Pour ceux qui n'auraient pas vu passer l'information :
Pierre Lunel, président sortant de l'Université Paris 8, vient de publier un livre de témoignage et analyse sur l'université : Fac : le grand merdier? Confidences d'un President d'Université pour en sortir (Anne Carrière, 2006).
4ème de couverture :
Grèves à répétition, mouvement anti-CPE, port du voile, baisse du niveau général, désorientation... L'université française est confrontée à des crises d'une ampleur sans précédent. Comment peut-elle continuer à offrir un enseignement de qualité lorsqu'elle est envahie par les étudiants de plus en plus nombreux, avec en poche un bac au rabais, qui se sont inscrits en fac sans véritable projet de vie?Ceux qui sont parisiens en ce moment pourront peut-être nous régaler de commentaires de plus ample lecture. Pour ma part j'ai l'oreille attirée en particulier par l'opération de personnalisation, domesticisation ; moralisation. Les coulisses : on est content d'être invité à y faire un tour, après un mandat qui a sinon créé du moins cultivé à Paris 8 l'espace réservé de la coulisse et des corridors, et cultivé la politique des couloirs aux dépens des instances publiques et représentatives. Qualités et défauts, joies peines paresses et générosité : comment dépolitiser la question. L'humour et le paternalisme : comment dépolitiser la question.
Président de Paris VIII Vincennes-Saint-Denis, Pierre Lunel nous plonge dans les coulisses de l'université, jadis haut lieu du savoir, devenue aujourd'hui zone de transit imperméable à toute tentative de réforme. Il nous révèle la personnalité complexe de cette vieille dame fragile, loue ses qualités, épingle ses défauts, et décrit avec clairvoyance ses travers et ses petites magouilles. Il nous raconte aussi les joies, les peines et les colères des étudiants, les paresses et les idéaux des enseignants, les manquements et la générosité des personnels administratifs. Un portrait de famille sans concession dans un style coloré et plein d'humour.
2 commentaires:
Ah le bon vieux paternalisme de la fonction publique ! Je ne connais (presque) que ça ! Miam, slurp, encore... tous ces enfants indociles...cette impertinence de l'agent moyen qui a des idées sur ses fonctions et critique les ordres tombés d'en haut (refuse toute réforme, oui c'est facile)Il y a réforme et réforme
J'ajoute ici un entretien que le successeur de P. Lunel vient de donner (à qui??), et de diffuser à "allP8" :
Pascal Binczak, président de Paris-VIII: "L'ambiance de travail a
considérablement changé"
"L'ambiance de travail a considérablement changé" à Paris-VIII assure son
nouveau président, Pascal Binczak. Dans un entretien à L'AEF, le successeur
de Pierre Lunel détaille ses priorités pour l'université: recherche et lutte
contre l'échec en premier cycle. Le PRES (pôle de recherche et
d'enseignement supérieur) Paris-Nord devrait, lui, être concrétisé dans
l'année. Pascal Binczak souligne les "potentialités de son université" et
assure qu'elle "n'est pas si différente" des autres établissements: "Elle
est tout à fait gouvernable, à condition, bien sûr, de vouloir la
gouverner!"
L'AEF: Dans votre profession de foi, avant d'être élu à la présidence de
Paris-VIII, vous vous présentiez à la fois comme le "candidat du renouveau"
et, si vous étiez élu, comme un "président de proximité" (L'AEF du
23/10/2006, 70282). Qu'en est-il aujourd'hui?
Pascal Binczak: À Paris-VIII, l'ambiance de travail a considérablement
changé. Visiblement, les personnels administratifs et enseignants sont
davantage motivés et les services sont redynamisés. Je défends effectivement
un renouveau pour mon université. Celui-ci passe par une démocratisation
interne et notamment par l'accès de tous à l'information. Nous avons ainsi
ouvert notre système intranet de communication au plus grand nombre et nous
communiquons sur tous les sujets sensibles en temps réel. Le mode de prise
de décision a également changé: tout le monde s'exprime dans les instances
existantes qui sont consultées pour chaque décision. Il faut impérativement
respecter les élus, sans exception, car nous poursuivons tous le même
objectif qui est l'accomplissement optimal de nos missions de service
public. C'est de la concertation et de l'écoute attentive de tous les
membres de la communauté que dépendent la qualité et l'efficacité de la
politique que nous conduisons, notamment avec les trois vice-présidents,
fortement engagés à mes côtés.
L'AEF: Quelles seront vos priorités pour Paris-VIII?
Pascal Binczak: Je souhaite particulièrement valoriser les forces et les
actions de l'université, établissement d'excellence, qui dispose de
remarquables potentialités. Plus concrètement, il faut donner la priorité à
la recherche, au développement et au rayonnement de toutes nos équipes. Pour
y parvenir, nos enseignants-chercheurs doivent disposer de tous les moyens
nécessaires pour mener à bien leurs projets, d'autant plus que Paris-VIII
est et doit rester une université pilote en matière de recherche et
d'expérimentation. Aussi convient-il de mettre en place une véritable
structure administrative d'aide aux chercheurs (montage de colloques, de
contrats de recherche, réponses aux appels d'offres, etc.). Dès mon
élection, j'ai tout mis en ¦uvre afin d'obtenir un financement à hauteur de
20 millions d'euros pour la création d'un nouveau bâtiment spécialement
dédié à la recherche, dans le cadre du prochain CPER (contrat de projets
État-région). Il s'agit de créer une véritable "maison de la recherche" qui
hébergera nos équipes et leur donnera accès à l'ensemble des données
numériques disponibles aujourd'hui. Nous bénéficions d'un fort soutien des
collectivités locales qui acceptent de mettre à notre disposition, à la
périphérie de notre université, les terrains nécessaires à ce projet.
L'AEF: Que pouvez vous faire pour lutter contre le taux d'échec des
étudiants en première année?
Pascal Binczak: Je prévois de donner un caractère propédeutique à la
première année en faveur des étudiants qui ne maîtrisent pas suffisamment
les fondamentaux pour réussir leur entrée à l'université. Il s'agit
notamment d'aider les étudiants dont le français n'est pas la langue
maternelle, qui représentent plus d'un tiers de nos effectifs, mais pas
seulement eux. Tous les étudiants en difficulté pourraient ainsi bénéficier
d'un soutien en langue et en civilisation françaises. Plus généralement,
nous développons des dispositifs d'aide à l'orientation de tous les
étudiants: orientation active, tutorat d'accueil, d'encadrement, suivi
personnalisé...
L'AEF: Votre université à dominante artistique, littéraire et de sciences
humaines est située en Seine-Saint-Denis. Existe-t-il des débouchés
professionnels pour vos étudiants?
Pascal Binczak: Paris-VIII est une université d'excellence en sciences
humaines et sociales, arts et informatique. Traditionnellement, les
étudiants diplômés dans certaines filières rencontrent des difficultés à
trouver du travail dans les entreprises. Pourtant, des débouchés existent
dans de nombreux domaines, par exemple en gestion des ressources humaines.
Nous allons ouvrir de nombreux chantiers en matière d'insertion
professionnelle. Nous travaillons sur une charte de partenariat avec les
entreprises locales et sur un dispositif de parrainage d'étudiants, dans la
continuité notamment d'un partenariat déjà existant entre notre université
et l'association Interfaces compétences. De plus, nous avons le projet de
créer un observatoire de l'insertion professionnelle. Environ 60 000 PME
sont installées à proximité de Paris-VIII, nous devons en tirer profit et
établir avec elles des synergies. De plus, nous bénéficions du soutien
d'organismes comme le MEDEF, la CGPME et la CCIP, dont le vice-président est
notre chargé de mission en matière d'insertion. J'ai engagé une réflexion
avec tous nos partenaires sociaux et économiques pour connaître leurs
attentes et leur avis sur l'adéquation entre notre offre de formation et
leurs besoins. Ainsi sommes-nous prêts à affiner notre offre de formation
dans l'intérêt de nos étudiants.
L'AEF: Reprenez-vous à votre compte la volonté de votre prédécesseur, Pierre
Lunel, de créer un PRES (Pôle de recherche et d'enseignement supérieur)
Paris Nord?
Pascal Binczak: Je souhaite vraiment finaliser ce PRES dès cette année. Il a
été retardé en raison du changement de président à Paris-VIII. À présent, je
veux profiter de l'excellente qualité de mes relations avec Alain Neuman
[président de Paris-XIII] pour le constituer. Une convention constitutive du
PRES a déjà été rédigée et est actuellement en cours de signature. Notre
PRES rassemblera Paris-VIII, Paris-XIII, le CNAM (Conservatoire national des
arts et métiers), SUPMECA, et d'autres partenaires éventuels. Il pourrait
prendre la forme d'un EPCS (Établissement public de coopération
scientifique). Pour l'instituer, je privilégie pour ma part une méthode
démocratique. L'initiative doit aussi partir des composantes de chaque
établissement, des équipes de recherche et des responsables de formation,
avec l'appui des chefs d'établissement. Des négociations doivent avoir lieu
au niveau même des laboratoires et des UFR. En mutualisant des services et
des composantes, nous pourrions dégager des moyens pour renforcer des
formations d'excellence et des équipes de recherche, mais surtout la
visibilité internationale des universités au nord de Paris. Au passage, le
PRES pourrait permettre le maintien de formations qui ne comptent plus assez
d'étudiants dans un seul établissement, voire d'équipes qui ne disposent pas
d'une masse critique suffisante.
L'AEF: Paris-VIII est-elle une université facile à gouverner?
Pascal Binczak: Contrairement à ce qu'affirme mon prédécesseur, Paris-VIII
n'est pas si différente des autres universités. Elle est tout à fait
gouvernable, à condition, bien sûr, de vouloir la gouverner! D'ailleurs, mon
premier budget a été voté à l'unanimité, c'est une preuve de la confiance de
la communauté et un signe du renouveau que je souhaite incarner. J'ai
composé un bureau de 7 hommes et 7 femmes représentant quasiment toutes nos
sensibilités politiques, tous nos syndicats et toutes nos composantes. C'est
un lieu de concertation et de dialogue, un laboratoire d'idées en amont des
lieux de décisions. Par ailleurs, Paris-VIII a ouvert un vaste chantier de
réflexions sur elle-même et sur l'université en général. Les "états généraux
de Paris-VIII" réfléchissent à ce que doit être ou peut être une université
aujourd'hui et demain.
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