03 juin 2008

Regard (angliciste) sur l'actualité de la théorie/theory

Le centre de recherche en littérature anglophone de Paris X, "Tropismes", organise une deuxième manifestation autour de la "théorie", après le colloque "Où va la théorie?/Whither Theory?" de 2003.
Le colloque international "Résonance de la théorie / The Relevance of Theory" aura lieu les 12, 13 et 15 juin prochains.
Le colloque ouvrira avec une conférence plénière de Jonathan Culler (Cornell University), intitulée "Theory of the Lyric", et se déclinera ensuite en trois ateliers parallèles - dont l'un consacré au travail de Jean-Jacques Lecercle : atelier intitulé "Language in Deed".
Le programme détaillé est consultable en ligne, ainsi que l'ensemble des abstracts des interventions prévues.

Avant de copier ci-dessous l'argumentaire qui oriente les travaux, mon grain de sel (motivé d'ailleurs par une remarque d'AB) : les études anglaises ont un rôle, ou disons au moins une situation, particulier/ère dans l'histoire récente de la théorie en France (voir, pour jalon, le French Theory de François Cusset). Cet événement est aussi un aperçu sur la situation des disciplines et des rapports de transdisciplinarité (largement bloqués, par la réforme LMD la première...) en France - et permet, déjà en sa simple qualité de symptôme et avant même les travaux, de voir se dessiner un largement bigger picture dans lequel comprendre les enjeux actuels effectifs des débats français, un peu mous, sur la théorie : celui d'une géopolitique scientifique, dont les dimensions dépassent entièrement les catégorielle, corporatiste, territoriale, puisque nationale, etc. M'est avis que : c'est là qu'il faut regarder.

Argumentaire :
Il y a quatre ans, le texte de présentation du colloque international « Où va la théorie? » (19-20-21 juin 2003), débutait sur le ton du manifeste : « un spectre hante l’anglicisme : le spectre de la théorie. » Aujourd’hui il est clair que le fantôme se porte bien, au point de perdre son aspect fantomatique, au point de prendre des couleurs. Tant il est vrai que, dans les disciplines qui composent l’anglicisme (linguistique, civilisation, littérature), on ne sent plus le besoin de défendre l’existence de la théorie, de réaffirmer sa nécessité. Cette nécessité étant largement admise, ce qui reste en question est la résonance de la théorie : sa pertinence pour notre discipline, ses effets, ses avancées, ses limites aussi.

Car l’autosatisfaction n’est pas de mise. Il faut évaluer la force et les faiblesses, dans notre champ de recherche, de la théorie : ce qu’elle nous permet, et ce qu’elle ne nous permet pas, de dire sur nos objets. Et nous n’avons que trop conscience d’appartenir à la deuxième génération des adeptes de la théorie, dont les pères fondateurs ont aujourd’hui disparu. L’objet de ce colloque est donc, dans cette nouvelle conjoncture, de cerner les problèmes, de poser les questions que l’indéniable résonance de la théorie suscite. La liste qui suit est ouverte, provisoire et indicative.

On réfléchira sur la différence linguistique et culturelle entre les conceptions anglo-saxonne et française de la théorie.

On réfléchira sur la persistance de la théorie, sur sa résistance à l’usure du temps. Il est aujourd’hui clair que les proclamations sur « la fin de la théorie » n’expriment guère que les désirs de leurs auteurs. L’explication habituelle de cette persistance est fondée sur le lien entre théorie et critique.

Et comme la critique (de la société, du langage, de la littérature et de l’art) est plus que jamais nécessaire, on réfléchira sur la contribution que, dans la conjoncture actuelle, la théorie apporte à cette critique.

On réfléchira enfin sur la diversité de la théorie, laquelle aujourd’hui se décline résolument au pluriel. Non pas tant à cause du phénomène des modes théoriques qui se succèdent (et qui est en soi digne d’intérêt) que parce que la résonance de la théorie se marque dans la multiplication des objets et des champs de recherche qu’elle investit.

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