13 janvier 2009

APPEL DE STRASBOURG

A la suite de l’Assemblée Générale du 10 décembre 2008 un collectif composé d’une
vingtaine de personnes appartenant à la communauté scientifique du pôle universitaire
de Strasbourg(chercheurs, enseignantschercheurs,ingénieurs, techniciens et administratifs de l’universités, du CNRS et de l’INSERM) a rédigé un Appel à défendre les valeurs de l’Université et de la Recherche. Cette initiative transcende les disciplines comme les appartenances syndicales ou politiques. Elle vise à rassembler le plus
largement possible. L’Appel de Strasbourg sera très bientôt le support d’une pétition nationale à
destination de l’ensemble des chercheurs, enseignants-chercheurs, personnels et étudiants des
universités françaises et de tous les organismes de recherche car les rédacteurs de l'Appel estiment que seule une très large mobilisation permettra de faire enfin entendre aussi bien nos refus que notre force de proposition.
Il est important que tous se reconnaissent dans cet Appel, le signent et le diffusent largement.
Le collectif de l'Appel de Strasbourg

Assemblée Générale de tous les personnels de l’UdS le mardi 20 janvier à 10h (lieu précisé
ultérieurement)

Appel de Strasbourg
Pour une réforme concertée de l’Université, de l’Enseignement et de la Recherche

Au moment où les trois universités de Strasbourg, de leur propre initiative, se rassemblent
pour former le plus grand établissement universitaire de France, nous, chercheurs, enseignantschercheurs
et personnels de la nouvelle Université de Strasbourg et des organismes de recherche,
lançons un appel solennel au gouvernement et aux ministères dont nous dépendons pour qu’ils
mettent fin à leur entreprise aveugle de destruction de l’enseignement supérieur et de la
recherche.
Scientifiques, nous ne sommes en aucun cas hostiles à une réforme concertée. Au lieu de cela
notre gouvernement prend prétexte d’une prétendue urgence pour faire l’économie de la réflexion et
du débat. Il persiste à nier notre expertise et nos propositions - celles faites, par exemple, lors des Etats
généraux de la recherche en 2004 ont été largement ignorées. Il ne respecte pas la collégialité des
décisions en usage dans notre communauté depuis fort longtemps. Nous tenons à rappeler que le
développement des connaissances et la transmission des savoirs sont les missions fondamentales de
l’Université : elles ne sauraient être soumises à des considérations uniquement utilitaires, ni être mises
en cause au nom de l’harmonisation européenne et d'un modèle entrepreneurial inadapté aux
exigences universitaires
La réforme LMD (Licence-Master-Doctorat) a conduit à une refonte complète des cursus dont
le bilan n’a pas été tiré. La loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) instaure
une présidentialisation excessive du pouvoir dans les universités. Des organismes de recherche comme
le CNRS ou l’INSERM sont démantelés. Les IUT - dont personne ne contestait l’efficacité - sont
menacés. Certaines bourses attribuées au mérite sont supprimées sans aucune explication. Les
nouveaux contrats doctoraux ne masquent pas la misère des moyens.
Et voici que le ministère de l’Enseignement supérieur rend public un projet de décret qui
modifie d’une manière fondamentale le statut des enseignants-chercheurs en privant ceux-ci de leur
indépendance intellectuelle. Voici que les ministres de l’Education nationale et de l’Enseignement
supérieur exigent un bouleversement de la formation et du recrutement des enseignants du secondaire
dans un texte bâclé, confus et autoritaire, instituant des masters « métiers de l’enseignement » dans des
délais irréalistes et dans des conditions qui affaibliront sensiblement la qualité de la formation des
futurs professeurs, tout en rendant celle-ci plus longue et plus coûteuse pour les étudiants : l’année de
stage rémunérée est supprimée. Voici enfin que les valeurs républicaines et laïques sont remises en
cause par la reconnaissance internationale, à l’initiative de notre ministère des Affaires étrangères, des
diplômes délivrés par les instituts catholiques.
Les moyens promis ne suivent pas et les réductions de postes se confirment. L’objectif
commun à toutes ces réformes menées dans la précipitation et sans concertation est de permettre des
économies à court terme, sans souci du capital ainsi bradé. Elles conduisent aussi à une réduction du
temps consacré à la recherche. Cette réalité est aggravée par une avalanche de procédures d’évaluation
dont les excès, largement dénoncés, mobilisent des moyens considérables et nous détournent de nos
missions fondamentales : la recherche et l’enseignement.
Il est grand temps que le gouvernement nous entende : nous lui demandons instamment de
suspendre sans délai l’ensemble de ces réformes pour ouvrir enfin un grand débat national sur
l’Enseignement et la Recherche dont les principaux acteurs ne soient pas exclus, y compris les
jeunes chercheurs et les étudiants dont l’inquiétude est aujourd’hui aussi profonde que la nôtre. Nous
lançons un APPEL à toutes les universités françaises et à toutes les institutions de recherche afin
qu’elles unissent leurs voix pour une coordination nationale des actions à même de défendre les
valeurs républicaines de liberté et de laïcité du monde de l’éducation, de la science et de la recherche.

Pétition nationale en ligne à partir du mercredi 14 janvier : http://appeldestrasbourg.unistra.fr

Premiers signataires de l’Université de Strasbourg :
ANCORI Bernard (Professeur, Directeur de l'IRIST, ancien Vice-président de l'ULP) ;
BOURGUINAT Nicolas (Maître de Conférences IUF, Sciences historiques) ; BUGEAUD Yann,
(Professeur IUF, Mathématiques, UMR 7501) ; DEBARRE Olivier (Professeur IUF, Mathématiques,
ULP, puis Paris VII depuis septembre 2008) ; DUBOIS Vincent, Professeur IUF, Sociologie et science
politique, UMR 7012) ; HARTMANN Pierre (Professeur, Littérature française, directeur de l'Ecole
doctorale des Humanités) ; HURSTEL Françoise (Professeur Emérite de Psychologie clinique) ; LE
BRETON David (Professeur IUF, Sociologie, UMR 7043) ; MONSONEGO Georges (Physicien,
ancien Professeur de l’ULP) ; PELLAT Jean-Christophe (Professeur, Linguistique française, ancien
Doyen de l’UFR des Lettres) ; PETIT Pierre (Directeur de Recherche, Physicien, CNRS/ICS, UPR
22) ; PFEFFERKORN Roland (Professeur, Sociologie, Directeur d'Institut, UMR 7043) ;
SCHNEDECKER Catherine (Professeur IUF, Linguistique française, Responsable de l’EA1339) ;
UTARD Jean-Michel (Professeur, Sciences de l'Information et de la communication, UMR 7012).

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