvement de panique dans la salle,
tout le monde se ruant vers une unique fenêtre pour éviter les gaz.
Bien entendu, aucun sommation n’a eu lieu avant la charge...

11 mars :

Article du Canard Enchaîné : des manifestations au pas

La police parisienne aura désormais ordre de sévir contre les
manifestation « sauvages » non déclarées. Le meneur devra être
systématiquement identifié et sommé de disperser la foule. S’il
refuse, il risquera de se retrouver devant le tribunal correctionnel.

Strasbourg : prolongement de manifestation réprimé

A Strasbourg entre 1800 et 3000 personnes ont défilé sans heurt
jusqu’à la place Kléber lors de cette journée de convergence « de la
maternelle à l’université ». Arrivés à cet endroit, fin officielle de
la manifestation, un millier d’étudiants décident de poursuivre
jusqu’à la gare. Sans préavis, les forces de l’ordre ont chargé à
coups de matraque et de gaz lacrymogène, selon un journaliste des «
Dernières nouvelles d’Alsace » présent sur les lieux. Les
manifestants (qui n’avaient donné aucun signe de violence) ainsi que
les passants qui avaient la malencontreuse idée d’être présents ont
dû lutter pour se dégager de la rue étroite et asphyxiée où la charge
a eu lieu.

Besançon : sit-in gazé

La manifestation « de la maternelle à l’université » se termine en
sit-in devant le rectorat, une barricade de chaise étant établie dans
la rue. Comme le montre les photos, les manifestants ont l’air
agressifs et dangereux. C’est probablement dangerosité avérée qui a
poussé la police à déloger les manifestants en employant les gaz (au
cri de « Allez ! Gazez-moi tout ça » - voir la photo).

9 mars :

Lyon : manifestation durement réprimée

Profitant de la venue de V. Pécresse au forum Biovision à
l’université de Lyon 2, environ 200 étudiants manifestent contre les
réformes en cours. La Brigade Anti-Criminalité et les CRS sont sur
place. Une ligne de CRS s’interpose devant les manifestants qui
s’agrippent les uns aux autres et avancent vers les forces de
l’ordre. Le choc est rude, les CRS gazent. Les manifestants, sous
surveillance des CRS et de BAC parviennent finalement à se rapprocher
du lieu du forum. Mais les forces de l’ordre ne leur laisse pas
beaucoup de temps pour en profiter : elles encerclent les
manifestants et les plaquent contre la grille du parc adjacent :
coups et flash-balls commencent à pleuvoir. Bilan : 4 ou 5
arrestations de « leaders » , des blessés dont un nécessitant
l’intervention du SAMU (voir la photo). Selon un membre de SUD
Etudiant, « jusque là, les flics étaient soft. Ils ont dû recevoir
des motifs de fermeté, preuve que le gouvernement veut réprimer ce
mouvement social qui lui fait peur”.

5 mars :

Paris : charge de CRS à la gare Montparnasse contre des collégiens

Hall de la gare Montparnasse, 19h. Des CRS chargent des étudiants qui
occupaient les voies après la manifestation pour la sauvegarde de
l’enseignement supérieur et de la recherche. Un groupe de collégiens
de Cenon attendant leur train de retour après une journée de visite à
l’Assemblée Nationale a le mauvais goût de se trouver sur place :
malgré leurs cris ils sont frappés, matraqués, plaqués au sol, ainsi
que les deux enseignantes qui les accompagnent. On imagine le choc
subi par ces jeunes élèves. En réponse, M. Alliot-Marie trouve bon de
préciser le lundi suivant : « quand on a la charge d’un certain
nombre de jeunes, on évite de les mettre dans des lieux où il peut y
avoir des manifestations et des mouvements de foule ». A ce propos,
voir l’article d’Alain Trautmann.

Développement de l’état policier ? (2)



27 mars :


Orléans : évacuation musclée du rectorat

70 étudiants et 5 profs ont occupé le rectorat de 11h30 à 15h45. Ils
ont été délogés par les CRS qui n’ont pas lésiné sur l’usage de la
force (voir photo), comme ils l’avaient d’ailleurs annoncé au
préalable « si vous ne sortez pas on va vous faire saigner ».

Malgré une résistance purement passive opposée par les manifestants,
certains étudiants ont été blessés. L’un d’eux a même été frappé
jusqu’au sang pour avoir résisté aux CRS qui voulaient l’évacuer.
Pour éviter qu’il sorte dans cet état face aux caméras, il a été
embarqué au poste et convoqué au tribunal pour septembre au motif de
rébellion.

26 mars :

Paris : une collègue violentée devant le siège du CNRS – APPEL A TEMOINS

Le CNRS est en état de siège ce jeudi après qu’une centaine de
personnes ont décidé d’occuper les lieux suite à la tenue à la
sauvette du CA.

Une collègue qui essayait d’entrer par une voie détournée au 43 rue
d’Auteuil est arrêtée à la grille par deux hommes sans uniforme ni
brassard qui l’empêchent de passer. Après avoir tenté de discuter, et
appuyée par des collègues de l’autre côté de la grille, elle tente de
passer. Les deux hommes la bloque violemment et la frappe plusieurs
fois à la poitrine, avant de sortir leurs brassards de police. Aux
hurlements de leur victime, ils répondent "fiche le camp, si on te
retrouve on te viole".

Si des témoins de la scène ont des souvenirs clairs du déroulement
des événements, qu’ils me contactent et je relaierai afin d’étayer le
dossier.

24 mars :

Paris : des conséquence du port d’un badge

Quelle est la sanction à laquelle un manifestant doit s’attendre s’il
ose porter un badge du genre « L’université n’est pas une entreprise
» après la fin d’une manif ? Réponse : à se faire vider au visage une
« gazeuse » ! C’est en tout cas le sort qu’a connu un collègue de
Paris VII.

23 mars :

Amiens : manifestation sauvagement réprimée

Une manifestation était organisée pour recevoir Darcos, en visite
pour une inauguration. Les enseignants-chercheurs et étudiants se
sont rassemblés dans le calme et la bonne humeur pour accueillir le
ministre. Les CRS sont en place et l’un d’eux, selon un témoin, met
immédiatement les choses au clair : « on se fout pas mal que vous
ayez convoqué la presse, nous serons violents ».

Ce sera en effet le cas. Après avoir demandé aux manifestants de se
replier sur un trottoir pour laisser passer les gens se rendant à
leur travail, les CRS chargent brutalement et sans sommation,
matraquant avec gourmandise. Plusieurs blessés. Mais la place était
nette pour recevoir M. le Ministre.

22 mars :

Toulouse : tir de flash-ball à la tête

Une opération « Robin des Bois » était organisée à Toulouse par des
étudiants dans un Monoprix du centre : il s’agissait de
réquisitionner des produits alimentaires dans le magasin pour les
distribuer gratuitement aux passants. Les forces de l’ordre ne
tardent pas à arriver et à charger, évidemment sans sommation, les
participants à l’action.

L’un d’eux a reçu un projectile de flash-ball près de l’oeil : rétine
décollée et multiples fractures. Il est possible qu’il perde son
oeil, ou dans le meilleur des cas qu’il récupère deux dizièmes.

19 mars :

Marseille : interpellations après la manif

Après la fin de la manifestation, à 14h30, quelques personnes restent
sur la place Castellane (arrivée officielle du cortège) pour danser,
boire, ou casser la croute dans une atmosphère bon enfant. Pendant ce
temps, des policiers en civil infiltrent les groupes et vers 14h45
commencent avec l’appui des CRS à évacuer les derniers manifestants
présents.

C’est à ce moment qu’ont eu lieu les deux interpellations de Steve,
enseignant ATER à l’université de Provence et de Benjamin, RMIste. Il
semble que Steve, violemment pris à partie par les forces de l’ordre
alors qu’il ne manifestait aucune disposition violente, se soit
défendu et que Benjamin soit intervenu pour lui porter assistance.
Fait aggravant, ce dernier était muni d’une arme potentiellement
létale : une bouteille de bière.

Les deux jeunes gens ont comparu dès le lendemain au tribunal de
grande instance de Marseille, qui, grâce à la persuasion de leur
avocat, les a laissé repartir en liberté jusqu’au procès, le 22 mai.

Moralité : avant de se défendre si l’on est agressé, même par un
civil, bien vérifier qu’il n’ait pas de brassard de police ou de
matraque cachée sous sa veste...

1 commentaire:

Delphine Cingal a dit…

Guillaume Cingal est sorti de garde à vue hier, après avoir été victime de violence policière. Le pire est que c'est lui qui est poursuivi alors qu'on est venu le chercher aux urgences sous le prétexte de lui demander à lui de porter plainte pour les coups qu'il avait reçus:
http://www.tours.maville.com/actu/actudet_-Garde-a-vue-d’un-prof-colere-devant-la-police-_loc-880455_actu.Htm