07 février 2007

Universités et gratuité

L'article du Monde, le 07.02.2007

Villepin veut moduler les frais d'inscription à l'université

Reuters 07.02.07 | 13h50

Dominique de Villepin s'est prononcé pour une augmentation des frais d'inscription à l'université, suggérant une modulation des droits d'entrée en fonction des ressources de l'étudiant.

"Nous devons être lucides sur la réalité des choses. L'Université française n'a pas les moyens de ses ambitions", a souligné le Premier ministre lors de l'inauguration de l'université Paris-Diderot (Paris VII).

"Aujourd'hui, nous dépensons moins de 7.000 euros par an et par étudiant. Ce chiffre est très inférieur à la moyenne des pays développés. Il est trente fois inférieur à ce dont bénéficie par exemple un élève de Princeton", a-t-il déploré à l'heure où le débat sur l'Education nationale s'impose dans la campagne présidentielle, droite et gauche se disputant le vote des enseignants.

Soulignant que les marges de manoeuvre de l'Etat étaient "limitées" au regard de son effort de désendettement, Dominique de Villepin a insisté sur la nécessité de trouver "d'autres sources de financement" pour l'enseignement supérieur.

"Cela soulève naturellement la question des droits d'inscription : faut-il ou non les augmenter ? Ma conviction, c'est que nous devrons très vraisemblablement permettre aux universités de le faire dans les prochaines années", a estimé le chef du gouvernement.

"Mais nous devrons veiller à ce qu'une solution financière existe pour chacun. (...) Nous pourrions par exemple moduler les droits d'inscription en fonction des ressources de l'étudiant et de ses parents. Un système qui fait payer 2.000 euros par an aux étudiants aisés et rien à ceux qui ont le moins de ressources, n'est-ce pas plus juste qu'un système qui fait payer 300 euros à tout le monde?", a-t-il lancé.

DIX NOUVEAUX CAMPUS EN CINQ ANS

Le Premier ministre juge indispensable en outre un développement massif des bourses et des prêts étudiants, réitérant l'idée d'un prêt à taux zéro.

Déplorant que les locaux universitaires ne soient "pas à la hauteur de notre pays", il a souhaité la construction en cinq ans de "dix campus aux meilleurs standards internationaux".

"Notre objectif doit être d'avoir des campus au niveau des meilleurs campus britanniques, allemands ou américains", a souligné le Premier ministre, qui a effectué une partie de ses études à l'étranger.

Il considère que les universités françaises doivent se rapprocher "pour devenir plus fortes dans la compétition internationale".

"Il y a aujourd'hui 88 universités de plein exercice en France. Une fois le mouvement de rapprochement engagé, nous devrions avoir une quinzaine de grands pôles de recherche et

une quarantaine d'universités de plein exercice sur l'ensemble du territoire", a-t-il précisé.

Dominique de Villepin, qui confirme implicitement mercredi dans une interview au Financial Times qu'il ne sera pas candidat à la présidentielle, a appelé de ses voeux "un consensus large entre les partis" sur l'avenir de l'Université française.

"Qu'il y ait débat sur les moyens à mettre en oeuvre, sur les choix à faire dans tel ou tel domaine, c'est bien naturel. Mais cela ne doit pas faire passer à l'arrière-plan l'objectif qui doit être partagé par tous : faire de notre système d'enseignement supérieur le premier en Europe et l'un des meilleurs au monde", a affirmé le Premier ministre.

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