05 février 2008

Parution : Philippe Jousset, Anthropologie du style.

PHILIPPE JOUSSET : ANTHROPOLOGIE DU STYLE, Presses Universitaires de Bordeaux, coll. "Propositions", 2007, 364 p.

Présentation de l'ouvrage (le plan du livre est consultable en fichier pdf à l'adresse suivante : www.pub.u-bordeaux3.fr/) :


"De nombreuses définitions du style circulent sans qu’aucune ne fasse l’unanimité. C’est sans doute qu’il n’y a pas d’essence du style, ni même de manière unique de l’envisager, mais autant d’approches qu’il y a d’usages. Que le style ne soit pas qu’un ornement, tout le monde en convient cependant ; il peut exister des styles pauvres ou manqués, ou empanachés, au contraire, et fortement individualisés, mais l’absence de style en littérature est une contradictio in adiecto.
La stylistique qui consiste à repérer des procédés dont la fonction est de mettre-en-reliefdes-intentions, a ses vertus et ses justifications mais, pour tenter de saisir ce qui précisément du style nous échappe, ce positivisme demande à être dépassé, pour tenter de mieux cerner ce qui «tient» une phrase, un texte ou une oeuvre, et identifier son principe d’animation : ce qui fait qu’entendre un style, c’est comprendre comment une suite d’énoncés ne relève pas de la seule communication, mais nous met en un état qualifié de réflexion sur notre propre situation ou sort, de manière intellectuelle et sensible à la fois, dans cette immédiateté de la médiation qu’est le texte.
Anthropologique n’est guère ici qu’une façon savante de dire humain au second degré, et d’embrasser le style sous ses aspects généraux : physique (l’« animalité » de la pensée-langage), psychologique, éthique, etc., et à le concevoir à l’aune d’autres activités apparentées, le musical et le physionomique, par exemple.
Les propositions défendues tendent de considérer la question de manière à ce que soit rendue justice du phénomène au-delà du cadre, à l’évidence trop étroit, de la plupart des exercices universitaires. Le style, domaine du comment par excellence, cherche ici à se retourner sur son pourquoi : Pourquoi le discours (littéraire) ne saurait-il se passer de style ?"

3 commentaires:

Chloé Laplantine a dit…

je me demande ce qu'est humain au second degré.
Et à retourner à la question "pourquoi" on n'est pas prêts de se poser la question "comment", en "qui" en vrai.

l'abbé a dit…

La question est réactive, à juste titre.

Il y a plusieurs choses à noter :

1. Le fait que la problématique du style soit envisagée sous l'angle d'une anthropologie, et non seulement de sa technicité / formalité traditionnnelles. Ce n'est pas banal dans ce sous-champ de la discipline appelée "littérature".

Et cela rejoint l'expression opaque que tu pointes, mais il ne s'agit là que d'une quatrième de couverture. A voir à la lecture, donc.

2. Le pourquoi / le comment : en effet, c'est l'articulation singulière de l'ouvrage. De l'empirique de la signifiance à la raison d'être principielle de ce même fonctionnement.

3. Evidemment, la prémisse centrale qui s'y noue est que "l'absence de style en littérature est une contradictio in adjecto" ; et "pourquoi le discours (littéraire) ne saurait-il se passer de style ?". Avec pour l'écriture de cette proposition la parenthèse ajout / précision sur "littéraire" qui laisse entendre une typologie des discours, dont la littérature serait une espèce, ce que confirme le rappel que le style est le lieu de quelque chose d'autre que de la communication (cette parenthèse est-elle donc un simple détail argumentatif ou bien au contraire un symptôme épistémologique de la théorie déployée par l'auteur?). Cela ramène finalement à cet enjeu, posé inversement et récemment par GD : existe-il des oeuvres sans style ? Plus encore, peut-être, des oeuvres qui n'auraient pas de style, mais bien plutôt une manière ?

l'abbé a dit…

Dernière chose "se passer de style" = partitivement vs *"se passer du style", catégorie spécifiée par l'article défini. Là encore, il y a une nuance. L'ouvrage répondra.