04 février 2007

séminaire critique

Tout d'abord, mes excuses à Claire : j'y suis et j'aurais dû persévérer avant de râler...
Les livres dont j'ai essayé de parler lors du séminaire du 12 janvier:
auparavant, je voudrais, pour rire un peu, signaler une bibliographie d'une revue en ligne ("Questions de style") qui signale deux nouveaux auteurs que je ne connaissais pas: Georges Dessons et Georges Meschonnic. Primo, je constate qu'aucune erreur n'est commise sur les autres auteurs. Secundo, je ne supporte plus - mais voyez l'état de l'Université dans cet énervement - que quatre entrées aillent à Michèle Aquien et 3 à Meschonnic (Georges, je le rappelle!!!) pour d'abord un article publié dans "Langue française" en 1974!!! Passons et restons calme contre le "style".
1. J'ai évoqué rapidement le numéro du "Français aujourd'hui" en préparation (coordination: Jérôme Roger et moi-même) sur la critique (littéraire, de la littérature...) et l'enseignement : à la fois bilan et perspectives, comme on dit... "La critique pour quoi faire?" en essayant avec des points de vue certainement contradictoires de faire apparaître le paradoxe d'une Université (dont les IUFM) qui dispense - de façon d'ailleurs variable - un enseignment de la "critique" mais toujours au titre d'une spécialisation qui en fait curieusement un domaine à part... On en reparlera donc.
2. Un "que sais-je?" dont le titre est bien évidemment évocateur: "L'enseignement littéraire" écrit par Paul Aron et Alain Viala (PUF, 2005) - ce dernier étant un des principaux responsables des Programmes actuels de l'enseignement secondaire. Je signalerai pour donner l'eau à la bouche l'hésitation (prolongée comme chez Valéry) suivante: ens. littéraire et ens. du littéraire... sans compter "enseigner la littérature" qui semble englober les deux. Bon! pour aller vite, je relève que les trois derniers points développés sont "Lettres et... langue, esthétique, histoire", ce qui veut tout dire.
2 bis. Il faut rappeler le Michel Jarrety, "La Poétique", dans la même collection ("Que sais-je?", PUF, 2003) dont je retiens la leçon historique: nous serions passés des "arts poétiques" à "l'esthétique" d'un côté et à "la critique" (entendez la "critique" des genres ou, si vous préférez, la "poétique" des éd. du Seuil: revue et collection) d'un autre...
3. Rapidement signalé l'ouvrage de William Marx, "L'Adieu à la littérature" (Minuit, 2005). Ma critique vise ce que j'appellerais le réalisme théorique qui ne fait pas, quoiqu'en suppose Marx, la théorie de la situation, celle de l'enseignement de la littérature aujourd'hui, en particulier à l'Université puisqu'au fond, telle est l'ambition de ce livre qui reste, malgré les apparences, dans l'historicisme fondamental des études littéraires françaises (ne serait-ce qu'en prenant "trois siècles"). Il suffit pour le moment de se contenter de sa définition de la littérature dont "personne ne sait ce que c'est, sinon qu'elle est un usage particulier du langage" : rien n'a changé depuis Sartre...
3 bis. Je n'ai pas parlé au séminaire du dernier Todorov que je viens de lire - c'est court! et je le mettrais dans la lignée du Marx: "La littérature en péril" (Flammarion, 2007) part des meilleures intentions mais tombe dans les pires travers : éclectisme théorique, si on peut appeler cela "théorique"... et surtout, en empruntant à Bénichou le titre de son dernier chapitre ("Une communication inépuisable" et non une relation, c'est l'enjeu de ce que j'essaie de construire avec "Langage et relation" et "L'Amour en fragments, Critique de la relation critique") : les oeuvres, leur activité versées dans l'histoire des idées, au mieux une herméneutique associée à une esthétique. Mais "l'objet de la littérature" qui serait "la condition humaine" (c'est beau, c'est bien, c'est bon...) c'est justement du culturel et pas du poème: car c'est de sujet que "la condition humaine" a besoin et non d'objet sous peine de faire de ces "paroles qui aident à mieux vivre" (clausule de l'ouvrage) des préceptes moraux et/ou des procédés esthétiques à "transmettre" à contre-historicité, à contre-sujet du poème et même sujet du langage mais pas des énonciations qui transforment l'écoute, passent de bouche en bouche...
4. Alors il faut "changer de société" mais comme dit Bruno Latour (La Découverte, 2006), pour "Changer de société", il faut "Refaire de la sociologie" (j'aurais préférer "refaire la sociologie"! Très intéressant cet ouvrage comme tous ceux de Latour ne serait-ce que pour sa critique de Bourdieu et de ses émules... et on jubile quand il rejette le "jargon" des sociologues pour préférer "la liberté de mouvement" de "la théorie littéraire" (p. 80) sauf que cette dernière se résume à... la sémiotique dont "l'infralangage" protègerait "contre les tentations du métalangage de la sociologie"... Ceci dit, il faut y revenir et voir de près ce que fait justement l'absence d'une théorie du langage (versus la naturalisation du signisme).
4 bis. Le livre de Axel Honneth ("La société du mépris", La Découverte, 2006, ne peut qu'attirer l'attention avec son sous-titre ("vers une nouvelle Théorie critique") non seulement parce qu'il propose une critique de la théorie d'Habermas mais il n'arrive pas à déplacer sérieusement "la théorie du langage" de ce dernier (p. 188) et il en appelle même à "développer le modèle de la communication élaboré par Habermas dans le sens de ses présuppositions intersubjectivistes, voire sociologiques" (p. 191). On sait ce que cela donne... mais le chantier relationnel ("reconnaissance") que Honneth a ouvert n'est pas à laisser aux sociologues; la poétique doit montrer que "la théorie de la reconnaissance" sans "théorie du langage" ne peut "combler la lacune théorique que Habermas avait laissée dans son développement du programme habermassien" (p. 193).
5. Alors je vais jeter un oeil dans "Recherches en esthétique" (N) 12, octobre 2006) et ne suis pas étonné de trouver sur sa thématique de "La rencontre" qu'avec Marc Jimenez on ne peut espérer avec lui autre chose qu'une "esthétique de la rencontre" alors même que son interlocuteur, Dominique Berthet, collègue de l'IUFM des Antilles, qui a concocté ce numéro rappelait que "André Breton nous a proposé une poétique de la rencontre"...
Je finis sur ces "notes" de Antoine Emaz : "L'époque est molle; elle n'est pas inintéressante, loin de là, mais elle est vaseuse" (p. 34 dans la revue "Rehauts" n° 18 ("Brèches"), octobre 2006...
Serge Martin

1 commentaire:

CJ a dit…

Merci Serge. Bonne idée de le mettre en ligne ici. J'attends les autres contribution et je mettrai le tout en page dans un dossier, sur le site, si/quand nous aurons l'aval CS.