05 octobre 2007

Débat - et conflits éditoriaux

J'ai pensé que vous seriez curieux d'un débat actuellement en cours dans un autre lieu de travail collectif, autour de la revue Multitudes, elle-même appartenant à la galaxie qui se forme et se développe activement à cet automne autour des éditions Amsterdam.
La revue Multitude a un support papier classique - et d'ailleurs des hors-série sur l'art, sur laquelle je compte vous donner des informations dès que j'ai un moment, un site web (rénové ou encore en cours de rénovation : le travail a donc dû se frayer récemment de nouveaux modes éditoriaux, c'est intéressant à observer), mais aussi une liste de diffusion, "Multitudes-infos", qui vient d'être déstabilisée par l'établissement de nouveaux modes de publication. Plusieurs inscrits ont demandé à être retirés de la liste, etc. Débat, au sein d'un collectif de travail intellectuel, où l'art est une question critique pour la pensée du politique, et débat jusqu'aux ruptures, débat engageant jusqu'au plus concret des pensées du collectif collectifs : ce sont il me semble des ingrédients d'une situation révélatrice, petit éclairage local pour une histoire du présent intellectuel, tel qu'il est déterminé en particulier, dans un contexte de cyberculture et "société de la connaissance", par une nouvelle interrogation sur le rapport de public et de publication, sur la politique d'auteur et la propriété intellectuelle, sur l'activisme éditorial, etc.

Je joins, plié dans l'annexe "Comments" associée à ce message (cliquer sur l'heure de publication du message), un fragment de cette discussion sur les modes discursifs et éditoriaux.

Premières informations sur la liste Multitures-infos, également :
Pour envoyer un message : multitudes-infos@samizdat.net
Pour s'inscrire : <mailto:sympa@samizdat.net?subject=subscribe%20multitudes-infos>
Pour se désinscrire : <mailto:sympa@samizdat.net?subject=unsubscribe%20multitudes-infos>
Pour accéder aux archives, se mettre temporairement en "no mail", etc.:http://listes.samizdat.net/sympa/info/multitudes-infos
Administration de la liste : videcoq.emmanuel@neuf.fr,surel@free.fr
Site Web de la revue multitudes : http://multitudes.samizdat.net/

2 commentaires:

CJ a dit…

[multitudes-infos] Multitudes-infos liste privée ou media de communcation

> Cher Ami
>Dans le cadre de la modernisation du site (fin aout ) les quatre
>derniers messages de la liste sont actuellement automatiquement
>reproduits sur le site Multitudes. La liste a donc perdu son caractére
>exclusif de "correspondance privée " destinée aux 680 inscrits pour
>s'adresser a un public potentiellement beaucoup plus large : les 8000
>visiteurs quotidiens du site
> Du fait de ce changement d'echelle la liste a pris le caractére
>d'un media public engageant la responsabilité politique et editoriale
>de l'associetion Multitudes beaucoup plus fort que lorsqu'elle avait
>encore principalement le statut d'une "correpondance privée"
>
> La responsabilité morale , juridique, ( diffamation etc..) de
>l'association multiudes peut etre donc mise en cause a tout moment.
>En tant structure editrice du site elle est engagée par les propos
>tenus sur la liste par chacune des personnes en capacité d'emettre des
>messages
>
>
> Pour faire face a cette responsabilité nous avions le choix entre
>deux modes de régulation
>
>1° Modération a priori de tous les messages qui devraient avoir l'aval
>des responsables de la liste pour pouvoir etre diffusés
>2) Contrôle strict de toute nouvelle inscription qui perd ainsi tout
>caractére d'automaticité et qui doit donc etre eutorisée par les
>responsables de la liste pour devenir effective.
>
>Pour des raison tenant a la nature de Multitudes ( composition de
>singularités) c'est la seconde modalité de regulation qui a été choisie
>et mise en oeuvre de préférence a une modalité qui aurait pu etre
>comprise comme de la censure a priori
>
>Amicalement
> Emmanuel Videcoq


Quelles que soient les précautions, nous ne sommes pas à l'abri dans la nouvelle formule.
Tout propos peut être tenu pour trouble à l'ordre public, toute critique pour de la diffamation !
Plusieurs sites ont déjà payé très cher, dont souvent le prix de leur disparition.

D'autres, comme celui de la presse panafricaine, a frôlé la catastrophe.
Je me demande s'il n'aurait pas mieux valu conserver l'ancienne formule et faire un virement des textes supposés inattaquables sur le site.

Amitiés,

Michel

CJ a dit…

autre contribution à la polémique :

Donc si j'ai bien compris la liste est désormais plus large mais cet
élargissement suppose une censure à l'entrée des singularités.

Les débats pourront avoir lieu selon le critère ( assez flou au demeurant vu
les pratiques actuelles) ne pas avoir de procès en diffamation.

A/ ce principe de censure à l'entrée, ayant comme critère la compatibilité
avec le consensus de ce qu'il est acceptable de dire sans avoir un procès,
est un drôle de principe. C'est le contraire d'une avant-garde: une
extension censurée sans risque juridique.
B/ deux fantasmes se croisent : diffuser plus à tout prix, y compris au
prix d'écouter sa peur.
C/ Donc tout ce qui pourra se dire ne vaudra pas trop la peine d'être dit si
j'ai bien compris.
Mais sans doute je me trompe. Des millions de petites choses ajoutées montre
que le monde va dans le sens d'un élargissement des singularités et de leur
puissance active, joyeuse, affirmative, qui se répercute en des lieux
singuliers.

Hahahaha


Antonia Birnbaum "


Puis, citation, par le même intervenant :

Un passage tiré du monde diplomatique:


"L'époque est révolue où un chercheur aurait éprouvé quelque
réticence à servir ouvertement l'élite dirigeante en tant qu'expert,
conseiller, idéologue ou même carrément thuriféraire, sous peine de ne
plus pouvoir, aux yeux de ses pairs, prétendre à l'autonomie et à la
véritable excellence (...)
Exemple parmi tant d'autres, l'économiste Yann Moulier-Boutang
s'était distingué naguère dans la nébuleuse gauchiste en relayant en
France les thèses du philosophe italien Toni Negri sur l'"autonomie
ouvrière" à l'égard des syndicats et des partis de gauche "inféodés à
l'Etat bourgeois". Depuis lors, cet ancien foudre de "guerre de
classes" a pu arrondir ses fins de mois en jouant les experts auprès
d'institutions aussi internationalistes que L'OCDE, ou comme
intervenant à l'ENA dans un séminaire portant sur "Les mouvements
sociaux et le terrorisme". Pour couronner le tout, il a officié comme
consultant pour la commission de modernisation de la Confédération des
entreprises marocaines, intervenant à une journée dont le thème
constituait tout un programme d'émancipation sociale : "Management de
l'entreprise marocaine, réalités et défis."
Jean-Pierre Garnier, "Des chercheurs au
secours de l'ordre
établi"
Le Monde Diplomatique, octobre 2007.