13 octobre 2007

Politique de l'étranger

Vous avez certainement suivi les éclats du débat autour de la création de l'Institut d'Etudes sur l'Immigration et l'Intégration, bras intellectuel du nouveau Ministère de l'Identité Nationale et de l'Immigration", qui a été inauguré cette semaine. Ce nouveau think tank, conçu manifestement comme un outil de contrôle la production des savoirs publics sur la question de l'étranger, est maintenant pris en ligne de mire par la création d'un Observatoire de l'institutionnalisation de la xénophobie ("observ.i.x"), qui est en train de constituer ses statuts et de mettre en marche son travail d'analyse critique. L'initiative est celle de sociologues, mais l'espace de travail est ouvert aux sciences sociales plus largement, et humaines selon une certaine mesure (c'est là éventuellement un point intéressant à observer également. La liste proposée comprend : "anthropologie, démographie, économie, géographie, histoire, linguistique, psychologie, philosophie, sciences administratives et juridiques, science politique, sciences de l'information et de la communication, sciences du religieux, sciences de l'éducation, sociologie"). Le but concret est de rassembler des chercheurs (en titre ou en actes), et de produire un rapport annuel croisant les approches et les apports. C'est à suivre.

Ce n'est qu'une des manifestations de la vive réaction des chercheurs et des acteurs du débat public depuis juin dernier. Le Réseau scientifique Terra s'est également mobilisé, par exemple. Ces mobilisations ont l'intérêt de donner à jeter une lumière bien crue sur les conditions actuelles du rapport entre sciences humaines et politique : sur l'articulation entre une politique de la recherche, et une politique de l'étranger, toutes deux également destructrices, et particulièrement agressives en combinaison.

Je reproduis ici le texte qui donne l'identité de l'Observatoire :

L'observatoire de l'institutionnalisation de la xénophobie est un collectif de recherches en sciences de l'humain et de la société créé face aux amalgames gouvernementaux de l'identité nationale et de l'immigration. Il vise à favoriser l'autonomie de la production intellectuelle, des savoirs scientifiques et de leur diffusion en ce qui concerne l'érosion des perceptions humanistes de l'altérité et la stigmatisation de l'étranger comme problème, risque ou menace dans le fonctionnement ordinaire d'autorités instituées (ministérielles, administratives, judiciaires, médiatiques, scientifiques, intellectuelles, scolaires, économiques, partisanes, associatives...). Il étudie également le développement des discours et des actes de ces autorités.

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